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Renouer le dialogue entre les chercheurs et le gouvernement, par Didier Chatenay et Anne Saada, chercheurs au CNRS, Les invités de Médiapart, 18 mai 2012
vendredi 18 mai 2012, par
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Lors de sa journée d’investiture, le président de la République nouvellement élu François Hollande nous a réjouis par la netteté avec laquelle il a marqué une véritable rupture par rapport à l’attitude de Nicolas Sarkozy en plusieurs points essentiels. Entre autres, puisque c’est là que nous nous situons, dans la manière d’aborder le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Reste que cette première impression gagnerait à être confirmée par la prise rapide de quelques décisions symboliques permettant d’instaurer un réel climat de confiance propice à l’ouverture d’un vrai dialogue :
1) un moratoire sur les activités de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Aeres)
2) annulation de la signature des conventions entre l’Etat et les Initiatives d’excellence (Idex) qui ont été faites dans la précipitation
3) remise à plat complète de la réforme des concours de recrutement des enseignants du secondaire (masterisation)
4) suppression de la prime d’excellence scientifique
5) limitation des heures supplémentaires pour favoriser la création d’emplois titulaires
6) abrogation de la circulaire Guéant.
Le gouvernement ne peut se permettre de débattre de l’avenir de l’enseignement supérieur et de la recherche sur des bases nouvelles tout en entérinant par sa signature une réorganisation profonde du paysage selon des principes largement contestés.
Les assises de l’enseignement supérieur et de la recherche annoncées par le gouvernement pendant la campagne présidentielle sont un moment très attendu par la communauté universitaire et scientifique. Leur succès repose sur le degré de participation de cette communauté. L’implication des personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche sera importante si ceux-ci ont la conviction qu’ils seront écoutés. Ces assises devraient déboucher sur une nouvelle loi-cadre remplaçant la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU). Au-delà, se pose également la question d’une sérieuse remise à plat du « Pacte pour la recherche », qui a produit de nombreux effets désastreux dans la vie scientifique durant le précédent quinquennat.
Pour l’instant, la nomination de Geneviève Fioraso à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche n’a été assortie d’aucune déclaration sur ses projets et sur la politique qu’elle entend mener en dehors de sa volonté de restaurer dialogue et confiance. Sa trajectoire montre l’intérêt qu’elle porte à l’innovation : nous espérons qu’elle ne la conçoit pas à la manière du défunt gouvernement, qu’elle n’en fait pas l’unique objectif de l’enseignement supérieur et de la recherche, et qu’elle profitera du nouveau climat créé par François Hollande pour nous démontrer que ces craintes n’ont pas lieu d’être. Car nous sommes tous avides de dialogue et prêts à participer avec enthousiasme aux efforts que la nation est en droit d’attendre du monde académique et scientifique.