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Le Sommet des universités annulé à Dijon mais maintenu à Besançon : petite revue de presse
samedi 23 avril 2011, par
- Pour France 3 Bourgogne la décision a été "tranchée" par Matignon :
"Le Sommet mondial, qui devait se tenir dans la capitale des Ducs de Bourgogne du 5 au 7 mai 2011, est annulé.
Le maire de Dijon refuse d’accueillir cette rencontre internationale. Le Sommet des universités pourrait être reporté à une date ultérieure ou se tenir aux dates prévues mais dans une autre région de France.
"Nous ne sommes pas en état d’assurer la sécurité publique en marge de cette manifestation", estime François Rebsamen.
Cet événement s’intitule "Sommet Mondial des Universités" ou "Global University Summit". Il rassemble des responsables politiques du plus haut niveau venus du monde entier et notamment des pays du G20.
La mairie de Dijon craint que la présence de ces invités n’attire des "black blocs". A chaque rassemblement des pays les plus riches de la planète, ces groupes d’anarchistes mènent des actions violentes contre les symboles du capitalisme.
A partir des informations recueillies par les services de police, le maire de Dijon a alerté le ministère de l’Intérieur. Compte tenu du chantier du tramway et des rues étroites de la capitale régionale, la sécurité ne pouvait être garantie. Matignon a donc tranché en faveur de l’annulation du Sommet.
Sophie Béjean, la présidente de l’université de Bourgogne, a pris acte de cette décision."
France 3 Franche-Comté note qu’en revanche la partie du sommet qui doit se teni à Besançon est maintenu.
- Pour le Bien public également, la décision aurait été prise par Matignon. Le journal bourguignon laisse percer à la fois son soulagement de voir s’éloigner la menace potentielle des “black blocs” et sa déception devant cette occasion ratée de "faire briller l’Université de Bourgogne au niveau international".
"Le maire de Dijon demande l’annulation ou le report de la manifestation susceptible d’attirer les casseurs dans les rues de Dijon.
Le sommet mondial des universités qui devait se tenir à Dijon du 5 au 7 mai prochain vient d’être annulé, selon plusieurs messages postés sur Twitter cet après-midi. La décision aurait été prise par Matignon après que le maire François Rebsamen se soit opposé à la tenue du sommet hier. « Je demande son annulation ou son report car nous ne sommes pas en état d’assurer la sécurité publique en marge de cette manifestation », a-t-il déclaré.
En cause : les “black blocs”, ces rassemblements éphémères au cours desquels des individus mènent des actions extrêmement violentes contre les symboles du capitalisme. Des casseurs qui trouveraient sur le chantier du tramway un terrain de choix pour leurs exactions. « Il est hors de question que le centre-ville de Dijon soit bouclé durant trois jours », a précisé François Rebsamen, lequel ne veut même pas entendre parler d’une délocalisation de la réunion quelque part en Côte-d’Or.
Il s’agit d’un coup dur pour l’Université de Bourgogne et sa présidente Sophie Béjean qui aurait pu, à cette occasion, faire briller l’uB au niveau international. Le sommet pourrait être oragnisé soit dans une autre région de France, soit à une date ultérieure."
Publié le 22/04/2011
- Philippe Jacqué, dans un billet du 22 avril sur le blog de l’équipe Education du Monde, n’avait pas peur quant à lui des "blacks blocs" et regrette que les universités aient été "privées de sommet". Il se demande même s’il sera encore possible "d’organiser un sommet mondial en France". Au passage il pointe la "relative hystérie au sein de la communauté universitaire" provoquée par la perspective du sommet et la responsabilité du SNCS. Si vous voulez tenter d’obtenir une clarification sur la portée clinique de l’expression "relative hystérie", c’est ici :
"Pourra-t-on encore organiser un sommet mondial en France ? ("Soupirs", note de SLU) On peut se poser la question. ("Re-Soupirs", note de SLU) Dans le cadre de la présidence française du G20, notre pays accueille toute une séries de manifestations thématiques. Du 5 au 7 mai, l’université de Bourgogne devait ainsi organiser un forum mondial des universités. Patatras ! Face à de potentielles menaces à l’ordre public - dont la présence de “black blocs” - relevées par le ministère de l’intérieur, le maire (PS) de Dijon, François Rebsamen, a demandé l’annulation de cette manifestation. Plusieurs médias bourguignons (France 3, Le Bien public, etc.) s’en font l’écho.
La perspective de ce sommet avait provoqué une relative hystérie au sein de la communauté universitaire et d’aucuns appelaient à l’organisation d’un contre-sommet. Pourquoi ? Dans un communiqué qui vaut le détour, le SNCS (syndicat de la recherche de la FSU) l’explique : « ce G8 des universités, désormais rebaptisé “Sommet mondial des universités”, est le signe de la mainmise toujours plus autoritaire des gouvernements des G8 et G20 - espaces d’organisation et de légitimation des politiques néolibérales - sur les organismes d’enseignement supérieur et de recherche qu’ils s’acharnent à vouloir faire fonctionner comme des entreprises. En bref, il participe de l’enfermement de tous les échanges intellectuels dans le modèle unique de ”l’économie de la connaissance” ».
Effrayer le chaland
Dans sa diatribe anti-sommet, le syndicat poursuit : « Dès le début, les G8-Universités se sont placés sous cette bannière consensuelle et prennent soin de ne pas utiliser les mots qui fâchent. On s’est retenu d’afficher “Concurrence et excellence, les deux mamelles de l’ESR”, mais il y a des ratés, ainsi “les universités permettront de créer la nouvelle génération de dirigeants : des individus exceptionnels capables de relever les défis au niveau mondial et d’entretenir des sociétés durables et saines” ».
Sur le fond, pourtant, rien dans ce sommet n’a de quoi effrayer le chaland ("il s’agit donc bien de clients pour l’université !", note de SLU). Organisé par le pôle de recherche Bourgogne - Franche-Comté, appuyé par la Conférence des présidents d’université , cette réunion devait s’articuler en deux parties : les étudiants à Besançon du 28 au 30 avril et les recteurs et présidents à Dijon, une semaine plus tard.
Quelle place des universités dans leur territoire ?
Pour cette édition, la quatrième depuis 2008, « nous avons mis l’accent sur la société de la connaissance et sur la façon dont les universités peuvent s’inscrire dans ce contexte », expliquait Sophie Béjean, la présidente de l’université de Dijon, le 21 avril à AEF. « L’un des ateliers portera sur la dématérialisation. Celle-ci transforme les connaissances, les technologies et les avancées scientifiques. Elle transforme également les compétences de nos étudiants, mais aussi celles que nous leur transmettons et la façon dont nous les transmettons. La construction de réseaux et la coopération internationale s’en trouvent également changées. » Les autres ateliers porteront « ”sur les universités et leurs territoires”, “sur la mobilité des étudiants et des enseignants-chercheurs” ».
Face à l’annulation annoncée, le comité scientifique de pilotage (des présidents d’université de pays ayant déjà accueilli le sommet) se mobilise. Dans un communiqué, il en appelle à l’autorité du Président de la République pour que le Sommet des universités puisse toutefois se tenir dans le cadre de la présidence française du G8/G20 en 2011."
- Le communiqué du Comité international de pilotage des sommets internationaux des universités qui en appelle au président de la République est à lire sur le site de la CPU et ci-dessous (on notera les similitudes entre ce communiqué et le billet de Ph. Jacqué) :
"Sommet mondial des universités 2011, 22/04/2011
Après l’annonce par le Maire de Dijon de son refus d’accueillir aux dates prévues, pour des raisons de sécurité publique, le Sommet des Recteurs et Présidents d’universités prévu du 5 au 7 mai à Dijon, le Comité international de pilotage des sommets internationaux des universités en appelle à l’autorité du Président de la République pour que le Sommet des universités puisse toutefois se tenir dans le cadre de la présidence française du G8/G20.
Cette annonce, intervenant à moins de 15 jours du début de l’événement, suscite l’étonnement de la part des membres du Comité international de pilotage et fait naître le doute sur la capacité de la France à assurer l’accueil et la sécurité de manifestations universitaires internationales, au moment où les universités françaises s’attachent, sous l’impulsion du Président de la République, à renforcer le rayonnement mondial de notre enseignement supérieur.
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Le Comité de pilotage du Sommet international des Universités, est placé sous la responsabilité du Recteur japonais qui préside l’Université de Tôdai, initiateur du premier Sommet, et comprend les responsables canadiens et italiens des précédents sommets, ainsi que de la CPU.
Cette année, malgré la catastrophe qu’il a subie, le Japon a continué à assurer cette fonction, avec une dignité qui inspire le respect. Pour ces raisons, et parce que les thèmes du développement durable et de la connaissance trouvent, au vu de cette catastrophe, une résonance particulière, la CPU a décidé de dédier le sommet mondial des universités au Japon.
Dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche, il est d’usage, depuis 2008, que les présidents d’université issus des pays du G8 – élargi au G20 et à certains pays tiers – se réunissent, en amont de la rencontre officielle, sous forme d’un Sommet international des universités, afin d’être en mesure d’adresser aux chefs d’Etat et de Gouvernement des propositions. La Conférence des Présidents d’Université française (CPU) a participé à ces rencontres, organisées dans le pays d’accueil du G8/G20 par la conférence de présidents ou recteurs d’université correspondante, et était ainsi présente à Sapporo en 2008, Turin en 2009, Vancouver en 2010.
Depuis un an, la CPU a décidé de confier aux universités de Bourgogne et Franche- Comté, réunies dans un pôle de recherche et d’enseignement supérieur, le rôle d’accueillir ce sommet. Il est prévu en deux temps : les étudiants, réunis à Besançon les 28, 29 et 30 avril doivent formuler des propositions présentées aux présidents et recteurs d’université, qui devaient initialement se réunir à Dijon les 5, 6 et 7 mai. Ces derniers, à leur tour, doivent transmettre à l’issue de leurs réflexions aux chefs d’Etat et de Gouvernement et plus largement aux collectivités, partenaires économiques et à la société civile, une déclaration. Ce processus en deux temps déjà utilisé à Turin et Vancouver permet en outre l’expression la plus large de la communauté universitaire.
L’organisation des deux sommets a été élargie, en raison de ses thèmes, le développement durable et la construction d’une société de la connaissance, au-delà des pays du G8 et G20. La réunion de représentants (présidents, recteurs, étudiants) issus d’une quarantaine de pays, des 5 continents, doit assurer l’expression aux responsables politiques par la communauté universitaire internationale d’une conception de la mondialisation qui ne soit pas limitée aux pays du G8 et du G20 et qui soit respectueuse des peuples et de l’environnement à l’échelle de la planète.
Sur ces enjeux de développement durable et sociétal, les universités doivent jouer un rôle majeur pour une prise de conscience et une anticipation des évolutions à venir ; assurer la construction d’un réseau mondial des universités, grâce à ce sommet, est ainsi l’une des clefs de notre avenir."
Interrogation finale de SLU ? Que fera le président de la République, si soucieux, dit-on, de "renforcer le rayonnement mondial de notre enseignement supérieur" ? Ira-t-il jusqu’à contredire une décision d’annulation prise, semble-t-il, par le Premier ministre ou ses services ?