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Motion votée au CE de l’IUFM de Reims du 7 octobre sur les stages en responsabilité.

vendredi 9 octobre 2009

Motion votée au CE de l’IUFM de Reims du 7 octobre sur les stages en responsabilité.

Conseil d’école du mercredi 7 octobre 2009 IUFM de l’Académie de Reims. Motion présentée par la FSU.

Dans le cadre de la réforme dite « mastérisation des enseignants », le ministère a publié une circulaire le 20 août 2009 qui propose à cette rentrée 50 000 « stages en responsabilité » de 108h maximum aux étudiants inscrits aux concours d’enseignants (1er et 2nd degré) et de
conseillers principaux d’éducation.

Selon l’annexe de ce texte, pour l’académie de Reims, cela représente 1150 stages (rémunérés environ 3000 euros pour le maximum de 108 heures) à mettre en place dans la plus grande précipitation. La mise en place de ces stages ignore totalement, en s’y surajoutant brutalement, les dispositifs de formations des enseignants préparés et définis dans les IUFM et les UFR.

L’intérêt de ces stages ainsi conçus est inadéquat avec les objectifs et finalités de la formation des enseignants et des CPE .

- Les étudiants ne pourront mener de front stages, préparation au concours et master en conservant des chances sérieuses de réussite.

- Où et quand trouver des classes sans enseignant qui pourront être prises en responsabilité par ces étudiants ? Pour le premier degré, il est question de remplacer les enseignants en formation. Pour le second degré, serait-ce des postes non pourvus à la rentrée comme il y en a de plus en plus du fait du non remplacement des départs à la retraite. Dans ce dernier cas, les élèves verraient toutes les trois, quatre ou cinq semaines un nouvel étudiant assurer un enseignement dans le cadre de ces stages. Seront-ils utilisés pour remplacer les enseignants sur des absences longues ou moyennes ? Dans tous les cas, les étudiants seraient donc utilisés pour palier l’insuffisance des effectifs de personnel enseignant. La priorité sera donc donnée à la gestion et non à la formation.

- Les villes sites d’universités pourront-elles absorber tous les étudiants stagiaires ou seront-ils amenés à se déplacer quelquefois sur de longs trajets comme les contractuels ou les vacataires ? Leurs frais de déplacement seront-ils remboursés ?

- Il est évident qu’il n y a aucun souci de formation des étudiants à l’origine de ces stages et, plus grave encore, les intérêts des élèves sont ignorés. Quel sera le destin des ces étudiants et des élèves qu’ils auront en responsabilité ? Citons la circulaire :« Selon les cas, un enseignant, un documentaliste ou un C.P.E. référent sera désigné, pour les stages en responsabilité. Il donnera un avis sur la définition de l’emploi du temps de l’étudiant stagiaire. Il assurera auprès de l’étudiant stagiaire un rôle de conseil et de formation, en particulier pour les étudiants intervenant en stage en responsabilité ». Les rectorats trouveront-ils les centaines de « référents » nécessaires alors que les collègues sont de plus en plus nombreux à être confrontés à des classes chargées ou surchargées, à des services partagés (pour la Marne ce sont plus de 120 collègues de collèges qui travaillent sur au moins deux établissements). Enfin ces référents improviseront-ils la prise en charge d’un stagiaire ? Auront-ils une formation à ce sujet ou suppose-t-on que le métier d’enseignant se transmet par simple mimétisme ou compagnonnage ? Seront-ils indemnisés ? Et à quelle hauteur ?

- Par ailleurs, lors de ce contact avec l’enseignement, les étudiants subiront de plein fouet la dégradation globale des conditions d’enseignements : ne citons que les classes de lycée dont les effectifs dépassent souvent les 35 élèves, les classes de collèges de plus en plus nombreuses à approcher les 30 élèves . Au total, l’intérêt majeur pour les étudiants sera de trouver un moyen de financer leurs études alors que beaucoup d’entre eux vivent une situation sociale bien difficile.

Sans doute, le ministère n’a pas encore pris le temps de réfléchir aux questions que nous venons de poser vu la soudaineté avec laquelle a surgi le texte. De même certaines questions juridiques restent latentes : responsabilité, retraites, accident du travail. Notons que ce texte fut signé le 20 août, et que les rectorats depuis la fin de l’année scolaire précédente voyaient se profiler les difficultés qui ont marqué la rentrée : classes sans professeurs, établissements sans documentalistes, sans CPE, remplacements impossibles à assurer en de nombreux lieux. En fait, on peut se demander si les questions que nous avons soulevées et qui concerne la formation des enseignants intéresse vraiment le ministère ou s’il ne se soucie pas tout simplement de trouver des moyens d’enseignement au plus vite.

En somme, après avoir laissé la situation sociale des étudiants se dégrader, après avoir refusé des allocations pour des études dont la durée s’allonge pour beaucoup, le ministère les appâte avec ces stages rémunérés qui ne pourront pas être des moments de formation. Mais ces stages ont un double intérêt pour le ministère. A très court terme, le sortir de la situation impossible où il s’est mis avec les suppressions de postes menées depuis des années. A moyen terme il pourra continuer de maintenir le nombre de postes au concours à un niveau bas en utilisant, les étudiants qui préparent ces concours. Attitude qui pourrait être assimilée à du cynisme.

C’est pourquoi, le CE refuse que les étudiants soient considérés comme des travailleurs contractuels et utilisés comme moyens d’enseignement ou remplaçants.
Le conseil d’école demande solennellement qu’aucun étudiant ne soit mis en responsabilité seul devant des élèves avant sa réussite au concours.

17 pour, 4 abstentions et 1 contre.