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Communiqué des étudiant•es en L3 Histoire de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne relatif au boycott des partiels du 11 et 12 mai

dimanche 13 mai 2018

Pendant que les menaces, les appels à se mobiliser comme "briseurs de grèves" (Aussi je demande à ce que nous fassions communauté. J’invite à une mobilisation massive des enseignants, quelle que soit leur sous-section, pour venir aider les collègues à organiser les examens ce vendredi à 14h30 en Sorbonne, ce samedi au Panthéon à 14h30 pour l’histoire moderne) font rage, pendant que la présidence de Paris 1 refuse de communiquer clairement sur ce qui se passe et se décide, les étudiants de Licence 3 montrent où est la clarté de vue et la maturité.

Non, les partiels ne se déroulent pas normalement ! Les étudiant•es de L3 Histoire de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne refusent de passer leurs examens de fin d’année dans ces conditions !

Depuis le 13 avril, la Sorbonne est fermée aux étudiant•es. De nombreux partiels d’U.E. Complémentaire comme de langues ont été déplacés ou reportés au dernier moment. Par exemple, le mardi 17 avril nous avons été informé.e.s vers 21h que les partiels du lendemain seraient reportés, on ne sait quand ni où, alors que d’autres ont appris vers 23h que leur partiel était maintenu. Les étudiant•es de L3 Histoire, qui se voyaient déjà privé•es de l’accès à leur propre université, ont été soumis•es aux informations contradictoires et aux aléas des décisions du rectorat et de l’administration universitaire. A la suite du constat des conditions d’examens inadmissibles auxquelles sont soumis•es les étudiant•es et dans le cadre de la mobilisation contre la loi ORE, un boycott des partiels (grève des copies) s’est mis en place et ce dans de nombreux UFR tels que celui de Philosophie et celui de Science-Politique. En Géographie, tous les partiels ont été annulés suite à un vote lors du conseil d’UFR.

On recense à ce jour huit partiels annulés ou boycottés par les étudiant•es en L3 Histoire :

- Partiel de Sociologie-anthropologie des techniques et de la connaissance (02/05) boycotté par la majorité

- Partiel d’Histoire et Informatique (02/05) annulé suite au refus de composer de la majorité et dépassement de l’heure limite du début de l’épreuve

- Partiel de Pratique de l’enquête sociologique (04/05) boycotté par la majorité

- Partiels d’Histoire contemporaine (05/05) annulé des suites de la fermeture de la Sorbonne

- Partiel d’Introduction à l’anthropologie (11/05) boycotté par la majorité

- Partiels d’Histoire ancienne (11/05) annulés suite au refus de composer de la majorité

- Partiel d’Histoire sociale du contemporain (12/05) boycotté par la majorité

- Partiels d’Histoire moderne (12/05) annulés suite au refus de composer de la majorité

Depuis la semaine du 30 avril, les premiers partiels de L3 Histoire donnent déjà lieu à un boycott majoritaire. Cela ne cesse d’être le cas depuis la fermeture de la Sorbonne le samedi 5 mai (annoncée la veille), jour du premier partiel d’U.E Fondamentale, à la suite de laquelle les étudiant.es de L3 d’Histoire, mobilisé.es ou non, ont fait ensemble le constat de l’impossibilité de passer leurs examens dans des conditions normales.

Le vendredi 11 mai étaient prévus les partiels d’U.E. fondamentale en Histoire Ancienne. Ceux-ci n’ont pas eu lieu suite à la décision majoritaire des étudiant•es de ne pas rentrer dans les salles pour ne pas composer, au moins avant d’avoir pu se réunir pour voter.

L’annulation de ces partiels n’a pas toujours été réalisée de cette manière puisque des pressions de l’administration et des professeur•es ont parfois mené les étudiant•es à rentrer dans les salles pour voter par matière. Les étudiant•es en tiers-temps ont quant à eux été tenu•es de composer alors même que dans les autres salles les examens n’avaient pas lieu. De manière générale, les partiels répartis dans différentes salles ne se sont pas tenus soit : devant le refus des étudiant•es d’entrer dans les salles d’examens ; à la suite de votes majoritairement opposés à la tenue du partiel ; devant l’absence des conditions nécessaires à la tenue du partiel dans les cas ou les enseignant•es ont refusé de laisser se tenir un vote dans la salle d’examen, ce qui a donné lieu à l’intervention des étudiant•es venant des autres salles et à l’annulation du partiel.

Samedi 12 mai après-midi, la totalité des partiels d’U.E. fondamentale en Histoire Moderne ont été annulés ou « reportés » selon les termes utilisés par l’administration et les professeur•es, suite aux votes majoritairement opposés à leur tenue ou suite à leur invalidité (dépassement de l’heure limite de début de l’épreuve, c’est à dire une heure après l’heure de convocation officielle).

Plusieurs enseignant•es ont exprimé depuis vendredi leur incompréhension devant le refus des étudiant•es de passer des partiels quand bien même les conditions de leurs tenues seraient réunies. Nous répétons que ce sont non seulement les conditions de passage, mais également et avant tout les conditions de préparation des examens qui ne permettent pas d’assurer aux étudiant•es des conditions honnêtes et équitables de passage des examens. Notre refus de passer l’ensemble des examens auxquels nous sommes convoqués, répond dès lors à notre volonté d’être entendu•es, puisque cela n’a toujours pas été le cas, bien que nous ayons exprimé depuis le samedi 5 mai notre volonté unanime de les annuler au profit de modalités d’évaluations équitables et adaptées au contexte de préparation des examens.

Nous rappelons en effet que le contexte qui dure depuis maintenant un mois n’est en aucun cas propice à la tenue des examens pour tous les étudiant.es de L3. Nous sommes conscients du fait que plusieurs étudiant.es se sont montré•es prêt•es à passer leurs examens, et que certain•es enseignant•es refusent pour cela d’annuler la tenue d’un partiel. Cependant, la solution consistant à faire composer les étudiant•es qui le souhaitent, et proposer à celleux qui ne le souhaitent pas de se déclarer grévistes, déplace totalement la focale des dysfonctionnements que nous dénonçons.

En effet, il serait faux, et relèverait d’un manque de considération totale de la situation des étudiant•es, de considérer que les étudiant•es ne souhaitant pas composer sont seulement celleux mobilisé•es contre la loi ORE. Nous répétons que le refus de la tenue partiels fait suite à une situation généralisée aux étudiant•es, qu’iels soient mobilisé•es ou non, dans l’impossibilité de réviser normalement, et dans des conditions équitables, depuis la semaine du 13 avril. Il nous paraît totalement inacceptable de la part de la présidence de l’université et de la direction de l’UFR de sous-estimer et d’ignorer les conséquences du contexte de préparation des examens sur les étudiant.es. Certain•es étudiant•es peuvent être en mesure de réviser et de composer malgré les conditions pédagogiques que nous avons maintes fois dénoncées. Cependant, il ne s’agit en aucun cas de la situation de la majorité des étudiant•es.

Nous ne demandons pas, comme cela nous a pu être avancé par certain•es enseignant•es (parfois par manque de compréhension voire de méconnaissance des modalités d’évaluation que nous avons proposé), de simplement annuler les partiels et faire valider la Licence sans autre formes d’évaluations. Nous avons en ce sens proposé des modalités d’évaluations, qui permettraient à la fois de mettre fin à cette situation pédagogique inégale et injuste pour les étudiant•es, et permettrait à chacun•e de clore sa Licence dans des conditions équitables, tout en respectant le mérite et le travail de chacun•e. Il ne s’agit en aucun de dévaloriser un diplôme qui sera dans tous les cas obtenu ou non en fonction de l’investissement et de la capacité de travail de chacun•e, tout en assurant des conditions sereines et équitables de travail.

L’ensemble des étudiant•es de L3 parvenu•es au terme d’une dynamique longue de six semestres, doivent être en droit de passer leurs examens dans des conditions honnêtes et équitables, qui doivent celles être auxquelles l’ensemble des étudiant•es parvenu•es au terme de leur Licence sont en droit d’accéder.

Dès lors, considérer que les partiels peuvent et doivent se tenir, et ne demander qu’aux étudiant•es grévistes de ne pas composer, revient à voiler derrière le contexte de la mobilisation politique la défaillance pédagogique de l’université, dont l’ensemble des étudiant•es, qu’iels soient mobilisé•es ou non, subissent les conséquences.

Affirmer que les partiels peuvent se dérouler normalement (quand les conditions sont pour cela réunies), équivaut à ignorer les conditions de préparation des examens. Affirmer que le bon déroulement des examens est entravé par les étudiant•es qui refusent de les passer équivaut à ignorer la défaillance de l’Université dans sa mission pédagogique, et dans la direction, l’organisation, et la communication qui sont celles que nous connaissons depuis un mois.

Malgré la volonté des étudiant•es d’établir un dialogue avec l’administration, la rencontre avec le directeur de l’UFR d’Histoire, n’a rien donnée. Il semblerait que nos « examens n’aient pas été perturbés ». De ce fait, aucune solution alternative n’aurait pour le moment été envisagée. Les étudiant•es de L3 Histoire, sont confronté•es à une administration qui ne les écoute pas, et ne prend pas en compte leur ressenti ou leurs revendications. Pourtant, notre premier communiqué, qui émane de l’AG du samedi 5 mai, témoigne de l’unité des étudiant•es en L3 Histoire face aux dysfonctionnements et aux manœuvres illégales et pénalisantes de l’administration de l’UFR, ainsi que de l’Université.

De fait, l’allongement de la période d’examens du 19 mai au 26 mai, décidée par M. Georges Haddad, n’a pas été voté en conseil de CFVU. Les reports et délocalisations de nombreux partiels (dont certains d’U.E. complémentaire en Histoire) ont parfois eu lieu sous moins de 10 jours, et nous n’avons dans certains cas pas toujours eu de convocation officielle et réglementaire en temps et en heure avant les examens.

C’est pourquoi nous rappelons que ce sont ni la situation des étudiant.es mobilisé.es, ni même les troubles subis durant le semestre, en rien comparable à ceux des L1 et des L2, qui ont justifié le refus de la tenue des examens, mais bien leur organisation et leur utilisation politique.

Alors que l’avis des étudiant•es n’est en aucun cas pris en compte et face à leur choix de boycotter les examens, les étudiant•es de L3 histoire ont été victimes de menaces de la part de l’administration et ce à plusieurs reprises : vendredi matin lors du boycott du partiel d’Introduction à l’Anthropologie (cf. communiqué du 11 mai), puis l’après-midi lors de l’annulation des partiels d’Histoire Ancienne, et de même le lendemain. Certains membres de l’administration comme certains professeur•es ont menacé les étudiant•es de défaillance, de 0, de problèmes dans leur accession aux Masters, aux écoles, aux stages… Un étudiant qui expliquait la nécessité du boycott dans le cadre d’un argumentaire précédant le vote d’un partiel a même été pris à parti personnellement et menacé de diffamation envers l’Université. Vendredi 11 mai, il a été refusé à certain•es étudiant•es d’organiser un vote concernant la tenue ou non de leur partiel d’Histoire Ancienne dans la salle d’examen, voire même d’y entrer si iels ne souhaitaient pas composer. Une professeure a également été menacée de poursuites administratives et d’un conseil disciplinaire pour avoir témoigné sa compréhension et son soutien au mouvement de grève des copies.

Toutes ces manœuvres ne sont qu’une preuve de plus de l’ingérence politique de l’administration universitaire face à la prise en main de la situation par les étudiant•es. Les étudiant•es de L3 Histoire condamnent ces pratiques d’intimidation.

Nous dénonçons le manque cruel de prise de conscience de l’absence d’équité pédagogique dans la tenue de nos examens. Les maintenir à tout prix, quand bien même les étudiant•es qui le souhaiteraient pourraient continuer de se déclarer grévistes, montre bien que nous ne sommes ni entendus, ni même écoutés.

Nous refusons dès lors de passer les examens qui sont maintenus malgré tout, en faisant fi d’une situation dont on cherche à montrer qu’elle est normale, en dépit de nos alertes adressées à la fois au corps enseignant et à la direction.

Nous ne pouvons que regretter le manque de compréhension et de considération de l’administration et de l’UFR alors même que depuis plus d’une semaine nous avons explicitement formulé notre refus de passer les examens pour toutes les raisons énoncées, et proposé des solutions alternatives. Celles-ci n’ont pour le moment pas été considérées. En conséquence, et en attendant que cela soit le cas, il ne peut en aucun cas être surprenant que nous refusions systématiquement de passer nos examens, si nos demandes concernant ces derniers n’ont pas été entendues, et discutées.

De plus, nous dénonçons l’utilisation politique de notre lieu universitaire ainsi que des partiels. Le samedi 5 mai, la fermeture de la fac qui a entraîné l’annulation, annoncée la veille pour le lendemain, du partiel d’Histoire Contemporaine était due à la crainte des répercussions de la manifestation de la « Fête à Macron » se tenant le même jour, alors que les étudiant•es ont quant à eux été informé•es d’un « manque de personnel du fait de congés ». Depuis le 12 avril, le rectorat et le ministère utilisent comme excuse une assemblée générale avortée le 12 avril, dont le sujet n’était autre que la réforme des universités, pour verrouiller la Sorbonne. Le quartier demeure quadrillé par les CRS en armes qui, encore un mois jour pour jour après cette malheureuse AG, nous fouillent, nous contrôlent et nous escortent jusqu’à l’entrée de nos partiels.

Les étudiant•es en L3 Histoire dénoncent de fait l’instrumentalisation politique de leurs examens. L’omniprésence policière aux abords de la faculté, voire en son sein, comme l’atteste la présence illégale d’agents des services des renseignements dans les locaux que les étudiant•es et professeur•es ont pu le constater et le dénoncer, ne font que confirmer la véracité de cette affirmation. Pour beaucoup, il ne s’agit ici de rien d’autre qu’une tentative d’étouffement de toute critique à l’encontre d’un système universitaire voulu comme sélectif, archaïque et inégalitaire.

Les partiels sont devenus un enjeu politique, et, malgré nous, nous faisons à notre tour de la politique. Nous refusons la gestion administrative catastrophique d’une université qui s’obstine à faire passer des examens dans de telles conditions, quitte à débourser 416 000 euros comme cela a été fait pour délocaliser les partiels, au lieu de rémunérer dignement ses enseignant•es, titulaires comme vacataires.

Et pourquoi ne pas consacrer davantage de moyens au recrutement d’enseignant•es ? Pourquoi appliquer la sélection plutôt que de remédier à la surcharge des cours par une multiplication des postes et des enseignements ?

Nous refusons de subir une situation dont nous dénonçons l’absurdité pédagogique autant que l’utilisation politique. Nous restons unis devant notre refus de continuer à devoir passer « normalement » des examens dans des conditions anormales depuis trop longtemps. Nous constatons et déplorons au-delà même de l’inacceptable organisation des examens, le manque de considération à l’égard des étudiant•es.

En conséquence de tout cela, nous répondons sans équivoque : plus de considération, plus de moyens, ou pas d’examens !