Accueil > Revue de presse > Agir en fonctionnaire de l’Etat : Une épreuve pour libérer ou pour soumettre (...)

Agir en fonctionnaire de l’Etat : Une épreuve pour libérer ou pour soumettre les futurs profs ? François Jarraud, "Le café pédagogique", 29 mars 2011

mardi 29 mars 2011

La publication du livre de Jean-Louis Auduc Agir en fonctionnaire de l’Etat, Capes Agrégation (Hachette 2011) est l’occasion d’interroger l’épreuve la plus contestée des nouveaux concours. Instituée à l’occasion de la réforme de la formation des enseignants, l’épreuve "Agir en fonctionnaire de l’Etat et de façon éthique et responsable" est présente dans tous les concours d’enseignement. Pour autant elle est vivement critiquée à la fois parce que "non scientifique" pour des masters disciplinaires et parce que perçue comme formaliste. Directeur adjoint d’IUFM, Jean-Louis Auduc décrypte les attentes de l’institution et nous guide dans un apprentissage qu’il perçoit comme libérateur.
Le cahier des charges de la formation des maîtres la définit à la fois en termes de capacités, d’attitudes et de compétences. Par exemple, l’enseignant doit connaître "les valeurs de la République et les textes qui les fondent : liberté, égalité, fraternité ; laïcité" touc omme "le système éducatif, ses acteurs et les dispositifs spécifiques". Il doit être capable "de repérer les signes traduisant des difficultés spécifiques des élèves dans le domaine de la santé, des comportements à risques, de la grande pauvreté ou de la maltraitance ; de contribuer, en coopérant avec des partenaires internes ou externes à l’institution, à la résolution des difficultés spécifiques des élèves ; de se faire respecter et d’utiliser la sanction avec discernement et dans le respect du droit". Au niveau des attitudes, cela le conduit à "respecter dans sa pratique quotidienne les règles de déontologie liées à l’exercice du métier de professeur dans le cadre du service public d’éducation nationale ; à respecter les élèves et leurs parents".

Pour Jean-Louis Auduc, bien loin d’enfermer le futur enseignant dans des postures ou une morale étriquée, l’épreuve est l’occasion d’exercer sa liberté. "S’il ne veut pas être manipulé par les « buzz » médiatiques, l’enseignant doit connaître ce que sont les principes qui régissent le service public d’éducation où il va exercer et qui doivent lui permettre d’éclairer les décisions qu’il prendra lorsqu’un cas précis se posera".

En 300 pages son ouvrage propose une préparation ordonnée et progressive aux différentes questions de l’épreuve : la connaissance du système éducatif français en 62 fiches suivies de 12 questions de concours précises où ces connaissances peuvent être mise sen action.

Mais écoutons Jean-Louis Auduc.

L’épreuve "agir en fonctionnaire de l’état" a mauvaise presse. Pourtant il se trouve que de nombreux corps professionnels ont des codes éthiques. Le corps enseignant n’en a pas. Pensez vous que cette épreuve puisse y remédier et qu’un tel code soit nécessaire ?

L’épreuve orale « Agir en fonctionnaire de l’Etat et de façon éthique et responsable » a, dans un contexte marqué par le démantèlement des IUFM et la mise à mal de la formation professionnelle des enseignants, beaucoup inquiété. Certains ont pensé qu’il s’agissait là de formater les enseignants plutôt que de les former.

Pourtant, je crois indispensable qu’à l’occasion de leur recrutement et sans rien aliéner de leur liberté pédagogique, les enseignants connaissent l’état du système éducatif et aient réfléchi sur les conditions d’exercice de leur métier. Cela leur évitera d’être de simples exécutants ignorants de ce qui se passe en amont et en aval de leur niveau d’exercice.

De ce point de vue, je crois que la circulaire du 23 mai 1997 sur les missions de l’enseignant garde sa pleine actualité : « Aujourd’hui, l’enseignant doit exercer sa responsabilité dans le système éducatif au fonctionnement duquel il contribue, dans sa classe où il construit des situations d’enseignement, dans un établissement scolaire dont il est un des acteurs. Travailler ensemble autrement, afin que fonctionnent efficacement les établissements, passe par la claire conscience de ce qu’est aujourd’hui le métier de chacun : enseigner, c’est exercer dans des établissements scolaires aux caractéristiques fort variables, selon le public accueilli, l’implantation, la taille et les formations offertes. La mission est tout à la fois d’instruire les jeunes, de contribuer à leur éducation et à leur insertion sociale et professionnelle, de les aider à construire leur autonomie et à élaborer un projet personnel. Pour exercer son métier à part entière au sein d’une équipe et ne pas être un simple exécutant, l’enseignant doit connaître le fonctionnement général du système éducatif et son évolution. »

Je pense qu’il faudra un jour un code de déontologie pour les enseignants. Celui-ci ne doit pas être imposé. Dans les professions non codifiées par une déontologie, le droit commun, pénal et civil, s’applique seul. S’il s’agit de plus d’une profession publique, le droit administratif s’applique également. Ainsi, pour illustrer ce propos, un professeur qui frappe un élève et le blesse est-il susceptible d’une part d’être poursuivi devant une juridiction pénale pour coups et blessures, et d’autre part d’être l’objet de procédures disciplinaires définies par son statut. Mais, pour toutes les situations professionnelles où le droit ne dit rien, et où néanmoins l’avenir d’un ou de plusieurs élèves est en jeu, alors c’est l’éthique qui "recommande", ou bien la morale qui "commande". C’est alors l’examen, au cas par cas, de l’ensemble des composantes de la situation qui va permettre de réfléchir, d’avancer, et de prendre une décision.

Pour lire la suite :


Voir en ligne : http://www.cafepedagogique.net/lexp...