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Les « cordées de la réussite » dévissent ! - Laurent Mouloud, L’Humanité, 2 février 2011

samedi 5 février 2011

Ce dispositif est censé aider les jeunes des quartiers populaires à accéder aux filières « d’excellence ». Mais, selon l’enquête d’une association, seuls 27 % des lycées qui en bénéficient relèvent de l’éducation prioritaire.

À qui profitent les « cordées de la réussite » ? Mis en place depuis 2009, ce dispositif était censé favoriser « l’égalité des chances » en aidant les lycéens « méritants » des quartiers populaires à accéder aux filières « d’excellence ». Concrètement, ces cordées prennent la forme de partenariats entre des établissements du supérieur (universités, grandes écoles…) et des lycées ou collèges de quartiers défavorisés. Du moins, censés l’être. Car, selon une enquête du Quotidien des ZEP, la majorité des établissements visés ne relèverait justement pas de territoires et de dispositifs prioritaires…

L’étude, révélée sur le site de l’Observatoire des zones prioritaires (OZP), a été réalisée à partir des données disponibles en ligne et portant sur six académies : Aix-Marseille, Besançon, Créteil, Lille, Nice, Versailles. Il en ressort que « sur environ 167 lycées en cordée, 45 seulement (soit environ 27 %) sont en territoire prioritaire (quartiers Espoir banlieues ou anciennes ZEP-REP) ou en dispositif prioritaire (site d’excellence, dispositif expérimental de réussite scolaire ou internat d’excellence) ». Pour les collèges, qui ont rejoint le dispositif en 2010, la situation est moins mauvaise, mais tout de même : sur les 97 établissements en cordée, seuls 49 (soit environ 51 %) relèvent d’un dispositif prioritaire (Réseau ambition réussite, Réseau réussite scolaire, quartiers Espoir banlieues ou internat d’excellence).

Pourtant, les textes officiels sont sans ambiguïté. La circulaire du 14 janvier 2009 indique que les cordées « instituent un partenariat avec des ‘‘lycées sources’’ relevant de l’éducation prioritaire ou des territoires de la ville ». La circulaire du 5 mai 2010 précise également que « les collèges partenaires relèveront prioritairement des 215 quartiers de la dynamique Espoir banlieues et/ou de l’éducation prioritaire, plus particulièrement des Réseaux ambition réussite ». Une belle intention qui, visiblement, s’est perdue en chemin. Pour quelle raison ? L’OZP n’ose imaginer que la volonté de faire réussir à tout prix ce dispositif ait pu pousser l’administration et les grandes écoles à mettre de côté les établissements le plus en difficulté…


Voir en ligne : L’Humanité