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De quoi la crise à l’université de La Rochelle est-elle l’exemple ? Enseignants-chercheurs et étudiants en droit contre le nouveau projet d’établissement (mars 2018)

lundi 12 mars 2018, par Laurence

Depuis maintenant cinq mois, l’Université de La Rochelle traverse une crise inaugurée par le projet d’établissement porté par l’équipe présidentielle qui rencontre une forte opposition chez les enseignants-chercheurs et étudiants en droit.

De quoi le projet d’établissement de La Rochelle est-il l’exemple ?

Selon SLU, la politique de la présidence consiste à délimiter un périmètre au sein de l’université de La Rochelle, suivant le modèle de ce que font les Idex : un périmètre "d’excellence" qui concentrera les financements, laissant dans un abandon partiel et sans doute, à terme, rédhibitoire, tout ce qui ne participera pas à ce domaine "d’excellence", c’est-à-dire "L’institut littoral urbain intelligent". Autant dire que, dans ce contexte, les SHS ne seront là que pour le vernis d’expertise sociétale et de culture qu’elles pourront apporter aux sciences appliquées.

Chronologie des faits (elle se lit de bas en haut)

Synthèse de Jacques Bouineau

Le lieu : la Sirène - ancien bunker, recyclé en salle de spectacle appartenant à la CdA -, situé à l’autre bout de la ville.
Les circonstances : in extremis - 3 heures avant le début de la séance -, la présidence de l’université décide de communiquer l’adresse de la rencontre.
L’environnement : 11 cars de CRS pour « sécuriser » l’endroit, sans compter les troupes en renfort.
Les acteurs  : environ autant de forces de l’ordre que d’opposants - enseignants-chercheurs et étudiants unis - totalement pacifiques, pour ces derniers, venus sans armes et sans uniforme.
La décision : une lettre soutenant sans réserve le projet - diffusée sur l’intranet depuis le bunker au moment du vote - envoyée par la ministre au président.
L’envers du décor : le silence de la ministre en réponse aux lettres ouvertes des enseignants-chercheurs et des étudiants à elle adressées.
Le mode de dialogue : mépris et provocation contre recherche d’harmonisation des contraires ; attribuez les rôles.
Le bilan  : 5 mois de lutte et une communauté universitaire irrémédiablement divisée.
La victoire à la Pyrrhus : le projet est adopté dix jours avant le 22 mars.
La conclusion : naissance de l’institut du littoral urbain durable intelligent, dans lequel les mots eux-mêmes portent un sens nouveau.
L’épilogue : la lutte continue.

- 12 mars  :

c/ le CA a voté le projet d’établissement 2018-2022 par 24 voix pour, 1 abstention, 1 blanc et 2 contre. Dans un joli cadre : un ancien bunker allemand, sous la protection de 5 cars de CRS (voir photo de cet article). Lire ici le courrier de l’ancien candidat à la présidence de l’université (2016), Mathias Tranchant.

b/ Communiqué du président de l’Université (12h)

"C’est pourquoi j’ai décidé de prendre les mesures nécessaires pour que ce Conseil d’Administration puisse se tenir cet après-midi. Ainsi la réunion a été relocalisée à l’extérieur de l’Université, avec filtrage de ses accès, de manière à éviter les perturbations et à assurer aux administrateurs les conditions de sérénité et de sécurité indispensables à l’exercice de leur mandat.
Soyez persuadés, chères et chers collègues, que notre équipe aurait bien sûr préféré ne pas en venir là, pensant toujours que le jeu de la démocratie, qui s’appuie sur des élus représentant l’ensemble de la communauté universitaire, pourrait être respecté de tous
."

a/ Frédérique Vidal a fait son choix, et écrit au président de l’université pour le soutenir, et faire, par là-même pression sur le CA

- 8 mars  : les étudiants juristes rochelais ont adressé une lettre ouverte à destination de la ministre de l’Enseignement supérieur : contre "le dogmatisme dont fait preuve l’équipe dirigeante de notre université, les soussignés, membres du Collectif, demandent un moratoire d’une année sur le « projet d’établissement 2018-2021  » et l’ouverture d’assises de l’Université de La Rochelle".

Le Collectif étudiant a décidé lors d’une assemblée générale de bloquer pacifiquement pour la troisième fois le conseil d’administration devant se tenir lundi 12 mars à 14h en raison de l’absence de discussion ouverte et sincère de la présidence.

- 1er mars : courrier de la présidente de la section 3 du CNU, de la présidente de la Société d’Histoire du droit, et du président de l’association des facultés de droit au président de l’université de La Rochelle.

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Lettre 1er mars

Recours des enseignants-chercheurs en droit devant la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.

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Lettre ouverte à la ministre

- 15 février  : lettre ouverte des enseignants-chercheurs en droit à la ministre
Dans le contexte des vives tensions créées au sein de l’université de La Rochelle par le projet d’établissement 2018–2021, soutenu par son président et son équipe, les soussignés entendent solennellement interpeller leur ministre de tutelle sur les graves conséquences de ce projet, s’il devait être adopté, le 12 mars 2018, par le conseil d’administration de l’université.” Voir l’article d’Educpros

- décembre 2017 : rapport de l’HCERES concernant les formations (2018-2022)

- novembre 2017 : rapport d’évaluation de l’HCERES concernant le nouveau projet d’établissement

"Ce projet global conduit à une évolution du rôle et du positionnement des composantes actuelles, génératrice de questionnements à l’interne et objet des concertations à l’oeuvre depuis le début des travaux sur le nouveau contrat. La question de la coexistence des structures de composantes classiques avec celles des futurs instituts et écoles est posée et trouvera une réponse par l’expérimentation de solutions qui pourront nécessiter de nombreuses années  ».

427 étudiants juristes rochelais se sont constitués en collectif contre le projet d’établissement.

Projet d’établissement 2018-2012