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Zep : le collège Marie Curie se rebiffe, V. Soulé, Liberation, 17 mars 2009

mardi 17 mars 2009

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Zep : le collège Marie Curie se rebiffe

L’an dernier, déjà, les profs de Marie Curie s’étaient plantés devant le Rectorat avec banderoles et percussions. Et ils avaient obtenu des heures de cours en plus pour leur collège. Hier, ils y sont retournés avec leurs percussions. En vain. Ils n’ont même pas été reçus.

Situé en plein dix-huitième arrondissement, quartier populaire de Paris, le collège Marie Curie est classé en Education Prioritaire. A ce titre, il ne peut compter plus de 25 élèves par classe. Mais il ne dispose pas des moyens supplémentaires qu’ont les collèges voisins, classés eux "Ambition Réussite". "Pourtant nous avons pratiquement la même population, souligne un prof, il nous manquait juste quelques élèves boursiers pour entrer dans cette catégorie".

Comme tous les établissements en début d’année, le collège Marie Curie a reçu sa DHG (dotation horaire globale, le nombre total d’heures d’enseignement dont il va disposer en 2009-2010). Pour faire fonctionner les 15 classes, l’équipe estime qu’il faut 475 heures de cours par semaine. Il y en aura 455 heures.

"Du coup, nous ne pourrons plus continuer le soutien méthodologique que nous faisons aux sixièmes, explique Sylvie Dazy, prof de français, or c’est très important pour nos élèves qui sont perdus en arrivant au collège. On ne pourra plus non plus faire des demi-groupes en technologie ou en SVT (sciences et vie de la terre) alors que ce sont des matières où nos élèves s’en sortent bien, où ils sont valorisés".

Cela fait déjà plusieurs années que l’équipe a l’impression de travailler au plus juste. L’an dernier, les profs avaient dû faire une semaine de grève - chaque jour étant décompté du salaire -, puis se rendre au Rectorat pour obtenir quelques heures en plus. "Cette année, c’est le deuxième jour de grève pour les conditions de travail de nos élèves, souligne un prof, et notre salaire n’est pas mirifique".

Ils ont l’impression qu’on les mène en bateau. Le ministre de l’Education Xavier Darcos a promis que les collèges en difficultés, qui perdaient des élèves, continueraient à être aidés. Or c’est le cas de Marie Curie : des résultats médiocres au brevet, de nombreuses dérogations et "fuites" vers des collèges plus "performants", une population encore mixte socialement mais de moins en moins.

Pour rendre ces collèges plus attractifs, le ministère les encourage aussi à proposer des options rares. Depuis cette année Marie Curie propose du grec en troisième. Mais avec les moyens du bord, seulement une heure par semaine. Et il n’est même pas sûr de pouvoir continuer. "Nous sommes fatigués des injonctions contradictoires", disent les enseignants.

"Le mode de calcul des moyens, au prorata du nombre d’élèves, favorise les établissements qui n’ont pas de difficulté et qui ont 29 ou 30 élèves par classe, explique une parente d’élèves mobilisée. Or le collège Marie Curie connaît une baisse régulière des effectifs à cause des nombreuses dérogations, ce qui entraîne une baisse de moyens, donc une offre pédagogique moins "performante" et un risque de ghettoïsation."

"Le résultat est moins de français, de maths, etc, pour des élèves en difficulté, et ce malgré les annonces ministérielles", souligne Sylvie Dazy.

De retour du Rectorat, l’équipe, en majorité des profs non syndiqués, a voté le blocage administratif à partir d’aujourd’hui. Les cours reprennent mais les parents d’élèves s’installent dans la loge, répondent au téléphone et expliquent pourquoi ils empêchent tout travail administratif.