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Parité à l’université ? - Invités de Mediapart, 20 juin 2013
jeudi 20 juin 2013, par
(En complément ci-dessous, quelques morceaux choisis sur la parité vue du Sénat.)
A l’occasion de la Deuxième journée Parité en mathématiques, lundi 24 juin prochain, qu’elle co-organise, Barbara Schapira, mathématicienne, maîtresse de conférences à l’Université Picardie Jules Verne à Amiens, rappelle que « dans toutes les disciplines, même les plus féminisées, la proportion de femmes s’effondre à mesure qu’on monte en hiérarchie ».
Dans les universités françaises, parmi les enseignants-chercheurs, on compte moins de 40 % de femmes. Plus on monte dans la hiérarchie, plus leur proportion diminue. Parmi les maîtres de conférences, il y a un peu plus de 40 % de femmes, et parmi les professeurs des universités, au plus haut de l’échelle, à peine 20 %. Dans toutes les disciplines, même les plus féminisées, la proportion de femmes s’effondre à mesure qu’on monte en hiérarchie [1].
Les mathématiques sont la discipline la moins féminisée : moins de 30 % de femmes chez les maitres de conférences, à peine plus de 10 % parmi les professeurs des universités. En mathématiques dites « fondamentales » (section 25 du Conseil national des universités), seulement une trentaine de femmes sont professeures des universités. Plusieurs dizaines ont pris leur retraite ces dernières années, et l’hémorragie va continuer. Ainsi, c’est la seule discipline dans laquelle la proportion de femmes régresse depuis 25 ans.
Ce « plafond de verre » rencontré par les femmes à l’université remonte loin dans l’éducation des jeunes filles et des jeunes garçons. Par exemple, une étude du centre Hubertine-Auclert a pu mettre en lumière tous les stéréotypes sexués contenus dans les manuels scolaires de mathématiques [2]. Les filles représentent quasiment la moitié des élèves en terminale scientifique. Pourtant, leur part en classes préparatoires aux grandes écoles ou en doctorat universitaire atteint péniblement un tiers. Aux écoles normales supérieures, berceau de l’excellence mathématique française, elles sont en voie de disparition ces dernières années.
Les mécanismes à l’œuvre pour détourner les jeunes filles des sciences, des mathématiques plus particulièrement, et des filières et carrières les plus ambitieuses, sont nombreux et pour certains complexes à analyser. Mais les stéréotypes et préjugés dont nous sommes pétris, l’absence de femmes modèles dans les professions prétendument masculines, l’image des femmes dans les médias et dans nos têtes (séductrices ou/et mères de famille) sont très lourds à dépasser pour les jeunes élèves. D’ailleurs, ces mêmes mécanismes empêchent également les jeunes garçons de se tourner vers des secteurs dits (à tort) féminins.
Les journées sur la parité en mathématiques ont pour objectif de réfléchir à ces questions et de proposer des initiatives concrètes. La première journée, en 2011, était consacrée aux carrières des mathématiciennes dans l’enseignement supérieur et la recherche. La deuxième édition se déroulera le 24 juin prochain [3]. Elle sera axée sur l’enseignement en mathématiques et les stéréotypes de genre dans cet enseignement. Son but est d’essayer de dresser un tableau de l’évolution de l’enseignement en mathématiques, de la situation actuelle, de comprendre le faible taux de femmes dans nos métiers et l’influence des stéréotypes et, dans la mesure du possible, de proposer des solutions concrètes.
Des pistes existent déjà comme la féminisation des modèles dans les manuels scolaires, un effort collectif sur la présentation de certaines filières et métiers [4], l’obligation de réserver la moitié des places aux jeunes filles dans chaque internat public dans les filières scientifiques [5], la formation des enseignant-e-s actuel-le-s et futur-es, de la maternelle à l’université, sur ces stéréotypes de genre et les façons de les déjouer, le changement de l’image des sciences et des scientifiques dans les médias et chez les professionnel-le-s de l’orientation, …
Le succès des deux premières éditions de la journée parité en mathématique, avec plus d’une centaine d’inscrits à chaque fois, témoigne de l’intérêt grandissant pour ces questions, et de l’urgence à les traiter. Les nombreux-ses participant-e-s déjà inscrit-e-s à cette deuxième édition, universitaires, enseignant-e-s de classe prépa, de lycée, d’IUFM, pourront en débattre et proposer des pistes nouvelles, pour faire reculer ces stéréotypes.
Pendant ce temps-là, les beaufs se déchaînent au Sénat…
Enseignement supérieur et recherche
Suite de la discussion en procédure accélérée d’un projet de loi dans le texte de la commission
M. le président. [6] Nous reprenons la discussion du projet de loi, adopté par l’Assemblée nationale après engagement de la procédure accélérée, relatif à l’enseignement supérieur et à la recherche.
Dans la suite de la discussion générale, la parole est à M. Philippe Adnot, premier orateur masculin inscrit ! (Sourires.)
M. Philippe Adnot. Tout à fait, monsieur le président, à tel point que j’ai craint un instant que l’enseignement supérieur ne soit désormais aux mains des femmes ! (Exclamations amusées sur les travées du groupe socialiste. - Sourires au banc des commissions.)
Mme Maryvonne Blondin. Vous êtes bien le premier !
M. Philippe Adnot. Réjouissons-nous de votre conversion à une parité qui ne soit pas systématiquement… paritaire ! (Exclamations ironiques sur les travées du groupe CRC, du groupe socialiste et du groupe écologiste, ainsi qu’au banc des commissions. – Applaudissements sur certaines travées de l’UMP.)
Mme Éliane Assassi. Ce n’est pas cela, la parité. La parité c’est moitié-moitié !
M. Philippe Adnot. Madame la ministre, je connais votre parcours et celui des personnes qui vous entourent. Il mérite le respect et la sympathie....
[1] Les chiffres-clés de la parité en mathématiques dans l’enseignement supérieur et la recherche, Images des Mathématiques, CNRS, 2011
[2] Les représentations sexuées dans les manuels de mathématiques de Terminale, Collection Hubertine en actes, ISSN : 2116-1631, Centre Hubertine Auclert, Novembre 2012.
[3] Deuxième Journée Parité en Mathématiques, Institut Henri-Poincaré, Paris, 24 juin 2013.
[4] La page d’information sur les classes préparatoires au lycée Henri IV semble bien montrer que seuls les garçons sont concernés. En revanche, le site internet de l’ordre des sage-femmes s’adresse aux filles.
[5] De nombreux internats de CPGE offrent encore beaucoup moins voire pas de places aux jeunes filles
[6] JP Raffarin, si, si… le vrai