Accueil > Revue de presse > Facs : de 12 à 40% de réussite ! - Véronique Radier, Le Nouvel Observateur, 14 (...)

Facs : de 12 à 40% de réussite ! - Véronique Radier, Le Nouvel Observateur, 14 avril 2010

jeudi 15 avril 2010

En catimini, le ministère dévoile le score de chaque université pour la réussite en licence. Du simple au triple. > Analyse dans le Nouvel Observateur de cette semaine.

Connaissez-vous le Centre Universitaire Jean-François Champollion Nord Est Midi Pyrénées ? Ignorée des classements internationaux, cette modeste université implantée à Albi vient pourtant d’être sacrée meilleure fac de France pour la réussite des étudiants ! Seulement, il faut se lever de bonne heure pour le découvrir…. Pousser jusqu’à la dernière page d’une austère publication ministérielle, truffées de chiffres et tableaux – "Personne ne les lit vraiment !" avoue une chargée de recherche dans un cabinet- La note d’information n° 09.23 recèle pourtant un véritable scoop : le taux de réussite en licence dans chacune des 80 facs françaises. "Le ministère dispose de longue date des outils nécessaires pour publier ces informations, mais c’est la première fois depuis plus de dix ans qu’il se décide à le faire !", assure le sociologue Pierre Dubois. Sans doute, Valérie Pécresse, la ministre, accusée de pousser à la concurrence entre les facs, ne souhaite guère de battage autour de cette première étape vers un classement.

Or le résultat est édifiant. On découvre avec étonnement que les performances vont du simple au triple. Ainsi, Paris 6, la prestigieuse université Pierre et Marie Curie, l’une des rares Françaises à briller un peu au firmament de Shangaï n’affiche que 12,5% de reçus en licence en trois ans ! Contre 40 % à Poitiers ou Lyon 2. Ce gros campus scientifique objecte que, comme une large part de ses étudiants, se réorientent, à bac + 2, notamment vers les concours des grandes écoles, ils ne se présenteraient pas à l’examen, mais tout de même ! C’est vrai, ces chiffres portent sur l’ensemble des inscrits en première année à la rentrée 2004/2005. Mais même si l’on s’en tient aux étudiants de troisième année, les écarts vont quasiment du simple au double : 93% de reçus à licence pour Tours contre 57% seulement à Paris 8. Si les diplômes sont bien nationaux, les universités sont elles loin d’offrir l’égalité des chances de réussite !

Plus intéressant encore, le ministère a calculé la "valeur ajoutée" des établissements comme il le fait depuis plusieurs années pour les lycées. Autrement dit, l’écart entre les résultats attendus au vu du public accueilli par chacune (série du bac, origine sociale, âge etc.) et ceux effectivement obtenus. Là encore, toutes choses égales par ailleurs pourrait-on dire, les parisiennes sont dans les choux. Elles affichent d’énormes "malus" - 17 à -20 points notamment toujours pour Paris 6, selon que l’on prend à partir de la première ou troisième année. Et la palme du "bonus" revenant donc au CUFR Nord Est Midi Pyrénées 13,4 points. On objectera que les étudiants des grandes métropoles sont plus enclins au zapping, ayant un large choix de formations, que ceux des régions plus enclavées, mais, est-ce suffisant pour expliquer de tels écarts ?

Plus largement, le score national fait froid dans le dos : 28% seulement des étudiants décrochent leur diplôme en trois ans. "Il prend en compte tous ceux qui font une inscription à l’université, même s’ils n’y mettent jamais les pieds", relativise-t-on au département statistique du ministère. Ce service préfère mettre en avant une autre étude où la réussite est évaluée à 39%, en interrogeant les étudiants au mois de mars, donc après le premier semestre où se concentre une forte proportion des abandons. La réalité se situe donc sans doute entre les deux. Depuis, Valérie Pécresse a bien lancé un plan "Réussite en licence". Mais on ignore son efficacité. A ce jour, seule l’UNEF en a livré une première évaluation, plutôt négative.

Pour lire la suite :


Voir en ligne : http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...