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Compte-rendu de l’entrevue entre la Société des Hispanistes de France et Mark Sherringham, conseiller de X. Darcos (24 novembre)

mercredi 26 novembre 2008, par Elie

Compte rendu de la rencontre entre des représentants de la Société des Hispanistes Français et M. Sherringham, conseiller auprès du ministre de l’Éducation Nationale, le 24 novembre 2008.

Une délégation de la SHF composée de Mme Geneviève Champeau (présidente), de M. Philippe Meunier (vice-président) et de Mme Claudie Terrasson (membre du bureau) s’est entretenue le lundi 24 novembre 2008 avec M. Mark Sherringham, conseiller auprès du ministre de l’Éducation nationale. L’entrevue a duré une heure environ. G. Champeau précise d’abord que le SHF, comme d’autres sociétés savantes, a signé l’« Appel du 8 novembre » dans lequel est demandé un *moratoire* sur la réforme des concours et le
maintien de ceux-ci sous leur forme actuelle en 2010, voire 2011.

Avant qu’une argumentation puisse être développée, M. Sherringham oppose
à cette demande une fin de non-recevoir : il n’y aura pas de moratoire,
cela n’est pas négociable. La date butoir pour la remise des maquettes
est le 15 février et les nouveaux concours seront mis en place dès 2010.
Il ajoute qu’il y aura des adaptations. Il précise le champ de
compétence de chacun : les masters sont pilotés par les universités, les
concours par le ministère de l’Éducation nationale, les stages par les
recteurs. Les représentants de la SHF soulignent une convergence de vues
entre les diverses associations de langues dont neuf ont signé une
lettre commune adressée à Mme Valérie Pécresse. Une copie de cette
lettre lui est remise. Ils n’abordent pas tous les points contenus dans
la lettre adressée par la SHF à M. Xavier Darcos le 30 octobre et s’en
tiennent à ceux qui concernent plus directement le ministère de
l’Éducation nationale. Ils observent que, dans son courrier du 30
octobre, la SHF demandait à être représentée dans la *commission chargée
de déterminer la nature des épreuves du CAPES pour les langues
vivantes*.

M. Sherringham répond tout d’abord que cela concerne le
ministère de l’Education nationale, employeur, et non l’université. Il
souligne de nouveau la répartition des rôles entre les universités,
chargées de la formation des candidats dans le cadre des masters, et le
MEN qui pilote le recrutement par le biais des concours. Il ajoute que
les commissions en question, de taille réduite (six à sept membres) sont
composées d’IG ou d’IPR, de deux universitaires et de deux professeurs
du second degré. Il précise encore que la spécificité des langues sera
prise en compte et que la nature des épreuves sera peut-être connue dès
le 10 décembre, en tout cas avant le 15 décembre.

La question des
*épreuves du CAPES* est ensuite abordée. Récusant la dissociation entre
évaluation des compétences disciplinaires et des compétences
pédagogiques, la SHF demande que les *épreuves écrites* permettent
dévaluer les acquis disciplinaires des candidats et pas seulement
l’exploitation pédagogique de ces derniers.

M. Sherringham récuse cette
interprétation des textes et affirme que les deux épreuves écrites
seront bien disciplinaires. La phrase suivante : « Ces épreuves [les
deux épreuves écrites d’admissibilité] portent sur la culture
disciplinaire et visent à apprécier comment le candidat réinvestit les
connaissances disciplinaires acquises au cours de sa formation dans
l’étude des programmes de l’enseignement secondaire », ne fait pas
–dit-il– mention de la pédagogie et elle est une référence
traditionnelle aux programmes du second degré pour tous les concours.

La SHF en vient aux épreuves d’admission qui doivent permettre d’évaluer la *maîtrise de la langue étrangère* par les candidats, sans que le poids
de la première épreuve, disciplinaire, puisse être « compensé » par
celui de la seconde épreuve consacrée à la connaissance du système
éducatif. Cette seconde épreuve est pourvue d’un coefficient 3, comme la
première, sur un total de 10 pour l’ensemble du concours. La SHF propose
alors que la partie « connaissance du système éducatif » prenne la
forme d’un entretien avec le jury à la fin d’une épreuve autre qui reste
à définir. Elle demande aussi que seuls des spécialistes de la
discipline évaluent les compétences disciplinaires des candidats.

M. Sherringham reconnaît l’importance de l’évaluation de la langue orale et
assure que les représentants des disciplines seront majoritaires dans
les jurys, qu’il n’est pas question de faire évaluer la langue par des
personnes qui ne la maîtriseraient pas. Il soutient l’intérêt de la
seconde épreuve pour le MEN employeur tout en reconnaissant que le
coefficient peut poser problème et qu’il conviendrait « d’y réfléchir ».

Lorsque la SHF aborde la nécessité d’aménager la *première année
d’exercice*, M. Sherringham répond que cela ne concerne pas les
universités dont le rôle se limite à la préparation du master et du
concours. Cela est du ressort du ministère et du « calendrier social ».
Nous ne sommes pas des responsables syndicaux, et il estime qu’il n’a
pas à nous répondre sur ce point. Il ajoute qu’il n’y a pas urgence
puisque la première année d’exercice ne sera pas mise en place avant
septembre 2010. Il précise néanmoins que les nouveaux certifiés auront,
au cours de cette première année d’exercice, le statut de professeurs
stagiaires et que leur titularisation sera précédée d’une inspection. Il
se livre également à un commentaire sibyllin de la formule « ouverte » « 
en pleine responsabilité », employée à propos de cette première année
d’exercice, en soulignant qu’elle ne signifie pas forcément « à plein
temps » tout en ajoutant qu’elle n’exclut pas non plus ce sens… Malgré
leurs demandes réitérées de précisions, les représentants de la SHF n’en
sauront pas davantage.

La *préparation de l’agrégation* est ensuite
abordée. Les représentants de la SHF exposent les problèmes que pose
cette préparation dans le cadre du LMD : incompatibilité entre un
véritable master recherche crédible et attractif à l’international et la
préparation d’un concours sur programme ; contradiction entre programme
de concours national et adossement du master à des équipes de recherche
dont les thématiques sont liées aux contrats quadriennaux ;
impossibilité de réaliser en deux ans une formation qui était jusqu’à
présent répartie sur trois ans et en menant de front ses trois volets :
formation à la recherche, formation pédagogique et préparation du
concours. Une année supplémentaire s’avère donc nécessaire à l’issue du
master. Ils exposent également la difficulté propre aux langues à placer
le séjour à l’étranger, pourtant important pour des spécialistes de
langues vivantes, qui ne paraît pas compatible avec les nouveaux
masters.

M. Sherringham explique d’abord que la réforme opère une double
« rupture ». La première concerne la distinction entre les finalités des
deux concours : le CAPES est orienté vers le second degré et
l’agrégation vers les classes d’examen et le post-bac. La seconde
rupture concerne la séparation des programmes du CAPES et de
l’agrégation, contrairement à la pratique actuelle. Cette distinction
est présentée comme une façon de préserver l’agrégation, concours
sanctionnant l’excellence universitaire, bien qu’elle se situe au même
niveau de recrutement que le CAPES (bac + 5). Il explique qu’il existe
déjà dans la fonction publique des concours présentant des degrés
d’exigences différents bien que recrutant au même niveau. Il reconnaît
les difficultés signalées, et il est sensible à la nécessité d’offrir
des masters recherche crédibles et attractifs, mais il déclare qu’il
revient aux universités, autonomes et responsables des formations,
d’assumer leurs responsabilités, d’avoir une politique « imaginative » à
cet égard. Quand on lui fait observer qu’ici ou là la préparation de
l’agrégation reste en dehors des masters « métiers de l’enseignement et
de la formation » ou qu’une université envisage de la préparer dans le
cadre d’un DU, il répond que c’est l’affaire des universités et que le
ministère ne veut rien savoir d’une sixième année. Le MEN s’en tient au
fait que l’agrégation est un concours de /niveau/ bac + 5. Il ajoute
néanmoins qu’il souhaite être informé de l’avancée de la réflexion sur
la « mastérisation » de l’agrégation : est-elle difficile,
s’avère-t-elle impossible ? Des solutions sont-elles trouvées ? Quand
on l’interroge sur des programmes maintenus pendant plusieurs années, M. 
Sherringham affirme que cela existe déjà en mathématiques (ils courent
sur cinq ans) et que le but poursuivi est d’en assurer la visibilité [la
préparation ?] à l’avance.

A la fin de l’entrevue est abordée
l’alternative entre masters avec *mention* « métiers de l’enseignement
et de la formation », pilotés par les ex-IUFM, ou *parcours* à
l’intérieur des masters offerts par les universités [solution
privilégiée dans la circulaire Hetzel publiée le 17 octobre par le
ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche]. La SHF fait
état de la pression exercée dans certaines académies en faveur de la
première solution.

M. Sherringham commence par affirmer qu’il
n’indiquera pas quelle solution a la préférence du MEN. Mais il insiste
ensuite sur le fait que les universités sont responsables des
formations, répète qu’elles doivent prendre leurs responsabilités et
ajoute que les IUFM ne sont pas des intermédiaires obligés : ils
apportent une contribution aux masters mais il revient aux universités
de décider. Les membres de la SHF présents en ont déduit que, malgré la
prudence du propos, la position exposée par M. Sherringham ne semblait
pas très éloignée de celle du ministère de l’Enseignement supérieur et
de la Recherche.