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Les universitaires sollicités pour participer au "débat" sur "l’identité nationale" (nov-décembre 2009)

jeudi 3 décembre 2009, par Laurence

A noter sur Médiapart, depuis le 2 décembre, un appel lancé par le journal et plusieurs personnalités "Nous ne débattrons pas de "l’identité nationale", appel voulant être "à l’origine d’une grande pétition citoyenne qui suscite un vaste rassemblement."

Courrier adressé à un enseignant-chercheur de l’université de Nantes

"Monsieur,

[…]

Dans le cadre du débat sur l’identité nationale, le préfet accueille, vendredi 11 décembre 2009, à 18h30, à la préfecture, monsieur Jean-François SIRINELLI, professeur d’histoire contemporaine à SciencesPo, directeur du centre d’histoire de SciencesPo.

La réunion sera présidée par monsieur le préfet, Jean DAUBIGNY. Monsieur SIRINELLI interviendra sur le thème "identité nationale et République". Son intervention sera suivie de celle de monsieur MENARD, le délégué régional à la recherche. Le débat sera ensuite ouvert à la salle.

Le préfet souhaiterait que l’auditoire soit composé de lycéens et d’étudiants. Il souhaiterait tout particulièrement que les étudiants et enseignants en lettres et langage puissent participer à l’événement.

Il vous serait reconnaissant de bien vouloir diffuser l’invitation auprès des enseignants et étudiants. Vous trouverez en pièce jointe le carton d’invitation.

Pour toute question, n’hésitez pas à me joindre …]

Bien cordialement, […]"

Communiqué de la section de Tours du SNESUP (25 novembre 2009)

La préfecture d’Indre-et-Loire a sollicité les historiens et les sociologues de l’Université de Tours afin qu’ils participent aux débats locaux sur l’identité nationale, organisés, sous les auspices de la préfecture et des députés UMP Claude Greff et Philippe Briand, dans le cadre du débat national voulu par le ministre de l’immigration et de l’identité nationale. La section SNESUP de l’Université de Tours s’étonne d’abord qu’un gouvernement qui conduit depuis plusieurs années une politique hostile aux sciences humaines et sociales - et plus généralement aux savoirs (et aux chercheurs) - découvre brutalement les vertus et l’utilité de ces disciplines, dès lors qu’il estime qu’elles pourraient le servir. Mais surtout, le SNESUP ne peut que constater l’instrumentalisation de ce prétendu débat par le gouvernement à des fins réactionnaires et racistes. Le SNESUP appelle donc les enseignants-chercheurs de l’Université de Tours à refuser de participer à ces débats.