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L’agreg est morte, vive l’agreg ! - Maryline Baumard, Le Monde, 10 février 2011

jeudi 10 février 2011

Depuis le début du mois de février, la rumeur courait. Il n’y aurait pas d’agrégation en 2012. L’information est partie d’on ne sait trop où, mais elle s’est très vite amplifiée. Par ces temps de coupes claires dans les rangs des fonctionnaires, il n’apparaissait pas aberrant, à bien des étudiants et des enseignants, de voir aussi supprimée l’agrégation.

Pas d’agreg de lettres ? Normal, Nicolas Sarkozy n’aurait toujours pas digéré sa Princesse de Clèves, lisait-on ici ou là. La chose étant perçue comme une basse vengeance, en somme !

En février 2006, alors qu’il n’était pas encore candidat à l’élection présidentielle mais à nouveau ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy s’en était pris au roman de Mme de Lafayette écrit en 1678. Il avait ému le corps enseignant et les fonctionnaires, en déclarant, à Lyon, devant une assemblée de militants UMP, ravis.

"Dans la fonction publique, il faut en finir avec la pression des concours et des examens, avait déclaré le ministre de l’intérieur. L’autre jour, je m’amusais, on s’amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d’attaché d’administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d’interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu’elle pensait de La Princesse de Clèves... Imaginez un peu le spectacle !"

La volonté de tourner en dérision ce roman historique, qui consacrait la place des femmes dans la littérature du XVIIe siècle, est devenue une sorte de marque de fabrique du discours sarkozyste – tant pour le chef de l’Etat que pour ses détracteurs. Nicolas Sarkozy y est revenu à plusieurs reprises.

Mais revenons à l’agreg ! Pour les concours en maths ou sciences physiques, il était plus difficile d’argumenter, mais un fait était là, et bien là, aucun programme n’était encore publié. Donc, dans ce pays héritier de Descartes, pas de programme, cela veut dire pas de concours.

Erreur, il y aura bel et bien des agrégations internes et externes l’an prochain, promet le ministère. "Nous affichons un à un les programmes pour permettre aux candidats qui le veulent de commencer à travailler", précise la directrice des ressources humaines du ministère de l’éducation, Josette Théophile.

"Tous les concours ne sont pas affichés aujourd’hui, mais cela va venir", ajoute-t-elle. Bref, le ministère va son bonhomme de chemin pendant que l’inquiétude des candidats est déjà à son comble. A un an des épreuves.

Décidément, le stress des examens commence de plus en plus tôt.


Voir en ligne : Le Monde