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Laurent Batsch : "Nous devons mobiliser toutes les ressources financières disponibles" - Les Echos, 5 février 2010

vendredi 5 février 2010

L’université Paris-Dauphine vient de décider d’augmenter les frais de scolarité d’une vingtaine de ses masters, qui passent de 231 euros à 4.000 euros au maximum - avec une exemption pour tous les boursiers et un barême dégressif pour d’autres étudiants ("Les Echos" du 9 février). Une décision accueillir prudemment par la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, mais vivement critiquée par l’Unef, le principal syndicat étudiant. Le patron de Dauphine s’explique et évoque ses projets pour l’université.

Vous attendiez-vous à un tel tohu-bohu après le vote de votre conseil d’administration, lundi ?

Les frais de scolarité sont un sujet sensible, certes. Mais chacun comprend que les besoins de financement de l’université exigent de recourir à toutes les ressources disponibles. De plus, le "retour sur investissement" de certains diplômes, en termes de salaire et d’emploi pour chaque étudiant, est tel qu’il légitime une participation financière des étudiants. J’observe que, dans l’ensemble, les réactions ont été mesurées. Elles ne recouvrent pas les clivages traditionnels - politiques, notamment. Preuve que, sur ce sujet, les mentalités évoluent. Et parmi les étudiants, au-delà des questions légitimes, il y a une très large compréhension de notre démarche.

Il faut aussi souligner que la décision prise par le conseil d’administration de Dauphine n’engage que Dauphine, c’est une décision locale. L’autonomie des établissements universitaires, c’est aussi la liberté d’agir sur certains sujets, il faudra bien s’y faire.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a indiqué qu’elle allait faire vérifier la légalité de cette mesure. Qu’en pensez-vous ?

C’est tout à fait normal, nous sommes tout à fait en phase avec la réaction de la Ministre. Les diplômes de "grand établissement" que nous avons créés à l’occasion de notre nouveau contrat quadriennal ne sont pas soumis à la législation des diplômes nationaux, et nous sommes très sereins sur ce terrain. Nous avons voulu affirmer, avec ces diplômes estampillés "Dauphine", que nous avions suffisamment confiance dans la qualité de nos formations, pour dépasser le cadre du diplôme national. C’est encore une manière de nous inscrire dans la compétition internationale.

Quel bénéfice concret vos étudiants peuvent-ils attendre de cette manne supplémentaire ?

Nous allons offrir des bourses d’université à des étudiants défavorisés. Nous voulons aussi améliorer l’organisation de nos cursus, afin que chaque étudiant sortant de master 1 puisse accéder à un master 2 attractif et en rapport avec ses préférences, ce qui n’est pas toujours le cas aujourd’hui. Nous allons renforcer significativement l’encadrement pédagogique de nos étudiants - avec du tutorat. Et il faudra aussi dégager les moyens pour recruter des professeurs. A titre indicatif, l’université de Chicago compte un professeur pour 5 ou 6 étudiants, quand nous en avons un pour 30. Enfin, nous voulons améliorer la qualité de l’ensemble de nos services. Il y aura donc bien un bénéfice mesurable pour les étudiants.

N’était-il pas maladroit d’annoncer ce projet juste après la polémique sur les boursiers dans les grandes écoles ?

Il fallait le faire maintenant, car nos étudiants sont en train de télécharger leurs dossiers d’inscription. Ils doivent savoir où ils vont mettre les pieds l’an prochain. Il n’y avait donc pas le choix pour la date. Sur le fond, la progressivité de notre dispositif intègre justement les difficultés financière de certains, notamment les étudiants de familles appartenant aux classes moyennes. Mais certains étudiants paient quatre fois plus cher pour des cursus équivalents aux nôtres, et cela ne scandalise personne.

Vous sentez-vous concerné par l’objectif de 30% de boursiers assigné aux grandes écoles ?

Nous sommes très actifs en faveur de l’égalité des chances. La question figure en bonne place dans notre Contrat quadriennal. Avec une vingtaine de lycées de Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine, nous travaillons à mettre sur pied un dispositif de cours "renforcés" pour des élèves de première et terminale, et instaurer un parrainage de type "cordée de la réussite". Cela nous conduira à accroître sensiblement notre taux de boursiers, qui est aujourd’hui de l’ordre de 15%. Le système de bourses "dauphinoises", permis par l’évolution des droits, y contribuera aussi.

Avec cette mesure, Dauphine ne risque-t-elle pas de renforcer son image de "fac de riches" ?

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