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Les profs stagiaires témoignent de « l’aberration » de leur situation - VousNousIls, 18 mars 2011

vendredi 18 mars 2011

Jusque-là, ils n’avaient pas « osé ni trouvé le temps » de se plaindre de l’« aber­ra­tion » de leur situa­tion. Conséquence de la réforme de la for­ma­tion des ensei­gnants : à la ren­trée de sep­tembre –avec des dif­fé­rences selon l’académie, qui fixe les temps de cours et for­ma­tion– des mil­liers de jeunes profs ont été pro­pul­sés sans for­ma­tion à l’enseignement, et à temps plein, devant des classes sou­vent surchargées. Surmenés, débous­so­lés, de nom­breux profs sta­giaires vivent « en apnée », inca­pables de prendre du recul.

Réunis jeudi matin dans la cour de l’IUFM de Lyon qui les accueille pour une courte for­ma­tion, ils ont décidé de témoi­gner de leur situa­tion. LibéLyon publie cer­tains de ces témoi­gnages. Ils sont ano­nymes car ces jeunes profs « res­sentent une pres­sion forte et craignent de ne pas être titu­la­ri­sés à la ren­trée ».

« Je n’ai pas le temps de prendre de recul néces­saire sur ma pra­tique pour essayer de ne pas repro­duire les mêmes erreurs, c’est ter­ri­ble­ment frus­trant et culpa­bi­li­sant », témoigne une sta­giaire. Un sta­giaire en ita­lien, qui enseigne depuis la ren­trée dans deux lycées à 7 classes dif­fé­rentes, soit 5 niveaux, déplore : « Mon quo­ti­dien les pre­miers mois a été de navi­guer sans bous­sole, à la dérive ». Un autre pro­fes­seur en col­lège adore son métier mais se demande com­ment « être un bon prof éthique et res­pon­sable dans des condi­tions où l’épuisement phy­sique et moral m’empêche de faire un tra­vail cor­rect ». « L’incohérence du sys­tème » est égale­ment poin­tée du doigt, une pro­fes­seur se sent «  tra­hie » lorsqu’elle se rend compte que «  rien n’a été fait pour éviter que les dif­fi­cul­tés du métier nous sub­mergent dès le pre­mier jour de tra­vail ».
Un rendez-vous avec le rec­teur de l’académie de Lyon est prévu mardi pro­chain. Le même jour, un pré­avis de grève a été déposé par les pro­fes­seurs stagiaires.

Les pro­fes­seurs débu­tant dans le métier cette année ont res­senti une «  sur­charge de tra­vail » et 98% ont réclamé un « allè­ge­ment de leur temps de ser­vice », 79,1% un « ser­vice à mi-temps au maxi­mum » a affirmé mer­credi le syn­di­cat Snalc-CSEN après une enquête réa­li­sée en février et mars. 79,6% des sta­giaires inter­ro­gés avouent avoir eu «  des pro­blèmes d’adaptation au rythme de tra­vail exigé par le ser­vice à temps com­plet dès la ren­trée ». L’enquête montre qu’un tiers des sta­giaires son­dés enseignent dans une classe à exa­men et que la moi­tié n’a pas pu « ren­con­trer faci­le­ment son tuteur en dehors des heures de cours ».