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Réforme de la formation des enseignants (Saison 3) - Des motions comme s’il en pleuvait, màj 17 janvier 2020

vendredi 17 janvier 2020, par Mademoiselle de Scudéry

TOUTES CES MOTIONS N’ONT PAS ÉTÉ ÉCRITES EN VAIN : J.M BLANQUER ANNONCE LE REPORT DE LA RÉFORME !

Vade-mecum de cette réforme

Le SNESUP a déjà recensé 60 pages de motions d’opposition à cette réforme. Vous en trouverez quelques unes ci-dessous.


Communiqué du SNESUP-FSU du 16 janvier 2020

Report d’un an de la réforme de la formation des enseignant·es : un premier recul du ministère Blanquer !

Le 16 janvier 2020, Jean-Michel Blanquer vient d’annoncer devant la CPU « un report de fait » d’un an de la réforme de la formation des enseignant·es mais aucune information officielle pour les enseignant·es, toujours le même mépris pour leurs organisations syndicales qui ont alerté à de nombreuses reprises...

Le SNESUP-FSU se félicite que la colère et l’exaspération des acteurs de la formation, exprimées dans de nombreuses motions, aient été entendues, et que le Ministre prenne enfin acte des nombreux problèmes posés par cette réforme que nous dénonçons depuis plus d’un an.

Le délai obtenu doit permettre que la parole de tou·te·s les acteur·trice·s de la formation soit véritablement prise en compte, car ce sont elles et eux qui sont sur le terrain, ce sont elles et eux qui ont l’expertise de la formation des enseignant.es, ce sont elles et eux qui, dans les équipes de recherche et de masters, peuvent définir les besoins des formé·es !


Motion contre la réforme de la formation et du recrutement des enseignants (Master MEEF et concours du CAPES)

L’École d’Histoire de la Sorbonne (Université Paris 1–Panthéon-Sorbonne) réunie en
assemblée générale le vendredi 17 janvier 2020 se félicite du report – annoncé le jeudi 16 janvier – de la réforme du master MEEF et du CAPES présentée par le Ministère de l’Éducation nationale.

Elle exprime toutefois son opposition au projet actuel qui, tout en demeurant particulièrement flou, pose de multiples problèmes sur le fond comme sur la forme. Elle demande une clarification des propositions avancées par le Ministère sur l’organisation du Master MEEF et sur le concours lui-même, et appelle à une concertation large de l’ensemble des acteurs participant à la formation pour permettre l’élaboration d’un projet cohérent et pensé dans l’intérêt des candidats et de leurs élèves.

Elle rappelle son attachement au maintien d’un concours national ouvert à tous.
L’entrée en M1 MEEF ne doit pas se substituer au concours pour sélectionner les étudiants qui doivent par ailleurs pouvoir passer le concours en candidats libres.
Elle rappelle son attachement à la dimension disciplinaire et scientifique du concours,
qui doit être évaluée à l’écrit et à l’oral, en maintenant des programmes garantissant l’équilibre entre les deux disciplines que sont l’histoire et la géographie. La « professionnalisation » ne saurait être menée au détriment du socle que constitue la maîtrise des disciplines, mais dans le cadre d’une articulation entre ces deux dimensions.

Dans l’intérêt des étudiants, elle demande que le projet envisagé pour l’année de M2 – durant laquelle les étudiants devraient mener de front préparation au concours, stage en tiers-temps et rédaction d’un mémoire –, soit reconsidéré. L’accumulation de ces tâches ne peut permettre ni la préparation d’un concours dans de bonnes conditions, ni l’investissement complet dans un stage, ni la rédaction d’un mémoire solide en lien avec ce dernier.

Motion votée à l’unanimité.


Du Master MEEF au nouveau CAPES de philosophie 2022

Tribune-pétition à lire ici


Lettre ouverte des organisations syndicales : Ferc sup-CGT, SNTRS-CGT, Sgen-CFDT, SNEP-FSU, SNESUP-FSU, SNPTES, Sud éducation, Sup’recherche UNSA

Paris, le 20 décembre 2019
À
Monsieur le Président de la République,
Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et de l’Innovation,
Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale,
Mesdames et Messieurs les Président·e·s d’université,
Mesdames et Messieurs les Directrices et Directeurs d’INSPÉ,

À la suite des annonces des ministères concernant la formation des enseignant·e·s du 20 novembre dernier, plusieurs INSPÉ et UFR d’universités, ainsi que des organisations professionnelles et des sociétés savantes ont adopté des motions demandant a minima le report de la mise en œuvre de la « réforme », voire pour certaines le retrait. La grande majorité des académies métropolitaines, ainsi que les grands secteurs disciplinaires se sont ainsi exprimés.

Compte tenu des informations disponibles, des incertitudes qui subsistent, des questions sans réponses, il apparaît impossible de concevoir de nouvelles maquettes de formation pour la rentrée 2020 : commencer à élaborer des maquettes sans connaître la définition et les programmes des épreuves, la composition des jurys, les modalités précises de l’alternance, les types de stages proposés, etc. empêcherait les équipes d’articuler la préparation au métier, qui est le fondement du master MEEF, et la préparation aux concours, qui doivent rester « la » voie d’accès réglementaire au statut de fonctionnaire au sein du service public de l’Éducation.

Les acteurs et actrices de la formation expriment très clairement dans ces motions leur demande de véritables concertations. Ils·elles doivent être entendu·e·s !

Dans l’attente d’une réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et de l’Innovation, Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale, Mesdames et Messieurs les Président·e·s d’université, Mesdames et Messieurs les Directrices et Directeurs d’INSPÉ, à l’expression de notre considération distinguée.

Les organisations signataires : Ferc sup-CGT, SNTRS-CGT, Sgen-CFDT, SNEP-FSU, SNESUP-FSU, SNPTES, Sud éducation, Sup’recherche UNSA


Motion du département de philosophie de Lyon 3, 17 décembre


Motion du Master MEEF, INSPÉ de Bretagne

Motion votée à l’unanimité de l’assemblée générale des personnels et étudiants de l’INSPÉ de Bretagne le 11 décembre 2019

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MEEF inspé Bretagne

Motion de la faculté de philosophie de Strasbourg, 16 décembre


Lettre des responsables de formations MEEF, 20 décembre 2019

Madame la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation,

Monsieur le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse,

En tant que responsables de formation MEEF lettres, nous nous permettons de vous écrire aujourd’hui pour vous exprimer notre vive inquiétude au sujet de la réforme à venir de la formation de master MEEF et des concours d’enseignement du second degré.
La réforme telle qu’elle s’annonce serait destructrice car elle saperait le fondement du métier d’enseignant : le champ disciplinaire. Savoir fondamental, pleinement professionnalisant, il devrait bien au contraire être placé au cœur de la formation initiale des métiers de l’enseignement, pour former des enseignants autonomes et responsables, et élever le niveau général des élèves, conformément à votre intention.

S’agissant plus spécifiquement des masters MEEF second degré Lettres, et des concours du CAPES / CAFEP qui leur sont associés, comment envisager la disparition de l’épreuve de langue à l’heure où les professeurs de lycée doivent également enseigner la grammaire ? Ou de latin et de grec pour les futurs professeurs de lettres classiques ? Celle du commentaire de texte et de document iconographique nous paraît également très problématique car les candidats viennent de filières diversifiées, sont parfois en reconversion et ont besoin d’une formation littéraire qu’ils n’ont pu toujours acquérir dans leur parcours. Cette variété des profils est pourtant très souhaitable car elle apporte une réelle richesse de la part de candidats souvent très motivés.
Le disciplinaire est-il devenu accessoire pour disparaître de moitié des épreuves d’admissibilité et totalement des épreuves d’admission ? C’est parce qu’il maîtrise son champ disciplinaire que l’enseignant peut avoir confiance en lui et inspirer confiance. C’est parce qu’il maîtrise au préalable son champ disciplinaire qu’il peut tirer parti sereinement de formations continues qui lui permettent de s’adapter aux évolutions de son métier, de la recherche et de sa carrière.
Un travail d’harmonisation est mené sur le terrain par des partenariats étroits entre les universitaires et les formateurs académiques de l’INSPE qui partagent le souci d’une maîtrise tant des savoirs pour enseigner que des savoirs à enseigner. Il doit être poursuivi dans l’intérêt des futurs enseignants et des élèves.

Par conséquent nous demandons le report de la réforme des concours, le maintien d’épreuves disciplinaires à l’écrit et à l’oral, seul moyen d’évaluer les compétences des candidats, ainsi que la mise en place d’une réelle concertation avec les responsables de filières MEEF enseignant dans ces formations, afin de repenser le contenu du master et des concours.
Dans l’espoir d’une prise en compte de nos revendications, nous vous prions de croire, madame la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, monsieur le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, en l’expression de tout notre respect.

Les responsables de formation MEEF lettres

Sarah Al Matary, université Lyon 2
Éléonore Andrieu, université de Toulouse 2
Emanuele Arioli, université polytechnique Hauts de France
Sylvie Bazin, université de Lorraine
Mathilde Bernard, université Paris Nanterre
Guillaume Berthon, université de Toulon
Nicole Billot, université de Limoges
Virginie Brinker, université de Bourgogne-Franche-Comté
Patrick Brasart, université Paris 8
Marie-Madeleine Castellani, université de Lille
Corinne Eusebe-Feron, Le Mans université
Denis Fabé, université polytechnique Hauts de France
Pierre-Louis Fort, université de Cergy-Pontoise
Claire Fourquet-Gracieux, UPEC
Anne Fraïsse, université de Montpellier 3
Patricia Gauthier, université de Poitiers
Emmanuelle Kaës, université de Tours
Charlotte Lacoste, université de Lorraine
Irène Langlet, UPEM / université Gustave Eiffel
François Le Goff, université de Toulouse-Jean Jaurès
Emmanuèle Lesne-Jaffro, université Clermont-Auvergne
Pierre Manen, université de Saint-Étienne
Véronique Montagne, université Côte d’Azur
Nathalie Niel, université de Poitiers
Pascal Noguès, université de Perpignan
Catherine Pascal, université Montpellier 3
Sylvie Patron, université Paris Diderot
Corinne Pierreville, université Lyon 3
Elisabeth Pinto-Mathieu, université d’Angers
Fabienne Pomel, université Rennes 2
Thierry Poyet, université Clermont-Auvergne
Pierre Soubias, université de Toulouse-Jean Jaurès
Tatiana Taous, université Côte d’Azur
Céline Teillet, université de Poitiers
Pierre-Yves Testenoire, université Paris Sorbonne
Stéphanie Thonnerieux, université Lyon 2
Isabelle Vedrenne-Fajolles, université Côte d’Azur
Christian Zonza, université de Nantes


Motion demandant l’abandon de la réforme de la formation des enseignants, université de Marne la Vallée, UFR de SHS,UFR de lettres, arts, communication et technologie, UFR de sciences et techniques, UFR de langues te civilisation, UFR de mathématiques, 20 décembre

Nous, les enseignant·es et enseignant·es-chercheu·ses des UFR de sciences humaines et sociales, UFR de lettres, arts, communication et Technologie, UFR de sciences et techniques des activités physiques et sportives, UFR langues et civilisation, UFR de mathématiques, impliqué·es dans la formation des professeurs du premier et du second degré à l’université Paris-Est-Marne-La-Vallée exprimons notre vive opposition à la réforme des concours et du master MEEF prévue par le ministère de l’Éducation nationale.

Quatre points nous paraissent porter gravement atteinte à la qualité de la formation, à l’attractivité du métier et au caractère national des concours de recrutement.
1°) L’appauvrissement de la part des disciplines dans la formation et dans le concours met en péril la maîtrise critique des savoirs académiques, fondamentale dans le métier.
2°) La refonte de l’architecture du master impose aux étudiant·es en deuxième année de mener de front un stage d’enseignement en responsabilité dans les classes à tiers temps, la rédaction d’un mémoire universitaire de recherche professionnalisant et la préparation du CAPES, un concours de plus en plus sélectif. L’impossibilité de mener à bien ces trois objectifs avec une égale exigence de qualité reviendra à mettre en concurrence l’intérêt des élèves et celui des étudiants en formation. Le temps de travail consacré à la préparation du concours qui permet d’accéder au statut d’enseignant fonctionnaire empiètera nécessairement sur celui consacré à la préparation des cours ou inversement. Avec de telles contraintes, que penser de la place accordée cette même année à un mémoire de qualité avec une approche réflexive doublée d’une dimension recherche ?
3°) Alors que le nombre de postes au concours ne cesse de se réduire, nous craignons que les étudiants qui n’auront pas réussi le CAPES restent en place dans les établissements avec un statut d’enseignant précaire, ce qui créerait un enseignement à deux vitesses.
4°) Enfin, l’exigence de concevoir des maquettes d’enseignement dans des délais très courts et avec des informations lacunaires quant au format du futur concours n’est pas réaliste.

Nous sommes également préoccupés par la réforme de la formation des enseignants du premier degré : risques de réduction drastique de la place accordée aux disciplines de la polyvalence en termes de contenus académiques et didactiques dans la préfiguration de la future maquette du master, risques de mise en œuvre à marche forcée d’une réforme selon des modalités de travail et un calendrier intenable pour les personnels, risques de dégradation importante des conditions d’entrée dans le métier pour les jeunes enseignants.
Pour l’ensemble de ces raisons, nous demandons l’abandon de la réforme et l’ouverture d’une véritable concertation associant tous les partenaires de la formation selon un calendrier crédible et un processus transparent assurant l’engagement de toutes les communautés éducatives


Motion des responsables MEEF de l’Université de Lorraine.

20 décembre 2019

Nous associant aux critiques qui viennent d’être rendues publiques (tribune des historiens et des géographes sur "Libération", motions des sociétés des anglicistes et des hispanistes, des personnels des universités de Toulouse, Amiens, Créteil, Grenoble, et de la Sorbonne ainsi que de l’INSPE de Paris, de Versailles et de Bretagne), nous,
responsables de parcours des Master MEEF 2D de l’Université de Lorraine, manifestons notre plus vive préoccupation concernant de nombreux aspects de la réforme du concours du CAPES, du CAPL et du CAPET et du Master MEEF, réforme depuis longtemps annoncée et dont le contour reste encore en grande partie flou.

Les motifs principaux de notre inquiétude peuvent se résumer en trois points :
1) La réduction des épreuves dites "disciplinaires" ou "académiques" du concours à une seule sur quatre, à partir d’une distinction éminemment contestable entre "savoir académique" et compétence "professionnelle", qui de facto amène à reléguer le savoir disciplinaire à un rôle secondaire dans cette nouvelle conception du concours. Au contraire, le savoir disciplinaire est le cœur même du métier d’enseignant et la clé de l’émancipation des élèves ; réduire l’exigence concernant le savoir équivaut à porter atteinte aux fondements de la mission d’enseignement.

2) La multiplication des types de stages envisagés en M1 et en M2, préoccupante tant du point de vue de l’organisation des enseignements (car elle produirait un chaos totalement ingérable par la présence de publics avec des emplois du temps très divers au sein de la même classe) que du point de vue des conditions des étudiants (auxquels on pourrait demander d’effectuer des stages très lourds dans l’année où ils auraient à préparer un concours difficile). Si l’objectif des ministères est de se servir des étudiants de Master pour pallier le manque de personnels enseignants dans le secondaire, on ne peut que s’y opposer résolument : la seule manière digne et honnête de régler le problème du sous-
encadrement est de recruter des enseignants titulaires. Pour ce faire, il est urgent d’entreprendre une revalorisation du métier d‘enseignant et de rendre plus attractive cette carrière (entre autres, en proposant une formation lisible, en n’envoyant pas les enseignants débutants dans des académies difficiles, en améliorant les conditions d’exercice) afin que les étudiants cessent de s’en détourner.

3) Le calendrier de la réforme, annoncée et évoquée depuis plus d’un an, prévoit une mise en application pour les formations dès la rentrée 2020, ce qui est irréalisable au vu des imprécisions des quelques textes dont nous disposons. En conséquence, nous refuserons de participer à une énième réécriture des maquettes conduite dans une précipitation préjudiciable et incompatible tant avec notre engagement sur les fronts
multiples du métier d’enseignant-chercheur qu’avec la réflexion indispensable pour réaliser des changements d’une telle ampleur et importance.
Nous demandons solennellement à l’INSPE de Lorraine de se faire écho de ces positions et préoccupations auprès des autorités de tutelle et de nous informer des réponses qui leur sont faites.

Signataires

Mansuy-Huault Laurence, Guillaume Murielle, responsables Parcours MEEF 2D
SVT
Chabrolle-Cerretini Anne-Marie, Folz Olivier, responsables Parcours MEEF
Espagnol
Sangirardi Giuseppe, responsable Parcours MEEF Italien
Chauvin Catherine, responsable parcours MEEF Anglais
Lartillot Françoise, Pernot Caroline responsables Parcours MEEF Allemand
Weisse Jean-François, Bernat Julien, Laurent-Gengoux Camille, Responsables
MEEF 2D Mathématiques
Bazin Sylvie, Lacoste Charlotte, responsables Parcours MEEF Lettres
Simonnot Brigitte, co-responsable du parcours Documentation du master MEEF
2D.
Loubet Christelle, Becker Audrey, Fleury Marie-Françoise, Mathis Denis,
responsables Parcours MEEF Histoire-Géographie
Grün Laurent, Schirrer Mary, responsables parcours MEEF EPS
Authier Régis, responsable parcours MEEF Education musicale et chant
choral
Müller Susanne, Trentini Bruno, responsable parcours MEEF Arts plastiques
Champmartin Delphine, responsable parcours MEEF Physique-Chimie.
Henry Isabelle, responsable parcours MEEF ETP Economie Gestion Marketing
Gradet Stéphanie, responsable parcours MEEF ETP STMS
Charront David, Kremer Pascal, responsables parcours MEEF ETP Bois


Motion du département d’histoire d’Orléans-Tours (élargie à 8 départements LLSH des universités d’Orléans et de Tours), 10 décembre 2019

Nous, membres des départements d’Histoire, de Géographie et de Lettres des Universités d’Orléans et de Tours, engagés dans la formation des enseignantes et enseignants de l’Éducation nationale aux côtés des membres de l’INSPE, demandons le retrait immédiat de la réforme des masters MEEF.
1 – parce que cette réforme a été pensée sans concertation aucune avec les actrices et les acteurs de la formation que sont les enseignants des Universités et des INSPE.

2 – parce que la transformation radicale des épreuves écrites et orales du CAPES va inévitablement entraîner un recul de la maîtrise des connaissances disciplinaires et scientifiques chez les nouveaux enseignants qui ne pourront plus posséder, au moment de leur prise de poste, le savoir nécessaire à la mise en œuvre des programmes, et en particulier des nouveaux programmes de lycée datant de la rentrée 2019. De fait, cette réduction massive de la formation disciplinaire au cours des années de master mettra en difficulté les futurs collègues en limitant leur capacité à s’approprier et transmettre savoirs et compétences, en réduisant leur aptitude à s’auto-former et poursuivre une veille scientifique tout au long de leur carrière, obérant, à terme, la confiance des élèves à leur égard. Autant d’éléments contraires aux objectifs affichés par le ministère qui prétend améliorer les capacités professionnelles des futurs enseignants.

3 – parce que les conditions dans lesquelles cette réforme prévoit que les étudiants se forment au cours de ces deux années de master sont à la fois irréalistes et inadaptées à leurs besoins futurs car elles multiplient les objectifs assignés à la formation : réaliser des stages en responsabilité, rédiger un mémoire de recherche, passer un concours, se former scientifiquement et pédagogiquement, le tout essentiellement concentré sur la 2e année du master. De fait, ce projet sacrifie également une réelle formation professionnelle et les chances de devenir fonctionnaires. Cette réforme, en l’état, semble bien favoriser la précarisation des enseignants par un recours accrue aux vacataires.

4 – parce que la mise en œuvre prévue de cette réforme est marquée par une impréparation catastrophique. Les informations mises à la disposition des institutions en charge de leur mise en œuvre ne permettent pas d’élaborer les maquettes dans le calendrier qui leur est imposé. Beaucoup des modalités d’application sont en effet à ce jour encore tout à fait inconnues. Ainsi, nous ne savons pas où seront inscrits les reçus au M1, collés au CAPES : devront-ils renoncer à jamais à décrocher le concours et se résoudre à devenir des vacataires ? Nous constatons d’ailleurs, dès cette année, une chute des inscriptions au CAPES d’Histoire-Géographie ainsi que le désarroi dans lequel sont plongés nos étudiants passant le concours cette année en ne sachant toujours pas si les questions académiques en Histoire et Géographie seront maintenues l’an prochain s’ils venaient à devoir repasser le concours.
À nos yeux, cette réforme ne répond donc pas aux objectifs qui devraient être les siens : donner les compétences scientifiques, réflexives et pédagogiques indispensables aux futurs enseignants de l’Éducation nationale. Elle nous semble au contraire mettre en péril le niveau de la formation de ces enseignants, dont on ne cesse pourtant de rappeler le rôle fondamental dans notre République.
C’est pourquoi nous demandons au ministère de retirer ce projet de réforme et d’ouvrir de véritables négociations avec les professionnels de la formation des enseignants que sont les universitaires et les enseignants des INSPE.

Orléans, le 10 décembre 2019


Motions 1 et 2 de Rennes

Motion 1

Motion 2


Formation des enseignants : les faux-semblants de la professionnalisation

Par Un collectif d’historiens et de géographes, Tribune, Libération, 10 décembre 2019.

Les nouvelles dispositions connues de la réforme Blanquer de la formation des enseignant·e·s prévue pour la rentrée 2020 radicalisent la ligne suivie par le ministère de l’Education nationale depuis plusieurs années : au nom de la « professionnalisation » c’est une nouvelle étape dans la dégradation des conditions d’études, dans la précarisation des étudiant·e·s engagé·e·s dans les masters MEEF (master de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) et dans la mise à l’écart de toute la dimension de réflexivité critique de la formation qui est annoncée ainsi qu’un affaiblissement sans précédent de la dimension disciplinaire des épreuves.

En effet les étudiant·e·s concerné·e·s devront préparer un master, assurer en deuxième année un stage en alternance en responsabilité avec un statut de contractuel·le·s et passer le concours de recrutement. Autant dire que le ministère prépare son vivier de contractuel·le·s pour tenter de suppléer aux restrictions de moyens en utilisant des étudiant.e.s précarisé.e.s pour faire classe. A l’inverse du « stage » prévu par la réforme en deuxième année de master (et donc avant de passer le concours), nous restons persuadés qu’une professionnalisation efficace ne peut avoir lieu que dans le cadre d’une véritable formation en alternance comprenant, après le concours, une année d’enseignement en responsabilité, avec décharge significative pour dégager un temps de formation continuée, reposant sur une pratique de classe encadrée et réflexive.
Nécessaire réflexivité critique

Les préconisations de la réforme, adoptées sans réelle concertation avec les acteurs de la formation, prévoient de nouvelles épreuves pour les concours qui aggravent le recul de la place des connaissances disciplinaires et des possibilités de développer la réflexion sur les disciplines et leur enseignement, déjà à l’œuvre dans les précédentes réformes. C’est l’incantation rituelle au « professionnel » ainsi que l’instrumentalisation de la pédagogie considérée comme un ensemble de recettes techniques transmises par la hiérarchie et qu’il suffirait d’appliquer qui servent ici de justifications.

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