Position des Directeurs des Laboratoires de l’Université Blaise Pascal (Clermont-Ferrand) vis-à-vis des réformes en cours

Position des Directeurs des Laboratoires de l’UBP vis-à-vis des réformes en cours

Les Directeurs de laboratoire de L’Université Blaise Pascal sont très inquiets des réformes et projets de réforme qui affectent actuellement l’Enseignement Supérieur et la Recherche. Ils ont, par ailleurs, été profondément choqués par le discours du Président de la République du 22 Janvier. Ils réagissent en leur nom propre mais aussi au nom de tous les personnels dont ils ont la charge et qui contribuent, malgré ce qui a été dit lors de ce discours, à la qualité de la recherche.

Rappelons, contrairement aux allégations présidentielles, que, dans le classement 2007 de l’OCDE, la France est classée en 6e position pour le nombre de publications mais seulement 16e pour le taux de financement de la recherche par habitant … En outre, le CNRS est au premier rang européen des organismes de recherche et au quatrième rang mondial, avec une structure et un fonctionnement qui le rendent parfaitement visible au plan international.

L’objectif général de ce courrier est d’afficher notre attachement au fait que nos activités d’enseignement et de recherche soient maintenues dans la perspective d’un service public et donc que soient conservés nos liens avec la nation et les outils de régulation qui en découlent. Or, l’ensemble des réformes actuellement en cours conduit à un désengagement sans précédent de l’Etat et à une mise en concurrence entre les différents établissements qui ne peuvent être que gravement préjudiciables pour l’ensemble de notre société. Le risque est particulièrement grand pour les universités de taille petite ou moyenne.

Nous demandons l’arrêt du démantèlement du CNRS, le maintien de sa vocation largement pluridisciplinaire au travers d’une continuité thématique et de son double rôle d’opérateur et d’agence de moyens. Rappelons que le CNRS a eu, historiquement, un rôle fortement structurant au niveau de la recherche française et a su impulser une vraie politique scientifique, en partenariat avec les universités. Au travers de sa politique d’association avec les universités, il a été également partie prenante d’une vraie politique d’aménagement du territoire.

Par ailleurs, nous souhaitons dénoncer les dangers que peuvent induire les « excès de localisme » susceptibles de dériver d’une certaine vision de l’autonomie des universités. Ramener systématiquement tous les points sensibles de la vie des universitaires (moyens affectés, charge d’enseignement, primes, avancements…) d’un niveau national à un niveau local transformera certaines universités en lieux où primeront les enjeux de pouvoir. Il est essentiel de garder la régulation de ces points au niveau national.

Enfin, quels que soient les dispositifs adoptés, il est clair que la diminution des moyens n’augmentera en aucun cas la qualité de la recherche française. A ce titre nous sommes très préoccupés par les 900 suppressions d’emplois (dont 6 à L’UBP) et demandons le rétablissement de ces postes. Rappelons que la recherche est une activité qui s’inscrit dans le moyen et le long terme, et qu’à ce titre il est indispensable de l’asseoir sur un socle de personnes ayant un statut stable. C’est pourquoi nous demandons un renforcement des moyens, en particulier des postes permanents.

En conclusion, l’accumulation de réformes dogmatiques, non concertées et précipitées, ne peut que conduire à l’affaiblissement de la qualité de la recherche et de l’enseignement supérieur.

Toutes ces réformes ne sont pas du tout adaptées aux défis actuels de la recherche et de l’enseignement supérieur et ne peuvent donc être considérées comme acceptables en l’état. Elles doivent absolument être repensées dans le cadre d’une concertation beaucoup plus large, en tenant compte de nos spécificités nationales et de façon à offrir une perspective beaucoup plus nette des fins poursuivies.

Collectif des Directeurs signataires

Alain Baldit,
Laboratoire de Physique Corpusculaire, UMR 6533 CNRS-UBP.

Anne-Marie Delort,
Laboratoire Synthèse et Etudes de Systèmes à Intérêt Biologique, UMR 6504 CNRS-UBP.

Rachid Mahiou,
Laboratoire des Matériaux Inorganiques, UMR 6002 CNRS-UBP.

Alain Quilliot,
Laboratoire d’Informatique, de Modélisation et d’Optimisation des Systèmes, UMR 6158 CNRS-UBP.

Christian Amblard,
Laboratoire Microorganismes : Génome et Environnement, UMR 6023 CNRS-UBP.

Philippe Bourdin,
Centre d’Histoire « Espaces et Cultures ».

Jean-Luc Peiry
Laboratoire de géographie physique et environnemental, UMR 6042 CNRS-UNP

Emmanuel Cattin,
Centre Philosophies et Rationalités (PHIER)

Laurent Jaffro,
Maison des sciences de l’homme de Clermont-Fd, UMS 3108 CNRS-UBP

Markus Brauer
Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive, UMR 6024 CNRS-UBP

Prof. Daniel Courteix
Laboratoire Interuniversitaire de Biologie de l’Activité Physique et
Sportive EA 3533

Luc Ria
Laboratoire PAEDI (EA) - IUFM d’Auvergne

Youcef Amirat,
Laboratoire de Mathématiques, UMR 6620 CNRS - UBP.

Maguy Pothier
Laboratoire de Recherche sur le Langage, EA 999

Claire Richard
Laboratoire de Photochimie Moléculaire et Macromoléculaire,
UMR 6505 CNRS-UBP

Gilles Dussap
Laboratoire de Génie Chimique et Biochimique

Wolfram Wobrock
Laboratoire de Météorologie physique, UMR 6016 CNRS – UBP

Pierre Schiano
Laboratoire Magmas et Volcans
OPGC - Université Blaise Pascal - CNRS - IRD

Pascale Auraix-Jonchière,
Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique : CELIS (EA 1002).

Michel Dhome
LASMEA, UMR 6602 CNRS/UBP

Martine Spensky
Maison de la recherche, EHIC

Dominique Descotes
CERHAC

Henri Buscail
LVEEM EA 3864

Joël Drevet
GReD
UMR 6247 CNRS-UBP

Agilio Padua
Laboratoire Thermodynamique et Interactions Moléculaires
Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand & CNRS

Yves Troin
Laboratoire Des Hétérocycles et de s Glucides, UBP