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Le système français de formation des enseignants est isolé en Europe (Aurélie Colas, Le Monde, 30 juin 2011)
jeudi 30 juin 2011
Encore une exception française. La formation initiale des enseignants telle qu’elle est organisée dans notre pays est un modèle minoritaire, si ce n’est isolé, en Europe.
Selon la Commission européenne, elle repose traditionnellement sur un système dit "consécutif" (la formation professionnelle succède à la formation disciplinaire), alors que la majorité des systèmes de formation en Europe sont fondés sur une approche "simultanée" (avec alternance de formations disciplinaire et professionnelle en même temps).
De plus, la France a tendance à privilégier, dans la formation délivrée aux futurs enseignants, les connaissances disciplinaires, au détriment de l’apprentissage du métier, qui induit des cours de psychologie, de didactique, de tenue de classes... Un modèle "trop académique", selon Eric Charbonnier, expert à la direction éducation de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
En 2007, les États membres de l’Union européenne se sont engagés à promouvoir, dans la formation initiale des enseignants, l’acquisition de compétences permettant "d’enseigner efficacement dans des classes hétérogènes composées d’élèves issus de différents milieux socioculturels avec un large éventail de capacités et de besoins".
QUALITÉ DE L’ENSEIGNEMENT ET RÉUSSITE SCOLAIRE
Depuis, de nombreux pays européens, tels que l’Allemagne, le Portugal ou le Royaume-Uni, ont réformé leur système de formation des enseignants "afin d’accorder plus de place à l’acquisition de compétences pédagogiques", rapporte M. Charbonnier. Mise en œuvre en 2010, la réforme française pourrait amplifier la singularité de notre pays. Celle-ci a élevé le niveau de recrutement de la profession à un niveau master 2 (bac+5) et s’est traduite par la fin de la formation pratique délivrée dans les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM).
L’enjeu est de taille. Selon le cabinet de conseil McKinsey, "la qualité de l’enseignement est la clef du succès des systèmes scolaires qui réussissent", lit-on dans son rapport publié en 2007. Dans le même sens, Eric Charbonnier ajoute qu’"à choisir, en période de restrictions budgétaires, il vaut mieux mettre l’accent sur la formation des professeurs que de diminuer la taille des classes".
Pour le député UMP du Doubs Jacques Grosperrin, le "décrochage" du système français de formation "expliquerait en partie" les "mauvais" résultats des élèves. Cette année, 10 % des élèves de CM2 n’ont pas les "acquis suffisants" en mathématiques, 7 % en français, selon les évaluations nationales. Les proportions sont exactement les mêmes pour les élèves de CE1, dont les résultats des évaluations ont été divulgués mercredi 29 juin sur le site de l’éducation nationale.
Voir en ligne : http://www.lemonde.fr/education/art...