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Pétition SLR "Nous refusons d’être les complices actifs d’une politique scientifique désastreuse"

mardi 7 octobre 2008, par Laurence

Sur le site de SLR, le texte d’une pétition que plusieurs d’entre nous ont signé et que SLU soutient vivement. Vous trouverez aussi les objections à ce texte sur la même page.

Le texte :

"La France est en train de vivre une véritable mutation de l’organisation de l’enseignement supérieur et de la recherche et des valeurs qui les sous-tendent. Une partie croissante de ses activités est effectuée sur des contrats à court terme, faisant appel à des personnels précaires. Les choix scientifiques et pédagogiques sont de moins en moins définis par des scientifiques (enseignants-chercheurs, chercheurs, ingénieurs). Ce qui prime désormais est leur utilité supposée, définie par les services ministériels, qui fixeront régulièrement de nouveaux objectifs applicables à tous. La production et la transmission de connaissances sont censées sauver l’économie et doivent désormais être évaluées et pilotées dans ce seul but. Pour cela, évaluation et gestion de la recherche et de l’enseignement supérieur doivent être fondées sur des indicateurs simplifiés au point de devenir néfastes. Les sources de financement se multiplient et sont morcelées, mais répondent au même modèle, ce qui ne fait qu’accroître les charges administratives des acteurs de la recherche académique sans offrir de diversité. Cela conduira irrémédiablement à l’abandon de nombreuses thématiques.

Ces évolutions sont imposées au mépris de toutes les mises en garde émises par la communauté scientifique. La priorité censée être donnée à la recherche et l’enseignement supérieur se traduit dans les faits par la suppression de 900 postes dans ces secteurs, par un budget réel calamiteux (voir Budget 2009 : le (la) sinistre de la recherche), par un "plan Campus" qui ne va laisser dans des régions entières (Nord, Bretagne) que des universités sous-financées.

Ce nouveau mode de gestion de la recherche et de l’enseignement supérieur s’appuie sur deux structures récentes : l’ANR et l’AERES. La première absorbe l’essentiel des crédits et prive ainsi universités et grands organismes de leurs moyens, donc de toute autonomie scientifique. Elle aboutit à un système déstructuré dans lequel il n’y aurait plus d’intermédiaire solide (laboratoires, Instituts, lieux propices à une activité collective, une mutualisation) entre le ministère et des équipes individuelles. Ces dernières sont mises en compétition les unes avec les autres pour se disputer des fonds publics. Seules les plus grosses et les mieux établies s’en sortiront (exactement comme le plan Campus, qui aboutit à laminer les petites universités, aussi dynamiques soient-elles). L’ANR est en outre à l’origine de la prolifération de postes précaires qui, allant de pair avec une réduction du nombre de postes statutaires, crée une véritable bombe à retardement. Quant à l’AERES, dont les membres sont tous nommés, elle vient se substituer aux structures collégiales d’évaluation (CoNRS, CNU). Quel que soit le sérieux du travail effectué par les experts, leurs rapports passent ensuite par une série opaque de filtres et reformulations dont ce qui ressort a plus d’une fois étonné et choqué les personnes concernées.

En juin 2008, à l’appel de SLR, 15 000 personnes se sont engagées à n’accomplir aucune tâche qui contribuerait à affaiblir les fondements de notre activité et son avenir à court terme, si le gouvernement ne tenait pas compte des demandes qui lui étaient faites. Le gouvernement a fait des choix, pris ses responsabilités. Nous prenons les nôtres.

Nous refusons de contribuer à cette déstructuration de l’enseignement supérieur et de la recherche. Nous nous engageons donc à refuser désormais de fournir des expertises pour l’ANR ou l’AERES, et ce, tant qu’il n’y aura pas de signes clairs d’un changement de cette politique, qui se traduise notamment en termes de budget, et par le fait que des postes statutaires soient créés et non supprimés.

Nous sommes en désaccord profond avec la politique scientifique du gouvernement et refusons d’en être les complices. Nous défendrons une autre politique, plus conforme aux intérêts de notre pays et à notre conception de la recherche et de l’enseignement."