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Parcoursup2021 Sucks. Encore plus que d’habitude - Affordance.info, 2 juin 2021

mercredi 2 juin 2021, par Mariannick

Allez lire le tout ici (il y a plein de liens, d’images, de gros mots)

Et voici tout déroulé (pour les boomers) le fil du Pr. Logos sur le même sujet (pas ou peu de gros mots)

Bon. Ayant très immodestement écrit l’un des deux meilleurs articles de tous les temps au sujet de #Parcoursup (l’autre étant disponible sur Lundi matin), j’étais décidé à fermer ma bouche cette année pour essentiellement deux raisons : la première c’est qu’en tant que parent j’ai de nouveau un enfant mien dans cette loterie, et la seconde c’est que cette année encore plus que les précédentes j’ai - ainsi que les collègues avec qui nous assurons le recrutement du meilleur DUT Infocom de la galaxie connue - pleuré des larmes de sang durant des semaines entières à force de constater le niveau d’incurie présidant aux supposées "mises à jour" de la plateforme et à ce qu’elle produisait au final comme automatisation ou acceptation des inégalités.
216 900 jeunes sans aucune proposition acceptée.

Oui mais voilà je suis tombé hier sur une des interventions de la figure tutélaire de l’ESR, oscillant entre un Voldemor sous anxiolytiques et une Gorgone Méduse aux fantaisies capillaires éreintantes, j’ai nommée Frédérique Vidal. Dont l’argumentaire se résume en trois points auxquels je vais sommairement répondre :

• "tout va bien, les profs et les services des rectorats sont formidables"

Là j’ai surtout envie de crier dans son oreille avec la délicatesse d’un Jean-Marie Bigard répondant aux questions d’un journaliste sur le port de l’étoile jaune comme signe de refus de la vaccination. Et accessoirement je tiens à ta disposition, Frédérique, les échanges de mails avec les services (totalement dépassés) du rectorat à chaque fois que nous les sollicitions pour l’un des innombrables bugs de cette année. Mais c’est vrai qu’ils sont gentils. Formidablement dépassés et incompétents sur les points techniques (à moins bien sûr que la compétence ne se mesure à l’aune de la capacité à répondre "nous sollicitons la plateforme et revenons vers vous rapidement"), mais gentils, en effet.

• "7 bacheliers sur 10 ont reçu une ou plusieurs propositions"

Fume. Il y avait 723 000 bacheliers l’année dernière - et il y en a davantage cette année. Ce qui signifie que si les chiffres avancés par la ministre sont vrais (d’ailleurs on vérifie comment hein ?), 506 100 bacheliers auraient reçu une ou plusieurs propositions. Cette immarcescible quiche étant supposée maîtriser la soustraction au regard des coupes qu’elle continue d’opérer dans le renouvellement des postes de titulaires, cela veut surtout dire qu’à ce jour 216 900 lycéen.ne.s n’ont toujours reçu absolument aucune proposition de Parcoursup (à titre d’information, l’année dernière à la même époque ils étaient plus de 400 000 sans réponse positive ... donc en effet c’est ... "mieux").

Cette année ces 216 900 lycéen.ne.s sont par ailleurs en train de plancher sur le fumeux "grand oral" du Bac de l’oncle Jean-Michel Fétide Blanquer, lequel grand oral contient, je le rappelle, un temps de discussion sur l’orientation choisie ("échangez avec le jury sur votre projet d’orientation"). Autant vous dire, que pour 216 900 jeunes gens et jeunes filles à ce jour, cette discussion sur le "projet d’orientation" se prépare avec la même motivation qu’un entretien de renouvellement de ses droits chez pôle emploi. Comment peut-on même imaginer que ces jeunes gens et jeunes filles préparent un oral sur leur projet d’orientation quand leur avenir s’appelle "refus", quand leur espoir s’appelle "en attente" et quand leur présent se résume à "0 propositions d’admission" ?!

• "tout le monde se réjouit d’en avoir fini avec le tirage au sort comme modalité de sélection pour l’entrée dans le supérieur."

Alors là. Mais alors là bordel. J’ai un stock de métaphore conséquent me permettant d’éviter les injures mais même lui (le stock) il a tendance à s’épuiser devant des gens qui osent tout à ce point et que c’est même à cela qu’on les reconnaît (comme l’écrivait Audiard). Donc pour une remise en contexte historique rapide sur cette histoire de "tirage au sort", on se réfèrera utilement au début du thread du Professeur Logos sur Twitter dont je me permets de reprendre ici les premiers éléments :

1/ #ParcourSup, c’est le jour de la marmotte : les mêmes éléments de langage, d’année en année. Au départ, il y avait la volonté idéologique de reprendre la loi Devaquet (si tu savais) sur la sélection, avec une mise en concurrence croisée établissements/candidats.

2/ Aussi le ministère avait-il mis en place cette opération d’enfumage : un "tirage au sort" pour régler un nombre infime de cas, bien inférieur au nombre de candidats découragés par Parcoursup, problème qu’un traitement rationnel et humain aurait solutionné en une semaine chrono.

3/ Tout l’enjeu était de parvenir à faire croire qu’il s’agissait d’un problème de plateforme, et pas de 15 ans de sous-investissement, dans le temps même où les enfants du babyboom de l’an 2000 devenaient adultes.

4/ Il y eu deux étages d’enfumage pour faire oublier la démographie : le matraquage d’un problème fictif (APB fonctionne par tirage au sort) et l’inepte marronnier "Parcoursup fait-il mieux qu’APB ?" En 2006, APB parvenait à 76% d’affectations INSTANTANEMENT ; 53% en premier vœu …

Et pour la suite, c’est par là :-)

Bien. Maintenant laissez-moi vous expliquer pourquoi Parcoursup nous amène, contrairement aux affirmations de Frédérique Voldemor Gorgone Vidal, vers toujours davantage de "tirage au sort".

La suite (avec encore plus de gros mots)