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Quand le CNRS renvoie dos à dos climatologues et "climato-sceptiques" - par Stéphane Foucart et Hervé Morin, Le Monde, 10 décembre 2009

lundi 28 décembre 2009

A l’heure de la conférence de Copenhague et alors que la revue Nature, l’une des plus vénérables institutions du monde scientifique, qualifie désormais de "négateurs" ceux qui ne voient dans le réchauffement actuel que l’effet de cycles naturels, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) se pose toujours la question.

En témoigne la préparation, houleuse, du dernier numéro du Journal du CNRS, qui vient tout juste de paraître. Ce mensuel institutionnel de belle facture, préparé par la direction de la communication de l’organisme, est pourtant peu coutumier des polémiques. Mais, dès qu’il s’agit du climat, la confection du plus paisible des périodiques peut se transformer en foire d’empoigne.

Précisément : Copenhague oblige, le principal sujet de l’édition de décembre était le réchauffement. Logiquement, des climatologues devaient intervenir dans une première partie du dossier, consacrée au diagnostic scientifique. Mais, face à eux, deux géologues de l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP), Vincent Courtillot et Jean-Louis Le Mouël, étaient invités à développer leur thèse, très marginale, d’une cause solaire au réchauffement.

"Théories"

Bogue éditorial ? Non : c’est de la présidence même du CNRS qu’émanait la décision d’associer les deux géophysiciens à la rédaction du dossier. Décision assortie de la demande que le CNRS ne prenne pas position sur l’une ou l’autre des "théories". Colère des climatologues. Et, en définitive, impossibilité de concilier les deux "théories" dans le même numéro. Comment résoudre le problème ? Par le vide. Le journal a finalement été amputé - chose cocasse s’agissant d’une publication du CNRS - de tout article sur les sciences du climat... Contactée, Mme Bréchignac, présidente de l’organisme, n’a pas souhaité s’exprimer.

Vincent Courtillot, lui, défend la légitimité de sa participation. Il en prend pour preuve ses récents articles climatologiques publiés dans Journal of Atmospheric and Solar-Terrestrial Physics (JASTP). "Les allusions au fait que nous ne serions pas assez spécialistes (du climat), plausibles il y a trois ans pour qui ne nous connaissait pas, ne le sont plus", précise-t-il. De précédents travaux publiés en 2007 dans Earth and Planetary Science Letters (EPSL) avaient été réfutés dans un contexte polémique.

Il en faut plus pour convaincre les climatologues. "J’aimerais inverser les rôles et écrire un article démontrant, sur la base d’arguments créationnistes, que la Terre n’a que quelques milliers d’années et que les horloges radiochronologiques de nos géologues sont biaisées, ironise l’un d’eux. En déjeunant avec la présidente du CNRS, j’aurais peut-être l’opportunité de plaider cette bonne cause scientifique dans le Journal du CNRS, face à un article d’illustres géochimistes sur l’âge de notre planète..."


Voir en ligne : http://www.lemonde.fr/le-rechauffem...