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Baisse de motivation des étudiants, interactions « au point mort » avec les enseignants : le ras-le-bol des cours en ligne - Alice Raybaud, Le Monde, 16 juin 2020

mardi 16 juin 2020, par Elie

Avant une rentrée universitaire qui s’annone hybride, les enseignants s’alarment de la perte du « lien » pédagogique.

Chaque semaine depuis la mi-mars, Alexandre Mayol, maître de conférences en sciences économiques à l’université de Lorraine, allumait son ordinateur, se branchait sur Zoom et saluait ses étudiants. Ou plutôt, des dizaines d’écrans noirs : autant de petits carrés sombres que d’étudiants, invisibles. Les micros étaient fermés, les caméras éteintes afin d’éviter de saturer le réseau, et pour respecter l’intimité d’un chez-soi devenu brusquement lieu d’études. Puis, dans un « silence d’outre-tombe », Alexandre Mayol commençait son cours. « Mon monologue », rectifie l’enseignant, saisi par la désagréable impression de « parler dans le vide ».

Une situation inédite

Ces mots sont dans toutes les bouches : interaction « au point mort », « frustration », voire « tensions » manifestes… Lorsque, en mars, les universités et grandes écoles ont basculé vers des cours en ligne à cause de l’épidémie de Covid-19, la relation pédagogique entre enseignants et étudiants a en effet dû s’adapter, tant bien que mal et sans préparation, à cette situation inédite.

Un modèle qui pourrait se poursuivre en septembre, si la situation sanitaire ne permet pas un retour normal dans les établissements. Non sans difficulté, ces derniers préparent déjà une « rentrée hybride », mêlant enseignement en ligne et en présentiel. Dans cette formule défendue par le ministère de l’enseignement supérieur, les cours à distance pourraient rester majoritaires, jusqu’à 80 % de la formation selon les décisions de chaque établissement. Dans les rangs professoraux, cette perspective génère de l’inquiétude. D’autant qu’il s’agira alors d’accueillir de nouveaux étudiants, qu’ils n’auront même pas rencontrés quelques semaines en présentiel.

Comment l’université pourra-t-elle alors les suivre et les former ? Beaucoup le constatent : avec l’absence de la présence physique, certains éléments essentiels au processus d’apprentissage passent à la trappe. « Une partie de notre travail de transmission s’appuie sur les sens, sur le non-verbal, insiste Alexandre Mayol. En classe, on peut marcher entre les rangs, jeter un œil sur chaque travail individuellement, repérer l’étudiant qui ne dit rien et qui est un peu perdu. C’est impossible à distance. »

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