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Démissions en bloc des chercheurs marseillais ! (L’Humanité, 13 mars 2009)

dimanche 15 mars 2009

En signe de protestation, les enseignants-chercheurs de l’université de Provence renoncent à assurer leurs fonctions administratives.

Cette fois, on ne parle plus de grève, mais de démission. Une centaine d’enseignants-chercheurs de l’université de Provence (Aix-Marseille-I) ont décidé de démissionner de leurs fonctions administratives pour « protester contre la politique et l’attitude du gouvernement ». Hier matin, ils ont remis chacun leur lettre au président de l’université, Jean-Paul Caverni. Avant de faire de même, dans l’après-midi, au rectorat d’Aix-en-Provence.

L’université de Provence, particulièrement mobilisée dans le conflit avec le gouvernement, est ainsi l’un des premiers établissements à répondre de manière aussi massive à l’appel lancé par la Coordination nationale des universités (CNU). La motion, adoptée le 20 février, devait prendre effet à partir du 5 mars « si les exigences n’étaient pas satisfaites à cette date ». Le 6 mars, les personnels de l’UFR langues de l’université de Nantes étaient, eux aussi, passés à l’acte.

L’acte n’est pas anodin. En plus de leurs missions de formation et de recherche, les enseignants-chercheurs assurent de nombreuses fonctions administratives : directeur de département, directeur d’études, directeur d’une équipe de recherche ou encore responsable pédagogique. Et le fait de ne plus les exécuter peut avoir des conséquences potentiellement importantes sur le bon fonctionnement des établissements. « L’engagement de dépenses, par exemple, nécessite la signature du responsable administratif, relève Mathieu Brunet, maître de conférences en lettres modernes à l’université de Provence. Si celui-ci démissionne, il n’y a plus de signature et donc plus de versement. » L’action devrait affecter notamment le suivi des contrats avec la région, les entreprises, les relations avec les fournisseurs, la validation des diplômes. « Ces démissions paralysent le fonctionnement financier et budgétaire de l’établissement mais aussi l’ensemble du fonctionnement administratif, ajoute Mathieu Brunet. On va vers un blocage complet. » Même si cet enseignant-chercheur assure que « les effets les plus dramatiques » seront évités.

Depuis plusieurs semaines, la plupart des universités menaient déjà des grèves administratives. « Ces démissions, c’est un pas supplémentaire dans la protestation contre la politique et l’attitude du gouvernement qui continue à ne pas entendre nos revendications, explique Jean-Louis Fournel, président de Sauvons l’université. Les démissionnaires de l’université de Provence expliquent leur geste par « l’absence d’avancées significatives et de réelles négociations » sur la réforme du statut des enseignants-chercheurs, sur la formation des maîtres, sur les suppressions de postes et sur l’avenir des organismes publics de recherche.

Laurent Mouloud


Voir en ligne : http://www.humanite.fr/2009-03-13_S...