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RECHERCHE PUBLIQUE : CE QUE NOUS VOULONS. SNCS HEBDO 12 N°6 DU 3 MAI 2012

samedi 5 mai 2012, par Alain

Le monde universitaire et de la recherche scientifique est aujourd’hui épuisé : le Pacte pour la recherche, la loi LRU ont fait leur oeuvre. Nous sommes, à la veille d’un changement de gouvernement, à la croisée des chemins. Le gouvernement présente sa démolition générale de l’enseignement supérieur et de la recherche comme une réforme à succès sur laquelle personne ne reviendra. Il est temps de changer de cap, il y a urgence à reconstruire. Pour cela des signes forts doivent être donnés à la communauté scientifique. Une autre politique de la recherche publique doit être engagée au plus vite si la France veut rester au premier rang dans l’avancée des connaissances. Rien n’est gravé dans le marbre : quand une politique a détruit, une autre peut reconstruire.

À l’heure où s’opère le bilan du sarkozysme, devra-t-on accepter que la politique scientifique menée depuis 2007 soit présentée comme un succès ou comme un moindre mal ? Cette politique menée sous couvert d’ « excellence » et de « compétition internationale » a en vérité suscité l’opposition de la communauté scientifique tout entière, à l’exception d’une mince technostructure depuis longtemps coupée de la recherche. À l’heure des bilans, on ne devra pas oublier que les plus vastes mouvements sociaux du quinquennat sont ceux qui ont porté sur les retraites en 2010 et sur l’université et la recherche en 2009. La résistance à la destruction du CNRS et des organismes de recherche s’est quant à elle organisée dès juin 2007. À chaque fois, le SNCS aura été au centre du combat.

De fait, l’accumulation des « réformes » (loi LRU en 2007, restructuration du CNRS en Instituts et création des Alliances en 2008, Grand emprunt depuis 2009, mais aussi loi Pacte pour la recherche de 2006) a fortement dénaturé la mission première des organismes de recherche : conduire une politique scientifique réellement autonome, c’est-à-dire conforme à l’intérêt général. La politique menée a au contraire stérilisé la créativité en surchargeant les scientifiques de tâches inutiles ; elle a transformé la recherche en compétition entre les territoires, les régions, les établissements, les laboratoires et même les individus. Si l’on connaît mal les constellations de facteurs qui font qu’un individu est créatif ou qu’un milieu est plus particulièrement favorable à l’émergence de processus créatifs, on sait en revanche très bien comment éteindre toute velléité de curiosité et d’engagement intellectuel*. C’est ce qui a été mis en oeuvre par la politique ultra-libérale des gouvernements qui se sont succédé depuis dix ans. Le résultat en est un grand gaspillage d’énergies, de compétences et de moyens, un déni de démocratie, la restauration tous azimuts du mandarinat et la création de déserts universitaires.

Jusqu’à la veille d’échéances électorales importantes, le gouvernement a fait passer en force les conventions des « Initiatives d’Excellence » (IdEx), alors même que les personnels découvrent peu à peu le caractère mandarinal de ces nouvelles structures placées au service des intérêts politiques et financiers. Les IdEx sont une catastrophe tout à la fois pour ceux qui en sont exclus (désertification de la carte universitaire française) et pour les personnels des établissements sélectionnés qui se verront imposer une gouvernance de fer. Le SNCS exige la suppression immédiate des IdEx et l’annulation des conventions déjà signées entre les établissements porteurs et l’État.

Le SNCS appelle à une reconstruction de la science en France. Des signes forts doivent être donnés à la communauté scientifique dès la mise en place d’un nouveau gouvernement, si celui-ci a la volonté de refonder la politique scientifique.

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