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Comment Emmanuel Macron s’est aliéné le monde des sciences sociales - Camille Stromboni, Le Monde, 30 juin 2020

mardi 30 juin 2020

Trois semaines après, l’indignation reste vive dans les universités.

Près de trois semaines plus tard, la pilule ne passe toujours pas dans le monde universitaire. « Honteux », « grave », « intellectuellement stupide », « violent »… L’indignation reste vive chez de nombreux enseignants-chercheurs, surtout en sciences sociales, contre ce qu’ils considèrent comme une « attaque  » du président de la République.

Au point de départ de cette irritation, il n’y a que quelques phrases rapportées dans Le Monde le 10 juin, mais elles ne sont pas passées inaperçues : « Le monde universitaire a été coupable », a estimé en privé Emmanuel Macron, alors qu’il évoquait les mobilisations d’une partie de la jeunesse contre les violences policières et le racisme, intervenues dans le sillage de l’affaire George Floyd aux Etats-Unis. Coupable de quoi ? « Il a encouragé l’ethnicisation de la question sociale en pensant que c’était un bon filon, a poursuivi le président. Or, le débouché ne peut être que sécessionniste. Cela revient à casser la République en deux. »

Dans le viseur du chef de l’Etat, donc, les sciences humaines et sociales. Ces sociologues, ces historiens, ces politistes, qui travaillent sur une kyrielle de thématiques touchant aux discriminations, en ayant recours à la grille de lecture de la « race » – au sens d’une construction sociale selon laquelle des pratiques et comportements sont assignés à des personnes en fonction de leur couleur de peau.
Mouvement de contestation

La levée de boucliers est large, peut-être parce que la formule du président sur « le monde universitaire » l’est aussi. « La recherche doit pouvoir s’exercer librement, rappelle simplement Gilles Roussel, à la tête de la Conférence des présidents d’université. Cette généralisation du monde universitaire est inacceptable. »

« Je suis scandalisé », dit Alain Tallon, doyen de la faculté des lettres de Sorbonne Université.

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