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CPF : la première liste de formations éligibles va faire des déçus - Dominique Perez, L’express L’entreprise, 28 novembre 2014.

samedi 29 novembre 2014, par Mr Croche

Relations à sens unique Université - Entreprise.

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Enfin ! On connaît un peu mieux le paysage de la formation continue tel que le redessine le compte personnel de formation. Une première liste de formations éligibles est sortie des cartons. Avec des grands absents...

A défaut d’être définitive, elle donne tout de même une forte tendance : la première liste nationale inter-professionnelle des formations éligibles aucompte personnel de formation (CPF), révélée ce mercredi 26 novembre par le Copanef, (instance de décision réunissant syndicats et patronat) ne va pas faire que des heureux au pays des organismes et établissements de formation. Le Copanef a du faire le tri en faisant des coupes claires assez radicales. 482 formations ont pour l’instant été retenues sur la liste dite "des métiers supports", formations sélectionnées par un comité de pilotage paritaire . "Nous avons choisi à partir d’une première sélection effectuée par les branches professionnelles [2400 cursus, ndlr], qui avaient un questionnaire à remplir sur les critères de choix des formations, explique Christian Janin (CFDT) président du Copanef. Nous avons ainsi parfois estimé que les informations étaient incomplètes, et rejeté ou surtout mis en attente certaines formations." Des critères liés aux perspectives d’insertion professionnelle notamment, ou à l’aspect "stratégique" des métiers auxquels elles préparent.

Pas de licences et masters professionnels

Dans les faits, tandis que le CPF a pour but initial de qualifier des salariés et des demandeurs d’emploi peu diplômés, on constate qu’environ les trois quarts des formations "élues" concernent les niveaux I et II de formation (niveaux licence et mastères), "reflet du RNCP", se défend le COPANEF. Plus flagrante encore : la sur-représentation des certificats ou diplômes portés par les chambres de commerce et d’industrie, formations telles que "contrôleurs de gestion" ou diplômes d’écoles de commerce (Grenoble ecole de management, Sup de co La Rochelle, ESC Pau, etc.). Si les universités sont présentes par l’intermédiaire de quelques DUT ou diplômes spécifiques (tels qu’actuaire par exemple) on constate dans ce choix l’absence totale des licences et masters professionnels préparés par les universités. Les partenaires sociaux n’auraient-ils pas recommandé l’inscription de ces diplômes dans le cadre du CPF ? "Les universités doivent encore faire leurs preuves d’adéquation aux besoins du marché de l’emploi sur ces niveaux", justifie-t-on. Elles apprécieront... Autre explication : leur présence massive auraient sans doute augmenté la sur-représentation des niveaux I et II de formation... Cependant, un travail devrait s’engager avec les universités à partir de février 2015 pour étudier les diplômes potentiellement inscrits dans une liste future. Les branches professionnelles n’auraient-elles pas recommandé l’inscription de ces diplômes dans le cadre du CPF ? Pas si simple. Des licences et masters professionnels sont bien présents dans une autre sélection, réalisée cette fois par les CPNE (comité national paritaire pour l’emploi, qui élaborent notamment les certificats de qualification professionnelle). Ajoutée aux 482 formations sélectionnées par le comité de pilotage, s’ajoutent donc 1552 formations qui émanent des CPNE de branche, qui sont inscrites dans la liste mais qui seront "encore à vérifier", dixit le Copanef.

Un travail inachevé

Une chose est sûre : les organismes de formation, qui avaient fait du DIF, l’une de leurs ressources principales retrouveront difficilement leurs petits. Même si on ne dispose actuellement pas de la durée moyenne des formations sélectionnées, ni de la manière dont elles seront organisées (si le Cnam et l’AFPA par exemple ont découpé leurs formations en modules, c’est loin d’être le cas de tous les organismes...), les formations retenues pour le CPF durent au minimum plusieurs mois.

Il reste par ailleurs beaucoup d’inconnues notamment dans la façon dont les salariés et demandeurs d’emploi pourront s’emparer rapidement du dispositif. Plusieurs autres "vagues" de certications devraient être inscrites, dès janvier 2015, qui ajouteront des formations à cette première liste. Derrière la porte notamment, attendent des certificats de qualifications professionnelles (CQP), qui pour le secteur de l’industrie notamment supposent une sélection plus fine de la branche. Pressés par l’échéance du 5 janvier, date à laquelle ces premières formations devront être accessibles aux salariés et demandeurs d’emploi sur le site dédié, le COPANEF présente ce travail comme un premier jet "mais la mise en place totale des formations prendra trois ou quatre ans", reconnaît Christian Janin. D’autant plus qu’on attend toujours la sélection des formations régionales, et des formations "sectorielles", correspondant à des besoins sur des métiers spécifiques des secteurs.

"Un grand ménage"

A travers ce premier choix, c’est toute une réorganisation du marché de la formation qui semble se dessiner. Alliance d’organismes de formation pour constituer des parcours qualifiants, destin incertains de certains, de taille plus modeste, qui vivaient essentiellement avec des formations courtes préparées dans le cadre du DIF, mise à l’écart de formations diplômantes au profit de qualifications en lien avec les besoins de main d’oeuvre actuelles... "Nous avons en tous les cas fait un grand ménage, admet Christian Janin. Et si on met à l’écart, de ce fait des organismes qui avaient fait du DIF un effet d’aubaine mais proposaient des formations peu sérieuses, et bien cela tombe bien, c’était le but..." Salariés, demandeurs d’emploi et entreprises s’y retrouveront-ils ? L’histoire le dira rapidement