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L’université, le Covid et les salopards - Blog Affordance info, 24 mars 2021

jeudi 25 mars 2021, par Mariannick

À lire ici.

La crise a coûté cher. C’est en tout cas ce que certains essaient dès maintenant de nous expliquer lors même que nous serions en capacité de démontrer qu’à l’instar de l’épargne de (certain.e.s) français.e.s, il est des secteurs où la crise a aussi permis de faire des économies.

De quoi suis-je en train de parler ? Je vous explique.

Le prêtre et (nonobstant) président de l’université de Strasbourg, Michel Deneken, nouvellement réélu, vient de déclarer :

"Les années qui s’annoncent auront des conséquences en termes de coûts, de ressources humaines, de pédagogie. Nous ne pourrons revenir en présentiel à 100 %, ni à la rentrée prochaine ni dans un an."

J’en suis tombé sur le cul. Littéralement. Parce que de deux choses l’une. Soit Michel Deneken est voyant en plus d’être prêtre et il est au courant que dans 2 ans l’épidémie sera toujours présente en nous contraignant à maintenir du distanciel, soit il est juste prêtre et libéral et considère que la marge économique doit passe avant l’intérêt des étudiants et la qualité de l’enseignement et que donc on s’en cogne de la situation sanitaire et épidémique et qu’on maintiendra du distanciel de toute façon parce que c’est moins cher.

Je vous mets le passage intégral de la dépêche AEF.

Quand on voit au quotidien à quel point ces deux années universitaires de confinement et de distanciel ont abîmé nos étudiant.e.s, il faut vraiment être un sacré putain de salopard pour oser affirmer que dans deux ans (!!) on ne reviendra toujours pas en présentiel à 100%, y compris quand cette crise sera passée, et ce parce que cette crise a coûté trop cher ...

Qu’en plus de cela il s’agisse de la toute première déclaration à la presse (spécialisée) d’un président nouvellement réélu en dit long sur le cynisme du personnage.

Depuis deux années universitaires bien saccagées sur tous les plans (enseignement, socialisation, emploi, insertion), toute une génération s’accroche avec une détermination et une abnégation fantastique et qui force l’admiration, toute une partie de cette même génération s’effondre aussi ou s’enfonce dans une résignation mortifère, mais en tout cas toute une génération cherche à distinguer un horizon qu’on leur fait à chaque fois reculer, faute de vaccins en nombre nécessaire. Toute une génération depuis deux années universitaires (ou une année de Bac et une d’université) n’attend qu’une seule et unique chose : pouvoir reprendre les cours en présentiel. Et là c’est un président d’université, et pas de l’une des moindres, qui leur annonce que de toute façon c’est mort. Que c’est mort pour la rentrée prochaine (Septembre 2021) et même pour la suivante (Septembre 2022), autant dire que c’est définitivement mort. Qu’il n’y aura jamais de reprise à 100% en présentiel.

"Les années qui s’annoncent auront des conséquences en termes de coûts, de ressources humaines, de pédagogie. Nous ne pourrons revenir en présentiel à 100 %, ni à la rentrée prochaine ni dans un an."

Il faut vraiment être un sacré putain de salopard pour oser affirmer cela maintenant.

Mais Michel Deneken n’est pas simplement un prêtre et un président, c’est aussi un éclaireur. Qui ouvre à la fois une voie et une brèche. Car bien sûr le projet du ministère est très exactement celui-là : se servir de cette crise comme d’un alibi pour continuer d’assécher le financement public des universités (cf le graphique ci-dessous publié par l’économiste Thomas Piketty), et pour déployer un modèle bien plus érectile pour la macronie et ses sbires, modèle que l’on appelle pudiquement "hybride" pour ne pas le nommer pour ce qu’il est : une privatisation ou à tout le moins une fracture. L’université freemium. A la carte. Tu veux des cours en présentiel ? Tu paieras plus cher. Ou tu iras ailleurs. C’est très exactement cela qui est en train de se jouer aujourd’hui avec la déclaration de Michel Deneken.

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