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Condamnée, Normale Sup maintient l’interdiction d’une conférence sur la Palestine - Lucie Delaporte, Mediapart, 2 mars 2011

jeudi 3 mars 2011

Un bras de fer semble engagé à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm. Vendredi 26 février le Tribunal administratif a jugé que l’école avait porté « une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de réunion » en interdisant aux élèves du collectif Palestine-ENS d’organiser des débats à l’occasion de l’Israel apartheid week du 8 au 15 mars.

En des termes particulièrement sévères, le jugement en référé a récusé l’argument d’un potentiel « trouble à l’ordre public » lié aux « thèmes retenus » et considéré que les requérants du collectif « pouvaient légitimement inscrire leur initiative dans la tradition de réunion de l’ENS ouvertes au public ». En conséquence, le tribunal a ordonné à la direction de « réexaminer la demande de salle proposée... dans un délai de trois jours ».

Une décision qui n’a pas fait fléchir la directrice de l’école, déterminée à empêcher la tenue de ces conférences rue d’Ulm. Dans un courrier adressé hier aux élèves du collectif Palestine ENS, Monique Canto-Sperber assure avoir effectivement réexaminé leur demande et une nouvelle foi « regrette de ne pouvoir donner une suite favorable ».

En cause, selon les raisons déjà invoquées en janvier dernier pour interdire la tenue d’une conférence-débat où était invité à s’exprimer Stéphane Hessel, l’impossibilité pour l’école d’assurer la sécurité des participants, mais aussi le refus de voir l’ENS associée à une manifestation partisane prônant des actions de boycott illégales à l’égard de l’Etat d’Israël.

Manifestation devant le rectorat

Dans leur mémoire en défense, les avocats de l’école avaient en effet rappelé que le cycle de conférences prévoyait l’invitation d’Omar Barghouti, promotteur de la campagne de boycott de produits israéliens (« Boycott, désinvestissement, sanctions »), des actions plusieurs fois condamnées en France.

La directrice de l’ENS, qui n’a pas répondu à nos sollicitations, a annoncé son intention de faire appel et par conséquent de porter la question au Conseil d’Etat.

Une profonde confusion règne donc aujourd’hui rue d’Ulm. « Après le jugement du tribunal administratif nous avions confirmé leur venue aux intervenants dont certains viennent de loin. Aujourd’hui, on ne sait plus très bien quoi leur dire », explique Sandro Franceschi, représentant de Sud-Etudiant qui envisage une nouvelle action en référé.

Reste que la décision de faire appel du jugement du tribunal administratif rend effectivement hautement improbable la tenue de ces conférences prévues la semaine prochaine à l’occasion de l’Israel apartheid week.

Lundi, une manifestation avait réuni une quarantaine d’élèves devant le rectorat où se tenait un conseil d’administration extraordinaire censé statuer justement sur la tenue de débats politiques publics au sein de l’école. Un conseil d’administration largement parasité par le jugement du tribunal administratif puisque qu’aucune décision n’avait finalement été prise concernant l’encadrement des futurs débats.

Malgré l’annulation programmée de ces conférences, le climat au sein de l’ENS n’est sans doute pas près de s’apaiser.

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