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Décret ministériel : fermer les départements SHS ou "les convertir afin qu’ils correspondent aux besoins de la société"

jeudi 17 septembre 2015, par Chris

(En direct du Japon)

- A lire ci-dessous et sur SLATE.FR
- A lire ci-dessous et sur TIMES HIGHER EDUCATION


Sur le site Slate.fr, en date du 16.09.2015

Le gouvernement japonais demande aux universités de ne plus enseigner les sciences humaines.

En juin, le ministre japonais de l’Éducation, Hakubun Shimomura, a envoyé une lettre aux présidents des quatre-vingt six universités du pays pour leur demander de se débarasser des départements de sciences sociales et d’humanités « ou de les convertir afin qu’ils correspondent mieux aux besoins de la société ».

Sur les soixante universités japonaises qui proposent des cours en littérature et sciences humaines, dix-sept ont déjà annoncé qu’elles cesseraient d’accepter des étudiants dans ces disciplines, et en tout, vingt-six facultés ont confirmé qu’elles fermeraient ou réduiraient leurs départements, rapporte le Times of Higher Education.

La technique avant la théorie

Par contre, les universités de Tokyo et Kyoto, les plus prestigieuses du pays, ont déclaré qu’elles ne suivraient pas les recommendations du gouvernement.

Cette décision correspond au plan de croissance du Premier ministre Shinzo Abe, selon lequel le rôle des universités est de « produire des ressources humaines qui correspondent aux besoins de la société ».

Dans un discours de 2014 lors d’une réunion de l’OCDE , il avait dit : « Plutôt que d’approfondir les recherches universitaires hautement théoriques, nous encouragerons une éducation plus technique et professionnelle qui anticipe mieux les besoins de la société. »

Une politique digne d’un État totalitaire ?

Dans un éditorial pour le Japan Times, le président de Shiga University, Takamitsu Sawa, se plaignait qu’un membre du ministère de l’Éducation avait suggéré qu’en dehors de huit universités d’élite, les étudiants devraient apprendre à utiliser des logiciels de comptabilité plutôt que les textes de l’économiste Paul Samuelson, et la traduction anglais-japonais plutôt que Shakespeare.

Il rappelle que ce mépris pour les sciences humaines n’est pas nouveau au Japon : en 1960, le ministre de l’Éducation déclarait déjà que les universités devraient se concentrer uniquement sur l’enseignement des sciences naturelles et de l’ingénierie. Mais pour Takamitsu Sawa, cette attitude est dangereuse :

« Le fondement des sociétés démocratiques et libérales est l’esprit critique, qui se nourrit de la connaissance des humanités. Sans exception, les États totalitaires rejettent l’enseignement des humanités, et les États qui rejettent cet enseignement deviennent toujours totalitaires. »



Sur le site du Times Higher Education, en date du 14.09.2015

Social sciences and humanities faculties to close in Japan after ministerial decree.

Seventeen universities are to close liberal arts and social science courses.

Many social sciences and humanities faculties in Japan are to close after universities were ordered to “serve areas that better meet society’s needs”.

Of the 60 national universities that offer courses in these disciplines, 26 have confirmed that they will either close or scale back their relevant faculties at the behest of Japan’s government.

It follows a letter from education minister Hakuban Shimomura sent to all of Japan’s 86 national universities, which called on them to take “active steps to abolish [social science and humanities] organisations or to convert them to serve areas that better meet society’s needs”.

The ministerial decree has been denounced by one university president as “anti-intellectual”, while the universities of Tokyo and Kyoto, regarded as the country’s most prestigious, have said that they will not comply with the request.

However, 17 national universities will stop recruiting students to humanities and social science courses – including law and economics, according to a survey of university presidents by The Yomiuri Shimbun newspaper, which was reported by the blog Social Science Space.

It reports that the Science Council of Japan put out a statement late last month that expressed its “profound concern over the potentially grave impact that such an administrative directive implies for the future of the HSS [humanities and social sciences] in Japan”.

The call to close the liberal arts and social science faculties are believed to be part of wider efforts by prime minister Shinzo Abe to promote what he has called “more practical vocational education that better anticipates the needs of society”.

However, it is likely to be connected with ongoing financial pressures on Japanese universities, linked to a low birth rate and falling numbers of students, which have led to many institutions running at less than 50 per cent of capacity.

jack.grove@tesglobal.com