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Conférence-Débat à Paris VIII sur la LRU. Compte-rendu provisoire
Mercredi 5 décembre 2007, 15h, Amphi D
mercredi 5 décembre 2007, par
Le Président de l’Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis, Pascal BINCZAK, a le plaisir de vous inviter le 5 décembre, de 15h00 à 18h00, à une conférence-débat sur la loi dite LRU, relative aux libertés et responsabilités des universités.
Cette rencontre ouverte au public a pour but de débattre des orientations d’une loi envers laquelle la communauté universitaire exprime depuis quelques semaines une hostilité croissante.
La conférence-débat proposée par l’Université Paris 8 sera l’occasion d’évoquer les nécessaires transformations de l’université et de conduire une véritable analyse, minutieuse et contradictoire, sur les différents aspects de la loi qui suscitent interrogations et inquiétudes : gouvernance de l’université, engagement de l’Etat, gestion des ressources humaines, avenir de la recherche et des filières de formation supérieure, etc.
Entre autres intervenants :
Bertrand MONTHUBERT, Président de l’association Sauvons la Recherche !
Jean FABBRI, Secrétaire Général du SNESUP-FSU
Jacqueline HEINEN, Présidente de la CP-CNU
Christophe CHARLE, Président de l’ARESER
Claude CONDE, Président de l’Université de Besançon Franche-Comté
Contact : Mariannick SEROT
01 49 40 66 85 / mariannick.serot@univ-paris8.fr
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Mercredi 5 décembre 2008 entre 15 et 19h, à l’initiative du Président de l’Université Paris 8, Pascal Binczak, des membres de la communauté universitaire ont consacré une série d’interventions à la loi LRU afin de la remettre en perspective et d’en dénoncer les effets probables. Devant un amphitéâtre comble, les orateurs suivants se sont succédés.
NB : ce CR ne vise pas qu’à présenter un résumé rapide des interventions qui ont été enregistrées et seront mises sur le site de l’Université de Paris 8.
Pascal Binczak, président de l’université Paris 8, a ouvert la séance par un exposé sur la gouvernance des universités. Il y a critiqué le postulat, qui justifie aux yeux des auteurs de la loi le renforcement des pouvoirs des présidents d’université, selon lequel le gouvernement des universités ne serait pas satisfaisant aujourd’hui. Il a ensuite, démontré que sur deux points au moins la nouvelle loi manquait l’amélioration qu’elle prônait. D’une part, la non-responsabilité du président, qui ne peut être destitué, maintient en l’état une caractéristique antidémocratique du système actuel ; d’autre part, il a souligné que le mode de scrutin retenu pour les membres siégeant au CA, le scrutin proportionnel au plus fort reste, en favorisant l’émergence de majorités écrasantes pourrait se retourner contre l’efficacité de l’action du président en cas de conflit. Il a enfin rappelé que l’élection par le seul CA du président était contradictoire avec les pratiques démocratiques que l’on peut rencontrer ailleurs en Europe, notamment en Italie où l’ensemble de la communauté universitaire élit le président de l’université, donnant ainsi à son pouvoir une véritable assise.
Jacqueline Heinen, présidente sortante de la CPCNU, a rappelé qu’en dépit de propositions faites par la conférence permanente qu’elle représente en ce qui concerne tant le processus de qualification par les sections du CNU que le recrutement des enseignants-chercheurs par les commissions de spécialistes, dans le but d’améliorer le travail de ces instances qui n’est pas exempt de tout reproche, les solutions proposées par la loi LRU de ce point de vue sont très éloignées des évolutions que la communauté universitaire considère comme souhaitables. Les comités de sélection ad hoc prévus par la loi LRU, constitués par le président de l’université (et non élus) et composés en majorité seulement de spécialistes du domaine qui est celui du candidat, contreviennent à plusieurs qualités reconnues du système actuel. En effet, la collégialité qui fait la force du CNU comme des CS et qui repose sur l’évaluation par les pairs nous est enviée par bien des pays ; or, elle est remise en question par la loi LRU.
Christophe Charle, président de l’ARESER (Association de Réflexion sur les Enseignements Supérieurs et la Recherche) s’est ensuite exprimé sur les caractéristiques communes des mesures prises dans le domaine de l’Enseignement Supérieur Public en Europe. En effet, il s’agit pour les décideurs politiques de définir la formation du capital humain de manière à rattraper les Etat-Unis considérés comme le modèle à suivre dans ce domaine. Cette instrumentalisation de l’Université devrait s’accompagner d’une série de transformations dans l’esprit de ses promoteurs parmi lesquelles l’engagement financier croissant des entreprises privées au sein des universités. Il y a toutefois fort à parier que cet engagement sera plus que limité ; la loi devrait donc à terme favoriser le développement de divergences entre les universités selon qu’elles sont acquises à la loi ou pas (et ceci dépend souvent des disciplines qu’elles privilégient) et les aggraver puisque les évaluations, dont dépendront les moyens alloués par l’Etat, devraient être fonction, comme en Grande-Bretagne ou en Allemagne, de la professionnalisation des filières.
Jean Fabbri a ensuite pris la parole au nom du SNESUP dont il est le secrétaire général pour traiter des statuts des personnels et des moyens alloués aux universités. Critiquant fortement les modalités de financement de la recherche mises en place depuis quelques années dans la mesure où elles mobilisent une énergie considérable, mais sont centrées autour de thématiques dont la redondance au niveau régional, national et européen pose problème, J.F. a rappelé que les financements sur projet de l’Agence Nationale de la Recherche provoquent de forts déséquilibres au sein des équipes. Ces financements ne sauraient donc se substituer à un plan budgétaire en bonne et due forme. Il a ensuite montré l’insuffisance des fonds supplémentaires que le gouvernement se targue d’avoir concédé aux universités (part importante des crédits impôts recherche, crédits importants dévolus à l’ANR sur des thèmes fléchés, rattrapage de cotisations CNRS et travaux effectués sur l’immobilier, etc.). En revanche, aucune augmentation du nombre d’emplois n’est prévue au sein des universités. Enfin, les dernières déclarations de V. Pécresse visant à augmenter la somme moyenne dépensée en France par étudiant (6000€ en moyenne par an, mais cette moyenne inclut les classes préparatoires pour lesquelles la moyenne est de 12000€) n’ont aucun sens si des mesures dans ce sens ne s’accompagnent pas de créations de postes. JF a terminé son intrevention en insistant sur le caractère liberticide de la loi LRU qui met fortement à mal la liberté de recherche et d’enseignement au sein des universités.
Bertrand Monthubert, président de Sauvons la Recherche a ensuite abordé la question de la recherche et de la synergie entre université et organismes de recherche. Il a d’abord insisté sur la nécessité pour ces institutions de défendre ensemble certains principes fondamentaux de la recherche. Il a ensuite rappelé que l’on assistait aujourd’hui à une attaque sans précédent contre la dimension disciplinaire de la recherche de manière à justifier l’intervention des non-chercheurs dans l’évaluation de cette dernière. Il a rappelé le succès de la pétition lancée sur le site de SLR : plus de 13000 signatures. Il a enfin souligné la force des divisions qui existent à la fois entre enseignants-chercheurs et chercheurs et entre disciplines (notamment entre « sciences dures » et LSH), et a appelé au rassemblement de toutes les forces d’opposition à la loi LRU.
Mathieu Brunet (Aix-Marseille I) a pris la parole au nom de Sauvons l’Université. Après un bref rappel de l’origine de ce collectif (parution d’une tribune dans Le Monde « Les présidents d’université ne parlent pas en notre nom », sollicitations pour transformer ce texte en pétition nationale, constitution impromptue d’une équipe de travail d’une trentaine de personnes, mise en place du site et de la pétition en ligne qui a recueilli plus de 3000 signatures), il a insisté sur la nécessité d’une convergence nationale des énergies (syndicats, associations et collectifs) de façon à contrer la volonté de division du gouvernement, tout en soulignant la complémentarité de ces différents groupes, et la nécessité, face à la destruction annoncée de l’université, de ne pas se limiter à des revendications d’ordre budgétaire.
Ont également pris la parole deux étudiants de Paris 8 pour dénoncer la loi LRU et Sophie Binet, vice présidente de l’Unef, sur le thème « la réussite des étudiants à l’université » dans un climat hostile, ainsi qu’Anne Berger (Paris 8), qui a repris l’essentiel de son analyse sur le « modèle anglo-saxon » disponible sur le site de SLU.