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Valérie Pécresse, “mère fouettard” des présidents d’université parisienne, Philippe Jacqué, Le Monde.fr

jeudi 7 avril 2011

06 avril 2011

Dire que l’atmosphère était tendue et lourde ce mercredi 6 avril midi au ministère de l’enseignement supérieur relève de l’euphémisme… Alors que Valérie Pécresse réunissait les présidents et les représentants des universités de Paris intra-muros pour des nouvelles plutôt bonnes au sujet du plan campus, chacun a eu le droit à sa petite leçon…

Deux ans après le lancement de ce plan de rénovation et de création des campus, Paris, doté de 700 millions d’euros de capital, connaît enfin la répartition des enveloppes. Dans le détail, le regroupement Paris Cité obtient 200 millions d’euros (ça c’était connu depuis février 2010), Paris Sorbonne 130 millions, Hésam 100 millions, Paris-Sciences et Lettres 70 millions et la vie universitaire parisienne 200 millions (à répartir entre le Crous et la Cité universitaire). Pour le détail des projets immobiliers financés, se reporter au site du ministère.

Au-delà des annonces que tous les présidents d’université présents connaissaient déjà, le spectacle était dans l’attitude des protagonistes. Valérie Pécresse avait revêtu son costume de mère fouettard. Ainsi, alors que Jean-François Girard, le président de Paris Cité, présentait ses projets sur powerpoint, la ministre l’a arrêté à la vue d’une somme reportée sur l’un des posters. M. Girard incluait, à côté des 200 millions d’euros prévus pour financer ses projets, 17,5 millions d’euros issus des coffres du conseil régional d’Ile-de-France.

Le retour des éléphants

“Je vous rappelle, l’a-t-elle coupé devant des présidents médusés, que vous ne pouvez pas prendre cette somme en compte. Nous sommes en train de négocier pour que le conseil régional finance, en plus du contrat Etat-région, beaucoup plus le plan campus. Dans ce projet précis, il faudrait que la région mette au moins 50 millions d’euros. Dans toutes les régions françaises, le conseil régional met de 50 centimes à 1 euro quand l’Etat met un euro”. Plus tard, la ministre ajoutera que la région devrait en tout mettre 500 millions d’euros sur le seul plan campus parisien…“Je ne fais pas de politique quand je suis ministre, je veux juste que l’Ile-de-France fasse comme les autres régions”, assure Mme Pécresse, par ailleurs chef de fil UMP dans cette collectivité.

Le plus ironique dans ce nouvel appel du pied à la région, c’est que Jean-Paul Huchon, le président PS de la région, était exactement au même moment dans le bureau du préfet d’Ile-de-France pour négocier sur une autre question épineuse : le financement de la bibliothèque de Condorcet qui a déjà donné lieu à une polémique entre Mme Pécresse et la région. “Quand j’ai appris ce qui s’est passé, nous faisions une nouvelle proposition afin de financer la bibliothèque et d’assurer les coûts de maintenance de ce site”, explique Isabelle This-Saint-Jean, en charge du supérieur à la région. Bref, comme le glissait un observateur de cette scène : “quand deux éléphants s’affrontent, c’est l’herbe qui est écrasée. Dans notre cas, j’ai l’impression d’être de l’herbe.”

Sorbonne pour tous

Mais les flingues n’étaient pas pour autant rangés. Quelques minutes plus tard, après la présentation de Louis Vogel, président de Paris-II, des projets immobiliers de Sorbonne universités, la ministre a rappelé sèchement à l’intéressé, devant un Jean-Claude Colliard, président de Paris-I Panthéon-Sorbonne, aux anges, que “le mot “Sorbonne” n’est pas une marque déposée et que tous les regroupements parisiens peuvent prendre ce nom…”

Malgré la tension palpable, les universités parisiennes peuvent voir la vie un peu plus en rose pour les prochaines années. Non seulement un certain nombre de financements vont enfin être débloqués, mais deux gros dossiers semblent sortir de l’ornière. La ville de Paris et l’Etat ont trouvé un accord qui permettra à la Cité universitaire international de Paris de construire quelque 1200 nouveaux logements étudiants. De même, l’université Paris-III devrait pouvoir signer une convention avec le Museum d’histoire naturelle pour installer une partie de son campus sur l’ilôt Poliveau, à proximité du Museum. Ce dernier obtenant la restauration de ses laboratoires… “L’opération campus à Paris a été un peu longue à se mettre en place”, assure Valérie Pécresse tout sourire, mais nous sommes désormais prêts à faire de Paris “une capitale universitaire du XXIe siècle”.

Philippe Jacqué