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"Comment remettre l’université sur les rails" - interviews de J.R. Pitte et B. Monthubert, Challenges.fr, 7 mai 2009

vendredi 8 mai 2009, par Mathieu

Interview Challenges.fr Jean-Robert Pitte, ancien président de l’université La Sorbonne-Paris IV et Bertrand Monthubert, secrétaire national du PS à l’Enseignement et à la Recherche, donnent leurs solutions.

Challenges.fr a interrogé deux spécialistes sur la question des universités, Jean-Robert Pitte, ancien président de l’université La Sorbonne-Paris IV, également membre de l’Institut et de Bertrand Monthubert, secrétaire national du PS à l’Enseignement et à la Recherche, et professeur à l’université de Toulouse.

A quelques jours des examens, près de 20 universités sont toujours en grève pour contester la réforme lancée par le gouvernement. Que vous inspire la situation des facultés en France ?

Jean-Robert Pitte : Je suis accablé. Les universitaires vivent dans une bulle et ne veulent pas regarder la réalité en face. Quelle image on donne de la France ! Et quid des élèves Erasmus venus étudiés dans l’Hexagone ce semestre ?
Face à ce chambardement, les universités n’ont plus la cote. Seul un quart des lycéens d’Ile-de-France souhaitent intégrer les bancs de la fac pour la rentrée 2009/2010. Evidement davantage seront forcés d’y aller, les autres filières ne pouvant pas accueillir tous les prétendants.
Par ailleurs, le taux d’échec en première année atteint 50 à 75%.
La situation actuelle est indigne de ce que devrait être la Fonction publique, notamment avec des universitaires qui continuent à être rémunérés alors qu’ils font grève.

Bertrand Monthubert : La situation à laquelle sont confrontées les universités est très confuse. Cela est dû au fait que la communauté universitaire s’est mobilisée de façon exceptionnelle contre un certains nombre de réformes et qu’elle s’est trouvée de très fortes convergences sur des valeurs communes (contre la volonté de mettre en concurrence les universités entre elles...). Maintenant c’est le gouvernement qui a la main. Il doit trouver une solution plutôt que de se rendre coupable de la mise en danger de l’année de milliers d’étudiants.

Comment gérer les examens ce semestre ?

Jean-Robert Pitte : La grève qui sévit dans certaines universités depuis près de dix semaines a anéanti le deuxième semestre, et il y a peu de chance de rattraper ça. Alors, faut-il donner les examens ou les alléger ? Impensable. Cela serait contraire à toute éthique. Valérie Pécresse n’a d’ailleurs laissé aucune alternative. Elle a en effet exclu la possibilité d’accorder des diplômes "au rabais" sans rattrapage préalable des enseignements manqués. L’unique solution serait donc de reprendre les cours immédiatement, de les prolonger jusqu’au 14 juillet, et de faire passer les examens en septembre. Aucune cession de rattrapage ne serait alors envisagée.
Dans tous les cas, les étudiants qui n’ont pas souhaité cette situation seront pénalisés. Néanmoins, on peut souligner que la contestation anti-grève a été très mesurée...

Bertrand Monthubert : Les situations diffèrent selon chaque université. De nombreuses tentatives se mettent place pour que des sessions de partiels soient prévues en juin voire en septembre. D’ailleurs les cours ont déjà repris dans de nombreux endroits, mais la mobilisation continue. Elle se traduit notamment par la démission des responsabilités administratives.
La non-possibilité pour les étudiants de passer leurs examens serait un désastre. Néanmoins il ne serait pas normal de les valider si l’enseignement n’a pas été délivré.

Quelle solution prônez-vous pour remettre l’université sur les rails ?

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