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Manifestations chez Valérie Pécresse pour le Grand Emprunt - Sciences2, S. Huet, 1er juin 2010

mardi 1er juin 2010, par Mathieu

Plusieurs centaines de scientifiques, chercheurs et universitaires se sont retrouvés cet après midi place de la Sorbonne. Ils sont ensuite partis en manifestation vers le ministère de Valérie Pécresse où se tenaient des réunions sur le Grand Emprunt.

La divergence de vues reste donc complète entre un gouvernement qui voit dans le Grand Emprunt et des dotations en capital non consommable le moyen de sa politique universitaire et scientifique et des organisations syndicales ou des associations comme Sauvons la Recherche qui réclament la création d’emplois stables pour résorber la précarité dans l’enseignement supérieur et les laboratoires ainsi que des financements pour les opérations de recherche. Selon le ministère 22 milliards d’euros du Grand Emprunt doivent être investis. Avec des appels d’offres pour la recherche publique et les entreprises privées. Le détail de ces mécanismes est expliqué ici. Et le discours politique qui les accompagne est ici.

Lors des présentations au ministère, le biologiste Alain Trautmann, ex-porte parole de SLR a interpellé publiquement la ministre. En substance, il a déclaré ceci : « vous savez que la recherche n’est pas faite par des batiments ou des machines, mais par des etres humains. Vous savez aussi qu’une demande récurrente de la communauté scientifique est un plan pluriannuel pour l’emploi, financièrement réalisable : 300 créations d’emploi cela fait environ 200 millions d’euros, soit 1% de la somme que vous annoncez comme affectée à l’ESR (je sais bien que pour l’essentiel ce sera non consomptible, mais puisque eux utilisent ces chiffres….). mais par ailleurs on a lu récemment ds un article des Echos que F Fillon prévoyait une réduction de 1,5% des effectifs du CNRS (soit 400 emplois). Donc : comptez vous investir dans l’emploi, ou nous faire croire qu’il est possible d’investir dans la recherche tout en réduisant les effectifs des chercheurs ? ».

Parmi les sujets en débat : l’incitation à intensifier l’effort de recherche via le Crédit d’impôt recherche est-elle efficace ? Voici ce qu’en pense Edouard Audier : « D’après l’OCDE, la France a pris un grave retard entre 2002 et 2008. Alors que dans TOUS les pays les dépenses de recherche publique progressaient de 10, 30 voire 70 %*, les dernières données de l’OCDE montrent qu’en monnaie constante ces mêmes dépenses ont baissé en France de 1,4 % entre 2002 et 2008. Beaucoup plus par rapport au PIB. Pour 2008, malgré le « 1,8 milliard de plus » claironné par Pécresse et Sarkozy, l’OCDE n’a détecté aucun centime dépensé de plus. Au cours des mêmes années, les dépenses de recherche des entreprises (investissements + aides) ont aussi baissé, malgré 4 milliards de plus d’aides de l’État (CIR [crédit impôt recherche]). Dans le même temps, ces dépenses progressaient* notamment dans les pays suivants : le Royaume-Uni de 14 %, l’Allemagne de 17 %, les États-Unis de 27 %, la République tchèque et la Corée de 67 %, la Chine de 180 %. Cette situation est d’abord le fait des gouvernements depuis 2002. Ils ont vidé les caisses par une fiscalité favorable aux couches aisées et par la multiplication des niches fiscales, creusant ainsi déficits et dette. Ces déficits ont servi de prétexte à la démolition du service public (via la RGPP) et au sacrifice de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR). Comparée aux 10 à 15 milliards/an du « paquet fiscal », la création de 5 000 emplois par an dans l’ESR aurait coûté de l’ordre de 300 millions annuels. Alors que les étudiants se détournent des métiers de la recherche et de l’enseignement supérieur, rien n’a été fait pour les attirer. Pire, 2 000 suppressions d’emplois sont programmées dans les EPST à partir de 2011. Cette situation vient aussi des grands groupes privés qui ont diminué le financement de leur recherche quand l’aide de l’État augmentait : ainsi, 4 milliards d’aides ont été recyclés en profits. Il ne faut pas aller chercher très loin les causes de la désindustrialisation et du déficit chronique du commerce extérieur depuis 2002. » La suite de cette analyse, ici sur le site du Sncs FSU.

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