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Sélection en master à l’université  : Fioraso s’attaque à un tabou - MC Corbier, Les échos, 25 septembre 2014

dimanche 28 septembre 2014, par Mademoiselle de Scudéry

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La question d’avancer d’un an la sélection, à l’entrée en master, a été remise hier sur la table par la secrétaire d’Etat.

C’est un sujet explosif, susceptible de faire descendre les étudiants dans la rue, et qui vire parfois au jeu de poker menteur. La Conférence des présidents d’université (CPU) s’apprête à lancer un groupe de ­travail sur la sélection en master auquel doivent participer les organisations étudiantes. Le tout, avec la bénédiction de la secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso.

La sélection des étudiants intervient aujourd’hui entre la première et la deuxième année de master (M1 et M2). Avec, comme conséquence, de nombreux étudiants qui ne parviennent pas à finir leur formation (voir graphique). La CPU est contre cette sélection en milieu de cycle. « Sur les masters, sur la sélection, on va entrer dans un cycle de négo­ciations avec le ministère et les organisations étudiantes », confiait récemment le président de la CPU, Jean-Loup Salzmann, qualifiant la situation actuelle de «  stupide ». Le sujet est d’autant plus sensible pour la CPU que le tribunal administratif de Bordeaux a estimé que la sélection entre M1 et M2 était illégale.

Mi-juin, l’ex-ministre Benoît Hamon avait déclaré vouloir avancer la sélection à l’entrée en master 1, avant de rétropédaler. Fin août, à l’université d’été de la CPU, quelques heures après la formation du gouvernement Valls II, Geneviève Fioraso avait donné son feu vert à la création d’un groupe de travail sur le sujet. « Sur les masters, je suis d’accord, on y va, on discute », glissait-elle à Jean-Loup Salzmann. «  L’Unef est d’accord », assurait alors le président de la CPU à Geneviève Fioraso. Aux « Echos », la secrétaire d’Etat parlait alors de la possibilité d’avoir « des prérequis » à l’entrée en master. « On veut aborder le sujet, mais sûrement pas » laisser la sélection entre le M1 et le M2. « On va d’abord mettre les choses sur la table, tout le monde est d’accord pour un débat, semble-t-il, poursuivait-elle. Je ne dis pas qu’on va aboutir. Mais il faut ouvrir les dossiers qui posent problème. »

La CPU en première ligne

Lors de sa conférence de rentrée, hier, la ministre a précisé : « On peut commencer par les masters qui posent le plus de problèmes, comme ceux de droit et de psycho . Je l’ai dit au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche [devant les syndicats, NDLR] et n’ai pas eu de désaccord. On peut donc considérer que c’est presque un accord de l’ensemble des membres du Cneser. » Geneviève Fioraso préfère toutefois laisser la CPU en première ligne. Le ministère ne sera pas représenté dans le groupe de travail.

« On n’a eu aucune proposition du ministère ou de la CPU, réagit, agacé, le président de l’Unef, William Martinet. Si ce chantier est lancé, ce sera catastrophique car on refermera les portes des universités au lieu de démocratiser l’enseignement supérieur. La ministre n’a pas envie d’être en première ligne et laisse la CPU avancer. Ce n’est pas une bonne méthode pour faire de la concertation. » L’Unef craint une chute du nombre d’étudiants en master. « Les universités sont capables d’accepter une sélection en M1 tout en donnant des objectifs en termes de nombre de diplômés de master », rétorque Gilles Roussel, le président de la commission formation de la CPU. La Fage, autre organisation étudiante, plaide pour un système similaire à Admission post-bac qui s’appellerait Admission post-licence. Tous les étudiants feraient cinq demandes de masters et obtiendraient l’une d’elles, en fonction de leur dossier. « Avoir une sélection entre M1 et M2 est ridicule », plaide Julien Blanchet, le président de la Fage, en parlant de « gestion des flux » d’étudiants. A la Fage aussi, on évite le mot tabou de « sélection ».