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"L’insincérité des budgets 2014", blog de Pierre Dubois, 18 décembre 2013.
mercredi 18 décembre 2013, par
Les Conseils d’administration des universités doivent voter, avant fin décembre 2013, leur budget 2014. Ce budget doit être équilibré (ne peut être voté un budget en déficit) et sincère (interdiction de dépenses sous-estimées et de recettes surestimées).
Chronique du soir sur la sincérité ou l’insincérité des budgets 2014. Chronique d’une journée où le blogueur a eu envie de jeter l’éponge parce qu’il ne peut plus faire face aux communiqués qui lui parviennent de plusieurs universités. Priorité accordée aux batailles de communiqués de deux universités fusionnées : université de Lorraine et université de Strasbourg. Lorraine : deux communiqués en opposition. Strasbourg : quatre communiqués dans la journée : Assemblée des étudiants, Motion de cette AG, Communiqué de 9 élus qui ont boycotté le Conseil d’administration, Communiqué de presse de la Présidence.
Point de vue. Les universités ne devraient plus accorder une quelconque importance à la sincérité du budget puisque la Ministre de tutelle de l’ESR, Geneviève Fioraso, ment. Elle veut faire croire que les dotations 2014 aux universités sont en progression alors qu’elles sont en baisse. Une insincérité sans vergogne.
La Conférence des présidents d’universités, chargée de défendre l’intérêt général de toutes les universités, n’a pas fait de communiqué protestant contre la diminution des dotations 2014. La CPU est cyclothymique.
Les présidents d’université et leurs équipes doivent donc se déterminer en toute autonomie, en toute liberté et responsabilité, LRU 1 et LRU 2 (loi Fioraso, dite loi ESR) obligeant. Résultat : chaque université cherche à se débrouiller pour et par elle-même. Chacun pour soi. Et au final, un affaiblissement général de toutes les universités publiques. Une opportunité de taille pour l’enseignement supérieur privé !
Universités publiques qui oublient qu’elles sont toutes dans le même bateau du désengagement de l’État, organisé par la droite sous Pécresse et Wauquiez, et aujourd’hui par la gauche socialiste sous Fioraso. Universités qui, depuis la loi LRU de 2007, sabrent continument leurs dépenses au prix d’une remise en question de leurs missions de formation et de recherche. Universités qui ne sont plus solidaires. L’université : le marché m’a tuer !
Les budgets des universités sont désormais structurellement insincères. Ils peuvent l’être tant ils sont devenus d’une complexité redoutable depuis l’intégration de la masse salariale (RCE) : plusieurs centaines de lignes de recettes et de dépenses. Tout le monde y perd son latin, y compris les directeurs généraux des services et les agents comptables. Défi : quelles sont, aujourd’hui, la définition et la composition du fonds de roulement ? Qui peut définir précisément fonds de roulement, trésorerie et réserves ? Bercy aurait décidé que le fonds de roulement des universités pouvait être abaissé à 15 jours au lieu de 30. Mais il n’y a aucune trace écrite de ce changement important de la règle.
Effet collatéral de débats frontaux névralgiques mais limités au final dans une minorité d’universités : un désintérêt des médias et des citoyens pour des querelles qui paraissent byzantines et qui ne le sont pas ! Des universités qui se coupent de la société.
Présidents des universités, votre absence de solidarité et de protestation unanime contre l’accroissement de l’austérité budgétaire imposée par la Ministre Fioraso, votre acceptation d’une politique du « chacun pour soi » vont faire mourir, lentement mais sûrement, l’Université publique dans notre pays. Ne vous soumettez pas à la violence des riches !