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Classement de Shanghai : les universités françaises pilotées depuis la Chine ? - Bertrand Monthubert, le Plus du "Nouvel Obs", 17 août 2011

jeudi 18 août 2011, par Laurence

UNIVERSITÉS. Le très attendu classement de Shanghai, qui détermine la place des université du monde entier, vient de paraître. Mais la méthode montre que le classement est inadapté au système universitaire français.

Ça y est, la saison de Football a repris, et avec elle la bataille mondiale des universités. On guette le futur classement, pour savoir si l’université Paris 6 va bien rester en tête des universités françaises, combien de places va prendre son université préférée, ou combien sa rivale va en perdre. Et ça y est, le classement le plus célèbre (en France), LE classement, celui de Shanghai, vient de délivrer son verdict et sonner la fin des vacances universitaires. Il va falloir se retrousser les manches, car la France, cette année encore, a des résultats médiocres.

Que veulent dire ces résultats ?

Ce qui est bien avec les classements, c’est qu’ils sortent des nombres. Et évidemment, des nombres, ça fait sérieux. Ce qui est bien aussi, c’est que ces classements sont refaits chaque année. On peut donc se prendre à espérer. Le problème avec les classements, c’est qu’on ne sait pas forcément ce qu’ils veulent dire. Mais tant pis, on continue quand même à les lire. Le gros problème surtout avec les classements, c’est qu’ils modifient notre comportement, pour faire plaisir aux auteurs de classements. Et c’est ce qui se passe : en vertu du classement de Shanghai, on transforme nos institutions pour qu’elles plaisent à une poignée d’universitaires chinois.


Prenons un peu de recul. Qu’est-ce que le classement de Shanghai ? Est-il fiable ? Et en quoi transforme-t-il nos universités ?

Le fameux classement de Shanghai a été conçu au début des années 2000, comme un outil pour les étudiants chinois s’orientent entre les diverses universités anglo-saxonnes dans lesquelles ils allaient poursuivre des études. Des critères ont été adoptés, comme le nombre de Prix Nobel ou de médailles Fields parmi les professeurs ou les anciens élèves, le nombre de chercheurs faisant partie des chercheurs les plus cités, ou encore le nombre d’articles publiés dans Science ou Nature. Contrairement à d’autres classements internationaux, il ne prend en compte que l’activité de recherche, et en aucun cas la réussite des étudiants ou leurs salaires.

Où en sont les universités françaises ?

Le problème, c’est que ces critères ne sont pas du tout adaptés au système français. Par exemple, quand un professeur d’une université fait partie d’un laboratoire mixte entre son université et un organisme de recherche comme le CNRS, chacun de ses articles ne compte que pour une demie publication pour son université.

Yin Jie, le vice-président de l’université Jiao Tong de Shanghai qui édite le classement, a estimé que "le classement de Shanghai n’est utile que si l’on veut comparer les universités américaines, britanniques, chinoises et japonaises. Il ne rend pas justice aux universités françaises ou allemandes car elles ont un système qui diffère complètement. Nos étudiants qui veulent partir à l’étranger se réfèrent au classement principalement pour les États-Unis. Pour la France, nous savons déjà quels établissements sont bons dans chaque domaine. Pour nous, la réputation des établissements français, basée sur les expériences de coopération et sur le bouche-à-oreille, prime sur le classement".

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