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Futurs profs, Chatel corrige sa copie au minimum, Laurent Mouloud, L’Humanité, 24 mai 2011
mercredi 25 mai 2011
Le ministre Luc Chatel a annoncé hier la création, à la rentrée prochaine, de « masters en alternance » afin d’améliorer le volet professionnel de la réforme très critiquée de la formation des maîtres.
Les syndicats réclamaient une « remise à plat ». Finalement, la très contestée réforme de la formation des enseignants ne fera l’objet que de quelques « améliorations » à la rentrée prochaine, que le ministre Luc Chatel a présentées hier. Principale annonce : la création de « masters en alternance », censés renforcer la formation professionnelle des futurs profs.
Mis en place depuis septembre, la réforme dite de « mastérisation » a élevé le niveau de recrutement de tous les enseignants à master 2 (bac + 5) et confié leur formation aux universités. Problème : les masters proposés sont moins axés sur la pratique que ne l’était la formation en IUFM. Et beaucoup de nouveaux profs sont arrivés en septembre devant les élèves sans aucune expérience d’une classe. En janvier, Sarkozy, lui-même, a demandé des « ajustements ».
Le master en alternance présenté hier permettra, cette fois, aux étudiants de signer dès la quatrième année d’études (master 1) un contrat d’enseignement de trois à six heures par semaine, ou bien d’occuper un poste d’assistant pédagogique à mi-temps, parallèlement à leur formation universitaire. Les deux seront rémunérés : de 3 000 à 6 000 euros par an dans le premier cas ; 560 euros par mois dans le second.
Le dispositif, lancé dans une trentaine d’universités, ne concernera pour l’instant que « quelques centaines d’étudiants » choisis « sur des critères académiques et sociaux ». Sans plus de précision. Même flou quant à la nature des stages proposés en alternance. Serviront-ils à une vraie formation ou seront-ils là pour remplacer des titulaires à moindres frais ?
Reste, enfin, la situation des professeurs stagiaires, lauréats des concours. Hier, Luc Chatel a affirmé que tous seront affectés à « des postes fixes à temps complet » à la rentrée prochaine, alors que beaucoup étaient cette année remplaçants. Bizarre : la circulaire du 19 mai est moins affirmative, prenant soin d’ajouter : « Dans toute la mesure du possible… » Elle révèle – ce que Luc Chatel n’a pas dit hier – que les profs stagiaires ne bénéficieront plus, cette année, du dispositif qui les plaçait en binômes, avec un maître formateur, jusqu’à la Toussaint. « Une entrée dans le métier sans filet », s’agace le SNUipp-FSU qui continue de réclamer « l’abandon de la réforme ».
Les maires veulent des profs
La très puissante Association des maires de France (AMF) a réclamé hier au ministre de l’Éducation nationale, Luc Chatel, l’arrêt des suppressions de postes dans le primaire. Le président de l’AMF, Jacques Pélissard (UMP), va saisir le gouvernement pour « contester la méthode d’élaboration de la carte scolaire 2011 et demander qu’une analyse objective des besoins scolaires soit effectuée préalablement à toute décision de réduction d’effectifs ». Le bureau de l’AMF demande également « de clarifier le concept ‘‘d’environnement social défavorisé’’ ouvrant droit à la scolarisation des enfants de moins de 3 ans ». Cette dernière est en chute libre depuis une dizaine d’années. Le ministère de l’Éducation nationale prévoit la suppression de 8 967 postes d’enseignants du premier degré en septembre, entraînant la disparition de 1 500 classes.
Laurent Mouloud