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"Il y a un risque lourd pour un universitaire qui verrait sa recherche mal notée", Patrick Lallemant, Vousnousils, 15 avril 2011
mercredi 27 avril 2011
15.04.2011
"Il y a un risque lourd pour un universitaire qui verrait sa recherche mal notée"
Les modalités de l’évaluation des enseignants-chercheurs doivent évoluer à la rentrée prochaine, avec notamment une évaluation quadriennale. Le Conseil national des universités est chargé de formuler des propositions pour sa mise en oeuvre, sans savoir toutefois si elles seront prises en compte !
A chaque fois qu’il sera candidat à une promotion et, quoi qu’il arrive, au moins une fois tous les quatre ans, chaque enseignant-chercheur devra établir un rapport mentionnant l’ensemble de ses activités et leurs évolutions éventuelles. « La procédure sera en effet d’abord , rappelle Frédéric Sudre, le président du Conseil national des universités (CNU), et commencera par un avis du conseil d’administration de l’établissement sur les activités pédagogiques et administratives de l’enseignant-chercheur. Le CNU émettra ensuite un avis sur la totalité de l’activité ».
Deux rubriques
Discuté le 11 mars dernier en séance plénière, le document de travail de la CP-CNU prévoit notamment que son évaluation s’appuie sur une fiche standard, destinée à harmoniser les pratiques.
Ce formulaire comporte deux rubriques. La première indique l’avis de la section du CNU sur les activités de l’enseignant-chercheur évalué. Il peut être de quatre ordres, que détaille Frédéric Sudre : « L’avis positif indiquera que l’ensemble de l’activité est satisfaisant ; l’avis réservé traduira l’identification par la section d’un ou plusieurs éléments à améliorer. Les avis d’alerte ou différé signifieront que l’activité de l’enseignant-chercheur doit évoluer ou que l’établissement doit lui fournir des conditions d’activité plus satisfaisante ».
La seconde rubrique, « Motivations et recommandations », permettra d’adresser un avis circonstancié et détaillé, à la fois à l’enseignant-chercheur et à l’établissement. Pas question, en revanche, de préétablir une grille accordant tel barème aux activités de recherche et tel coefficient à l’enseignement. « On peut très bien admettre que, pendant trois ou quatre ans, un enseignant-chercheur qui a occupé des fonctions administratives importantes n’ait pas eu le temps d’avoir une production scientifique suffisante ! C’est la globalité des activités pédagogiques, scientifiques et administratives qui doit être prise en compte. »
Pas d’évaluation sanction
Malgré cette déclaration d’intention, les syndicats redoutent des évaluations « à charge » et arbitraires, à l’image de Stéphane Tassel, le président du Snesup-FSU, premier syndicat chez les enseignants-chercheurs : « Nous récusons la logique promue par le gouvernement d’une évaluation couperet. Car, derrière cette évaluation, il y a un risque lourd quant à l’avenir d’un collègue qui verrait sa recherche mal notée. Or, nous voyons déjà apparaître au niveau local des dérives et des diversités dans l’interprétation des textes pour reclasser un collègue ».
A ce propos, la CP-CNU se veut toutefois rassurante. « Depuis le départ, nous ne sommes pas favorables à l’évaluation quadriennale telle qu’elle est issue de la loi LRU (1) et nous avons des doutes sur son utilité. Nous devons toutefois l’appliquer, puisqu’elle est inscrite dans la loi. Nous concevons notre fonction comme une garantie pour les enseignants-chercheurs contre toute utilisation de ces évaluations qui prendrait la forme d’une sanction de la part des établissements. D’autant que nous considérons que la plus grande partie des enseignants-chercheurs fait correctement son travail ! »
L’incertitude demeure