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L’information scientifique sous tutelle d’une agence de communication ? - Stéphane Foucart et Stéphane Horel, Le Monde, 22 septembre 2020

mercredi 23 septembre 2020, par Mariannick

Le SMC britannique un modèle ? vraiment ?
Encore un § de la LPpR qui donne envie !

La France envisage de créer une « maison de la science et des médias » pour lutter contre les fake news. Mais son modèle britannique, le Science Media Centre, avec ses informations prêtes à l’emploi, apparaît surtout comme un instrument d’influence pro-industrie.

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Outil de lutte contre la mal-information et les « fake news », ou instrument d’influence et de mise sous tutelle de l’information scientifique ? Aux côtés de décisions stratégiques pour les universités et les organismes de recherche, le projet de loi de programmation de la recherche (LPR) pour les années 2021 à 2030, présenté lundi 21 septembre à l’Assemblée nationale, prévoit la création d’une « Maison de la science et des médias » qui nourrit nombre d’interrogations.

A l’instar des Science Media Centres (SMC) créés ces dernières années au Royaume-Uni et ailleurs, cet organisme aurait pour vocation de « permettre la mise en contact rapide entre journalistes et chercheurs, favoriser l’accès des citoyens à une information scientifique fiable, et accroître l’apport d’éclairages scientifiques dans les débats publics sur les grands sujets actuels », selon les termes du projet de loi. « A l’heure où la société française est traversée par des courants d’irrationalité et de doutes sur les progrès et les connaissances, le gouvernement fait le choix d’inverser résolument la tendance », expose le projet. Et ce, afin de « replacer la science et la rationalité scientifique au cœur du pacte social et du développement économique du pays ».

L’inscription au projet de loi de cette initiative est le fruit d’une volonté du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche : aucun des rapports des trois groupes de travail ayant nourri le projet de loi ne suggère la création d’un SMC « à la française ». Interrogés par Le Monde, plusieurs de leurs membres assurent que c’est bien le ministère qui est à l’origine de cet ajout. Sollicité, le cabinet de la ministre n’a pas répondu à nos questions.
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Des sociologues de l’université de Bath, conduits par David Miller, ont cherché à […] savoir qui sont les « experts ». Dans une étude encore non publiée mais dont Le Monde a pu consulter les données, ils ont analysé plus de 6 000 commentaires produits par près de 2 000 experts, publiés entre 2002 et 2013.

En adoptant une définition large du terme « scientifique » (titulaire d’un doctorat en sciences et occupant un poste de scientifique dans les secteurs public ou privé), ils ont constaté que vingt des cent experts les plus mis en avant n’étaient pas des scientifiques. Successivement lobbyiste en chef pour le secteur des biotechnologies aux niveaux britannique et européen, l’une de ces expertes ne détient par exemple aucun diplôme en sciences.


[…]

Les fondateurs du SMC, un petit cercle de militants étrangement passés du marxisme radical, dans les années 1980, à la promotion de l’ultralibéralisme deux décennies plus tard, ont également fait l’objet de plusieurs enquêtes journalistiques. En 2018, le quotidien The Guardian mettait au jour leurs financements, puisés outre-Atlantique dans les milieux d’affaires libertariens, et les décrit comme la tête de pont, au Royaume-Uni, de la « droite dure » américaine.


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