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Le président de Paris-XIII refait (hélas…) parler de lui - Arnaud Bouillin, 17 Juin 2015, Marianne

samedi 20 juin 2015, par Mr Croche

Le président de la CPU habillé pour l’hiver 2
Après le directeur de l’IUT de Saint-Denis, c’est au tour d’une autre responsable administrative de l’établissement d’être l’objet de menaces et d’intimidations. Mais plutôt que de l’aider, comme il s’y était engagé, le patron de Paris-XIII, dont dépend l’IUT, vient de lui signifier qu’il comptait la "suspendre" de ses fonctions pour "présomption de faute grave".

A lire sur le site de Marianne

Pour lire l’épisode précédent de Lucie Delaporte : Le « vice-ministre » des universités entre en zone de turbulences

Jean-Loup Salzmann a l’urgence sélective. En mars dernier, le président de l’Université Paris-XIII était épinglé par l’Inspection générale de l’Éducation nationale. En cause, son inaction face aux alertes répétées et circonstanciées que Samuel Mayol, le directeur de l’IUT de Saint-Denis, lui avait fait parvenir pendant plusieurs mois au sujet du comportement de plusieurs enseignants. Alertes qui avaient coïncidé avec une vague de menaces de mort à l’encontre de Samuel Mayol. « Les dysfonctionnements repérés à l’IUT de Saint-Denis n’ont pas fait l’objet d’un suivi approprié de la part des services centraux de l’université », écrivaient les inspecteurs. En clair, Jean-Loup Salzmann avait failli.

Mais quand il s’agit de sanctionner le personnel visé par les mêmes intimidations que Samuel Mayol, le patron de Paris-XIII retrouve subitement de l’allant. Le 17 mai, l’une des responsables administratives de l’IUT, à l’instar de cinq autres collègues, avait reçu des menaces par texto. Quelques jours plus tard, la porte de son bureau était taguée d’étoiles de David et de croix gammées. Un acte clairement antisémite que Najat Vallaud-Belkacem avait immédiatement dénoncé. Le communiqué publié par la ministre de l’Éducation nationale mentionnait également que le président de l’Université Paris-XIII s’engageait à apporter toute « l’aide nécessaire » à la victime pour qu’elle puisse poursuivre ses missions. Vraiment ?

Dans un courrier adressé le 9 juin à cette même fonctionnaire, soit quinze jours après les faits, Jean-Loup Salzmann l’informe qu’il a demandé à la ministre de la suspendre de ses fonctions (!), « pour présomption de faute grave constituée par un manquement à (ses) obligations d’agent public. » Tout y passe : non-respect du devoir de réserve, harcèlement moral, atteinte à la dignité et menaces envers des collègues… « De pures allégations qui ne reposent sur rien, s’emporte Richard Malka, l’avocat de la fonctionnaire. On est en train de vouloir faire passer les victimes pour des bourreaux ! C’est surréaliste ! »

Dans sa missive comminatoire, le président de Paris-XIII, qui s’est refusé à tout commentaire auprès de Marianne, au nom de « la présomption d’innocence », reproche également à l’intéressée de s’être rendue sur son lieu de travail alors qu’elle était… en arrêt maladie. En l’occurrence, une réunion de deux heures pour l’organisation d’un colloque sur la non-violence dont elle avait la charge. Une marque de conscience professionnelle qui se transforme en grief disciplinaire : si la situation n’était pas aussi dramatique à l’IUT de Saint-Denis, il y aurait (presque) de quoi en rire…