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La coordination nationale des Universités décide de nouvelles manifestations - par Sylvestre Huet, Libéblog, Sciences², 21 février 2009

samedi 21 février 2009, par Laurence

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La coordination nationale des universités s’est réunie vendredi à l’université Paris-X à Nanterre, a appelé à trois nouvelles journées de manifestations, les 26 février, 5 mars et 10 mars.

Celles des 26 février et 5 mars se dérouleront partout en France. Le 10 mars, en revanche, devrait donner lieu à une manifestation nationale à Paris. Un appel à été lancé aux enseignants du primaire et du secondaire leur demandant de s’y joindre.

La coordination a aussi appelé à reconduire la grève illimitée en cours dans les universités et au retrait de trois réformes sur le statut des enseignants-chercheurs, la formation des enseignants du primaire et du secondaire, et « le contrat doctoral unique ». Le 5 mars, si cette triple demande de retrait n’a pas été entendue, la coordination appellera les universitaires à « la démission de l’ensemble des charges administratives non électives, à l’obstruction dans le cadre des mandats électifs et au refus de participer aux jurys (bac, BTS, Capes, agrégation, session de printemps…) ». Le chaos, contre lequel avertissaient les plus modérés des opposants à Valérie Pécresse, la suppliant de prendre les décisions et d’accomplir les gestes permettant de l’éviter, semble au bout du chemin.

Enfin, la coordination a voté pour la première fois la demande d’abroger la loi LRU sur l’autonomie des universités d’août 2007. Plusieurs aspects de cette loi sont déjà entrés en vigueur, 20 universités sont passées à l’autonomie au 1er janvier 2009. La coordination affirme représenter 65 universités, 15 autres établissements, 18 associations et syndicats.

Universitaires, chercheurs et étudiants sont face à une question : comment conserver l’unité de leur mouvement, caractérisé par une très large assise qui va jusqu’à des organisations et personnalités au départ plutôt bienveillantes à l’égard des réformes gouvernementales ? « Durcir le ton », avait conseillé Georges Molinié, le président de l’université Paris-4.

Les décisions de la coordination nationale font manifestement un pari osé : que le niveau de la mobilisation non seulement ne faiblisse pas mais qu’elle s’élargisse à d’autres secteurs de l’éducation nationale. Et surtout que l’appel à l’abrogation de la LRU ne fonctionne pas comme un repoussoir, réduisant la base du mouvement auquel ont appelé des forces syndicales et associatives qui ne souhaitent pas aller jusque là.

Ce choix tactique peut s’expliquer par la force inédite du mouvement, par le traditionnel durcissement de telles assemblées, par l’exaspération longtemps refoulée d’universitaires qui ont trop longtemps baissé l’échine... et par ses formes, de nombreux universitaires ayant l’intelligence de mener une sorte de « grève perlée », assurant de temps en temps les cours indispensables, en particulier pour les années post-licence, afin de ne pas sacrifier leurs étudiants, et qui permet de prolonger l’action. Mais il comporte aussi des risques, en particulier celui de voir le gouvernement s’exonérer de la nécessité de négocier avec les acteurs syndicaux aujourd’hui en action, les seuls à même de transformer ce mouvement en résultats concrets.

Ceci alors que la résistance gouvernementale s’effrite de jour en jour. Et que son relais le plus important, la CPU, tente de se repositionner en interlocuteur principal malgré ses dissensions et surtout la crise de légitimité qui frappe certains de ses membres. Ainsi le président de Paris-7 Diderot, après de nouvelles élections, se trouve en minorité dans son conseil d’administration... qu’il voudrait continuer à présider au mépris du suffrage clairement exprimé par les personnels !

In fine, les décisions de la coordination nationale peuvent déboucher sur un prix politique certes plus élevé à payer pour le gouvernement, mais des résultats inférieurs pour les personnels et les étudiants engagés dans l’action. Ou à l’inverse une modification substantielle de la politique universitaire et de recherche du gouvernement de Nicolas Sarkozy. Qui va l’emporter du pari osé ou du risque pris ? Réponse après les vacances de février.