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Stress - Ph. Watrelot, Blog Chronique éducation, 28 novembre 2011

jeudi 1er décembre 2011

A propos de l’évolution du métier d’enseignants, la lecture de l’Expresso du Café Pédagogique de ce lundi 28 novembre risque de susciter des commentaires chez les syndicalistes et leurs interlocuteurs. Le site d’informations pédagogiques consacre un long article au rapport La qualité de vie au travail dans les lycées et collèges rédigé par José Mario Horenstein, psychiatre MGEN et Georges Fotinos, ancien chargé de mission d’Inspection général. Ce dernier donne d’ailleurs une interview au Café qui complète la lecture de cette enquête menée auprès de 400 lycées et collèges et plus de 2000 personnels de l’éducation nationale.

Que dit le rapport [1] ? Dans un établissement sur quatre, le climat scolaire est jugé “mauvais”. Les enseignants se plaignent aussi de n’être ni considérés , ni suffisamment formés. Ainsi moins de la moitié des enseignants (42%) estiment que leur opinion compte dans leur établissement. La moitié (49%) se déclarent mal formés pour le métier actuel. La moitié aussi considère que les conditions matérielles les empêchent de bien travailler. Ce serait en lycée que les enseignants souffriraient le plus. Dans son interview, Georges Fotinos précise son analyse. Selon lui, “on demande trop aux enseignants. Ils sont certains de ne jamais atteindre les objectifs des programmes dans certains endroits. On leur impose des horaires impossibles également. Par exemple changer de classe 6 ou 7 fois par jour, chaque heure, avec à chaque fois l’obligation de remotiver les élèves. C’est épuisant même quand tout va bien avec les élèves ! Les enseignants sont souvent victimes d’un conflit de valeurs. Ils sont souvent en désaccord avec ce que leur institution leur demande de faire. On peut parler d’intensification du travail, d’absence de reconnaissance, de montée des contrôles, d’hétérogénéité des classes. C’est l’accumulation de ces éléments qui font que le stress s’installe et que 28% des enseignants veulent quitter l’enseignement. ”
Et les deux auteurs du rapport ne se contentent pas de faire un constat mais font pas moins de 23 propositions. Ils demandent que soit instaurée "dans tous les projets d’établissements un axe concernant la qualité de vie au travail des personnels". Car, dit Georges Fotinos, “Le bien être est une dimension indispensable au bon fonctionnement d’un établissement.” Les auteurs souhaitent aussi voir se développer "systématiquement des espaces de repos et des lieux de travail personnel et de loisirs collectifs de type bureau d’enseignement, cafétéria, salle de sports, salon des personnels". Il s’agit de développer aussi le sentiment d’appartenance à l’établissement. Mais leurs propositions touchent aussi la pédagogie. Ils préconisent notamment une refonte des emplois du temps. " Reconnaître le lien causal entre la succession fréquente des temps d’enseignement, la pédagogie pratiquée et la fatigue et le stress des acteurs et usagers. Interdire les journées de travail de plus de 6 heures de cours". Pour eux il faut "renoncer au modèle de l’emploi du temps conçu sur la séquence horaire d’enseignement pour la mise en place d’un « Emploi du temps mobile »". Ils vont même plus loin encore en préconisant pour lutter contre l’ennui des enseignants, l’instauration d’une "bivalence disciplinaire privilégiant l’association d’une discipline fortement cognitive à une discipline sportive et/ou de sensibilité artistique". Ils veulent aussi "la mobilité professionnelle interne (inter catégorielle) externe (entreprises privées et publiques) à partir du développement de la VAE". Ils souhaitent "faciliter et permettre aux 28 % de personnels qui pensent souvent quitter leur travail une réorientation professionnelle".
Avec une affirmation forte qui parcourt tout ce rapport : il y a un lien direct entre la qualité de vie au travail des enseignants (et des élèves ?) et la qualité des enseignements. Une autre forme de contrepartie ?


[1[Lire l’étude de G Fotinos et José Mario Horenstein sur le site de Ph. Watrelot ou du Café pédagogique