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Kheira Brahim, 18 ans, enfant d’immigrés, bac S mention Très bien - Véronique Soulé, Libéblog "C’est classe !", 12 juillet 2011

mardi 12 juillet 2011

En voilà une au moins qui ne va pas faire baisser le niveau des (bons) petits Français ! Kheira Brahim, 18 ans, vient de décrocher son bac S avec mention Très bien. La preuve par les faits que "les enfants d’immigrés" ne sont pas aussi nuls que le clame Claude Guéant en malmenant les statistiques.

Elève au lycée Voltaire, dans le 11ème arrondissement de Paris, Kheira est la seule de sa classe à avoir obtenu la mention TB. "Peut-être qu’il ’y en a aussi dans les autres classes", précise-t-elle, modeste.

Elève brillante, la seule en S à avoir poursuivi le grec jusqu’en terminale, Kheira a été acceptée à la rentrée dans une prépa bio au au lycée Saint Louis. "J’aime tout ce qui est science, je me verrais bien dans la recherche", dit-elle. C’est aussi une passionnée de dessin. Sans avoir jamais pris de cours, elle passe des heures à dessiner, surtout des des mangas, et a même un projet de BD.

"Bien sûr que mes parents sont contents" : pour fêter son bac ainsi que le brevet de son frère, sa mère a préparé un énorme couscous pour manger à l’école où son père est animateur de centre de loisirs. Les deux parents sont nés en Algérie, et Kheira est l’aînée des six enfants.

Les propos (erronés) du ministre de l’Intérieur Claude Guéant le 22 mai sur Europe 1 - sur les enfants d’immigrés qui seraient aux deux tiers responsables de l’échec scolaire ... - l’ont choquée. "Ca m’a un peu révoltée, explique-t-elle, ce n’est pas juste de cataloguer les gens de cette manière surtout lorsqu’on ne les connaît pas. Il ne leur laisse pas la chance de montrer ce dont ils sont capables. Je trouve que ce n’est pas très glorieux de la part d’un ministre".

Pour être complet, à l’attention de Claude Guéant, il faudrait aussi mentionner de beaux exemples de succès de lycéens étrangers sans papiers. Sans statut, craignant à tout moment d’être contrôlés, ils ont passé le bac envers et contre tout.

Marina, moldave, 18 ans, vient de décrocher son bac techno "Arts appliqués" avec mention Assez bien. Arrivée de Moldavie en décembre 2006, elle ne parlait pas un mot de français. Après trois mois dans une classe d’accueil pour non francophones, elle a rejoint une troisième normale. Et aujourd’hui elle parle sans accent.

A la rentrée, Marina a été admise en BTS Design d’espace à la prestigieuse école Boulle. Malgré les incertitudes, elle a des projets pleins la tête : "après, je voudrais faire une école d’architecture, arriver au master, puis décrocher une "habilitation à la maîtrise d’ouvrage en son nom propre" pour pouvoir signer des projets moi-même. Dans l’idéal, j’aimerais avoir ma boite d’architecte".

Mais Marina n’a aucun papier. En tant que jeune majeure, elle vient de déposer une demande de régularisation pour avoir un titre de séjour "VPF" (vie privée familiale). "A la préfecture, on m’a dit que la réponse pouvait arriver dans 2 semaines, 2 mois, 6 mois... ".

A la maison, seul son père, ouvrier dans le bâtiment, a eu pour la seconde année consécutive un titre d’un an. Il a demandé la régularisation de sa femme et de ses deux enfants au nom du regroupement familial. Mais on lui a refusé, expliquant que la famille devait d’abord repartir en Moldavie, qu’il devait ensuite faire la demande, puis que tous devaient attendre... "Mon père a dit non car on risquait de ne pas pouvoir revenir", dit Marina.

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