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Isabelle This Saint-Jean succède à Thierry Mandon à la présidence du Génopole d’Evry

dimanche 5 octobre 2014, par Elisabeth Báthory

Note de SLU : Geneviève Fioraso a certainement déjà félicité Isabelle This Saint-Jean pour cette nomination, lors du Colloque International sur l’Innovation organisé par le Génopole, dont elle prononcé le discours de clotûre (voir ci-dessous), jeudi 2 octobre.


Élection de la successeure de Thierry Mandon au Genopole d’Évry - Acteurs Publics, 3 octobre 2014

Démissionnaire suite à sa nomination en juin dans le gouvernement Valls comme secrétaire d’État à la Réforme de l’Etat et à la Simplification, l’élu essonnien Thierry Mandon vient d’être remplacé par Isabelle This Saint-Jean à la présidence de Genopole à Évry, groupement d’intérêt public financé notamment par le conseil régional d’Île-de-France (30 %), le conseil général de l’Essonne (26,5 %) et l’État (15,7 %) et qui abrite le premier “biocluster” français dédié à la recherche en génétique et aux biotechnologies appliquées à la santé et à l’environnement.

Genopole rassemble 19 laboratoires de recherche, 80 entreprises de biotechnologies, 21 plates-formes technologiques ainsi que des formations universitaires. Parmi ses missions : favoriser le développement de la recherche en génomique, postgénomique et sciences associées et le transfert de technologies vers le secteur industriel, développer des enseignements de haut niveau dans ces domaines, créer et soutenir des entreprises de biotechnologie. Thierry Mandon en était le président depuis seize ans.

Isabelle This Saint-Jean est la vice-présidente du conseil régional d’Île-de-France en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche. Universitaire de formation et de profession, elle a été élue au conseil régional lors des dernières élections de 2010 après avoir présidé l’association Sauvons la recherche en 2008-2009.

Docteure en sciences économiques, Isabelle This Saint-Jean a d’abord été maître de conférences à l’université Paris-I (1994 à 2004), avant d’enseigner comme professeure à l’université du Littoral (côte d’Opale) de 2004 à 2007, puis à l’université Paris-XIII.


Discours de clôture du Colloque International sur l’Innovation au Génopole d’Evry, par Geneviève Fioraso

Source : ministère.

Je suis heureuse d’être parmi vous aujourd’hui pour clôturer ce colloque consacrée à l’innovation, organisé conjointement entre le Génopole et la société AMGEN, ici, dans un système aussi dynamique, un écosystème de recherche et de startups innovantes.

Les débats que vous avez tenus ont été de très haut niveau. Ils sont, je veux le souligner, en parfaite résonance avec la réflexion continue du gouvernement sur l’innovation – ce qui n’a rien de surprenant d’ailleurs, puisque ces réflexions se nourrissent en particulier des conclusions de la mission que j’avais confié en d’autres temps, avec Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin, à Jean-Luc Beylat et Pierre Tambourin, que je retrouve tous deux avec plaisir aujourd’hui, et que je remercie pour la créativité et la richesse de leurs conclusions.

Mesdames, messieurs, le développement économique accéléré des pays émergents, la démocratisation de l’accès au savoir et aux données via internet, l’évolution permanente des technologies, nous ont plongés dans un monde qui se réinvente vite, plus vite sans doute que les politiques publiques.

La Chine, l’Inde ou le Brésil, auront une place majeure d’ici dix ans. A elle seule, l’Asie devrait représenter 50% du produit intérieur brut mondial d’ici quinze ans. Il est probable que les pays émergents seront en 2025 à la fois investisseurs à travers leurs fonds souverains, consommateurs, et acteurs majeurs de l’innovation avec notamment une population de chercheurs, d’ingénieurs et de créateurs en forte expansion. Dans ce nouveau monde, l’innovation sera un enjeu de plus en plus important pour la compétitivité, et il y aura une compétition internationale de plus en plus forte pour rester à la pointe de l’innovation.

La France doit tenir son rang dans ce monde en mutation rapide, et pour cela, elle doit avoir un système de recherche et d’innovation plus agile, capable de s’adapter, et mieux, d’anticiper.

La France est une nation avec une grande tradition scientifique et technologique, et nous devons en être fiers. Aujourd’hui, malgré le bouleversement des grands équilibres économiques et démographiques mondiaux, elle conserve une place significative dans le domaine scientifique et technologique.

Sur bien des points toutefois, la structuration de notre système de recherche est encore largement dépendante des choix effectués lors de la reconstruction d’après-guerre, cette époque de grands programmes, appuyés sur des organismes de recherche dédiés, largement indépendants de notre système d’enseignement supérieur.

Globalement, et malgré quelques échecs, cette stratégie a largement contribué à l’émergence de fleurons industriels français dans l’énergie, l’aéronautique, le spatial, les télécoms... Elle démontre encore aujourd’hui sa force.

Mais dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui, et plus encore dans le monde futur, à la fois mondialisé et agile, monde nomade décrit par Jacques Attali il y quelques années, qui correspond aussi, chez Joseph Schumpeter, au principe de destruction créatrice grâce à l’innovation, notre système de recherche doit avoir les moyens d’une plus grande capacité de réaction.

Il doit aussi être étroitement lié à l’enseignement supérieur, et, cela est essentiel, être au coeur du développement d’écosystèmes dynamiques assurant des interactions étroites avec les collectivités territoriales, les entrepreneurs, les industriels et les investisseurs.

Partout dans le monde, on retrouve ce modèle d’innovation fondé sur des grands campus, alliant universités de rayonnement international, grands centres de recherche et entreprises innovantes. C’est vrai pour la Silicon Valley, pour la Silicon wadi en Israël ou encore à Singapour, appelée par beaucoup la "next silicon valley".

C’est ce modèle que nous souhaitons faire émerger.

C’est pourquoi nous soutenons des projets comme ceux de Saclay, classé en 2013 dans le top 8 mondial des clusters innovants par le M.I.T. Technology Review, ou GIANT, qui vise à positionner l’écosystème grenoblois comme un campus d’innovation de rang mondial sur des domaines clés pour le XXIe siècle : l’information, la santé, l’énergie.

C’est pourquoi, bien sûr, nous soutenons des projets comme le Génopole, associant un campus de recherche multidisciplinaire - 2200 personnes engagées dans des travaux allant de la génomique fondamentale à la biologie structurale, au sein d’unités du C.E.A., du C.N.R.S., de l’Inserm et de l’INRA – et un cluster d’entreprises innovantes en biotechnologies - plus de 130 entreprises de haute technologie créées ou suivies au cours de ces quinze dernières années.

Le lien renforcé avec le campus Saclay, avec l’université qui donnera encore davantage de lisibilité à cet écosystème pionnier.

Oui ce sont bien ces écosystèmes collaboratifs, véritables creusets d’innovation, où se mêlent, sur un même campus, enseignement supérieur, recherche et industrie, que nous devons promouvoir en France. C’est tout l’enjeu de la réorganisation territoriale que j’ai inscrite au coeur de la loi sur l’enseignement supérieur et la recherche du 22 juillet 2013, qui va permettre de passer de 300 établissements d’enseignement supérieur et de recherche à 25 campus, ancrés sur les territoires et ouverts aux partenariats et réseaux internationaux.

La France ne manque pourtant pas d’atouts :

  • la qualité de sa recherche publique et de ses chercheurs,
  • une population au niveau de formation élevé, les ingénieurs français sont recherchés,
  • la richesse de sa jeunesse, avec le 2e taux de natalité le plus élevé en Europe. Cette jeunesse porte avec elle de nouveaux comportements et usages, une ouverture nouvelle au monde. Elle a cependant un accès inégalitaire à la formation : les aides prioritaires, plus de 450 millions d’euros, accordés aux étudiants boursiers sur critères sociaux répondent à cet enjeu, pour que l’innovation soit une force de rassemblement et d’ascension sociale ouverte à tous.

Le gouvernement a sa feuille de route pour répondre à l’enjeu de transformation de notre système d’innovation. Elle a été rendue publique il y a un peu moins d’un an. Cet effort se poursuit et s’intensifie. L’innovation était d’ailleurs l’objet de l’une des premières communications en conseil des ministres du gouvernement Valls II.

La feuille de route que nous suivons s’articule autour de 4 axes, s’appuyant sur les travaux de Pierre Tambourin et Jean-Luc Beylat.

Le premier, c’est de reconnaître l’importance de l’innovation en en faisant une politique à part entière, dotée d’une gouvernance interministérielle sous l’autorité du Premier Ministre et d’une évaluation en continu, impliquant le commissariat général à la stratégie et la prospective, pour en améliorer l’efficacité.

Le deuxième, c’est de développer la culture de l’innovation, l’esprit de l’entrepreneuriat, et la valorisation du risque. Des Pôles Etudiants Pour l’Innovation, le Transfert et l’Entreprenariat (PEPITE) ont par exemple été lancés pour accompagner les étudiants sur l’ensemble du territoire : au nombre de 29, ils touchent plus de 2 millions d’étudiants. Le statut étudiant-entrepreneur est opérationnel dès cette rentrée universitaire et répond à une demande forte des étudiants.

Le troisième, c’est l’engagement dans une amélioration des pratiques de transfert de la recherche publique avec en particulier, le principe du mandataire unique pour les inventions associant plusieurs entités publiques, ou encore la mise en place de laboratoires communs entre P.M.E. et laboratoires publics (les Labcoms).

Le quatrième, c’est de rendre les mécanismes de financement de l’innovation plus efficaces, notamment grâce à la stabilité fiscale, à l’extension à l’innovation du Crédit d’Impôt Recherche, et par la création d’un opérateur de l’Etat de référence, Bpifrance, qui concentre les actions d’aide à l’innovation et de soutien au capital-risque.

Le P.L.F. 2015 vient d’être présenté. Malgré le contexte budgétaire particulièrement difficile, les moyens consacrés à la recherche et à l’innovation sont préservés car c’est l’avenir économique de la France qui est en jeu.

Les initiatives engagées doivent donc être poursuivies et complétées.

En portant l’effort sur l’international et l’attractivité, tout d’abord, parce que dès qu’il s’agit d’innovation, nous devons nous appuyer sur la meilleure expertise mondiale.

Des dispositions ont par exemple été prévues, dans le projet de loi relatif au droit des étrangers, pour attribuer des titres de séjour aux entrepreneurs et aux chercheurs étrangers.

L’effort doit être porté également sur l’investissement, parce que l’innovation est un domaine dans lequel il faut investir beaucoup, dès le début, avec un risque fort – ce qui compte avant tout, c’est la vitesse. C’est un enjeu majeur pour le pays : 60% des créations d’emplois se font aujourd’hui dans les 8% des P.M.E. en plus forte croissance !

Bpifrance sera dans ce domaine, bien sûr, notre fer de lance. L’investissement moyen en capital-risque est de 2 millions d’euros, contre 5 millions d’euros aux Etats-Unis. Bpifrance contribuera à répondre à cet enjeu à la fois grâce à son fonds "large venture" de 500 millions d’euros, et au travers de son action en fonds de fonds pour faire émerger des fonds d’investissements de taille plus importante.

La recherche française, bien sûr, doit également amplifier sa contribution décisive à l’innovation.

Pour relever ce défi, nous devons nous appuyer en particulier sur les dispositifs européens. Il n’y a pas de raisons que nous ayons de moins bon résultats que nos partenaires européens dans ces dispositifs : il y a pour la France un manque à gagner de 600 millions d’euros, équivalent au budget de l’A.N.R..

Nous devons savoir valoriser nos atouts pour construire ensemble un modèle d’innovation, créateurs d’emplois et de progrès. C’est le sens du pacte de co-responsabilité engagé par le Président de la République et le gouvernement. Sénèque le disait déjà : "Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles !".