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Les ravages de la LRU (suite) - Bernard Gensane, Le Grand Soir, 22 avril 2010

jeudi 22 avril 2010, par Elie

Aujourd’hui, un petit bilan. Je m’inspirerai ici des réflexions du collectif Printemps 2010 sur la marchandisation du savoir, le Processus de Bologne et la Stratégie de Lisbonne. La lutte contre la LRU, la privatisation de l’université française passe nécessairement par une lutte à l’échelon européen, et vice-versa.

Coordonné au niveau européen, le Processus de Bologne date de 1999. Comme son nom l’indique, ce n’est pas un objectif mais un mouvement sans fin. Moins la résistance s’organise, plus le mouvement est vigoureux.

Concernant 46 pays, ce processus vise à élaborer « un système européen d’harmonisation, d’évaluation et de comparaison des établissements d’enseignement supérieur en Europe. » Il prépare en outre l’ouverture à la concurrence entre les établissements publics, entre les établissements publics et privés, ainsi qu’à la marchandisation de l’enseignement supérieur.

La stratégie de Lisbonne (2000), mise en place, côté français, entre autre par Lionel Jospin, vise à « accorder la production du savoir à la demande du marché ». En d’autres termes, à transformer l’université en un outil du capitalisme. S’incrivant dans un « espace européen », la recherche est, elle aussi objet de concurrence. Le chercheur est censé devenir un chercheur-entrepreneur. Des incitations fiscales peuvent être accordées aux entreprises qui investissent dans la recherche universitaire.

L’université doit garantir l’“ employabilité ” des étudiants par la fourniture d’un « savoir utile au marché », les étudiants étant pensés en terme de « capital humain ». Lire à ce sujet l’ouvrage d’Isabelle Bruno À vos marques, prêts, cherchez ! (Éditions du Croquant, 2008).

Le meilleur élève de l’Union européenne est, on ne s’en étonnera pas, le Royaume-Uni. La France s’est montrée très réactive depuis l’accession de Sarkozy au pouvoir. Les résistances les plus fortes se sont faites jour en Grèce, les étudiants de ce pays ayant été très sensibilisés à la prolétarisation qui les attendait à très court terme. Au Royaume-Uni, une année d’études coûte 3000 livres jusqu’à la licence (3450 euros), 10000 livres après la licence (11400 euros). Un cursus menant au doctorat coûte environ 35000 livres (40000 euros) en frais d’inscription.

Un petit détour par le Japon où les étudiants sont amenés à s’endetter. Des seppukus sont à prévoir car nombreux sont ceux qui ne peuvent pas rembourser leurs prêts. 200000 sur 1,2 million de bénéficiaires de ces prêts sont considérés comme mauvais payeurs (trois mois de retard de paiement) et sont actuellement fichés par les pouvoirs publics. Les causes de l’endettement sont la faiblesse des revenus (mais les frais de scolarité ont doublé depuis 1990), l’absence d’emploi, l’endettement des parents et les problèmes de santé. Le Japon est, après les États-Unis, l’un des pays de l’OCDE où la part des dépenses publiques dans les dépenses totales pour l’éducation supérieure est la plus faible : 40 % contre près de 80 % en moyenne pour les pays de l’OCDE.

Pour lire la suite sur le site du Grand Soir.