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Lyon : troublante série de cancers dans un laboratoire de recherche - Romain Loury, Journal de l’environnement , 17 juillet 2014

samedi 19 juillet 2014, par Mariannick

Un laboratoire de recherche de l’Institut national des sciences appliquées (Insa) de Lyon a connu ces 11 dernières années 9 cas de cancers et de tumeurs chez de jeunes chercheurs. Leur cause demeure indéterminée.

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Regroupant environ 150 chercheurs, doctorants et post-doctorants, MATEIS, intégré à l’Insa de Lyon, est un laboratoire de recherche en sciences des matériaux, travaillant à l’élaboration et à la caractérisation de leur microstructure, notamment à l’échelle du nanomatériau. Parmi les applications, la santé, l’énergie, le transport et le bâtiment.

Or plusieurs cas de cancers et de tumeurs s’y sont produits ces dernières années : en 11 ans, 7 cas sont survenus chez des chercheurs âgés de 27 à 43 ans. Suite à l’apparition de 2 nouveaux cas portant le total à 9, son directeur a saisi la direction de l’Insa de Lyon et la délégation régionale du CNRS en juin, révèle un communiqué de l’Insa publié mercredi 16 juillet.

Si l’Insa s’est décidé à communiquer, c’est parce qu’un document interne à un autre laboratoire, l’Institut Lumière Matière (ILM, université Lyon 1/CNRS), a fuité sur internet. Dans ce courrier daté du 2 juillet, sa directrice, qui n’a pas souhaité répondre au JDLE, demande au personnel de l’ILM « de suspendre, dès à présent et jusqu’à nouvel ordre, les manipulations prévues au CLYM ».

Situé dans le même bâtiment que MATEIS, le CLYM (Centre lyonnais de microscopie), plateforme ultramoderne de microscopie électronique, fait en effet l’objet de rumeurs quant à son rôle dans ces cas de cancers. Et ce bien que « certaines de ces personnes [tombées malades, ndlr] n’aient jamais eu à utiliser ces équipements », relève l’Insa.

Le CLYM hors de cause

A l’origine des soupçons, le fait que la microscopie électronique peut générer des rayonnements ionisants (gamma, X). Pour l’Insa, le doute semble levé de ce côté-ci : selon les résultats rendus le 9 juillet par la société Algade, spécialiste de la radioprotection, « les microscopes électroniques hébergés au laboratoire MATEIS n’émettent pas de rayonnements ionisants pouvant les incriminer dans les cas de cancers détectés parmi les personnels ».

« Aujourd’hui, aucune origine professionnelle n’est avérée », indique l’Insa. « Aujourd’hui » certes, mais le doute est loin d’être levé quant à une fréquence aussi élevée de cancers chez de jeunes personnes travaillant dans un même bâtiment.

Ni la direction de MATEIS ni celle de l’ILM n’ont souhaité répondre aux questions du JDLE, renvoyant systématiquement au service de communication de l’Insa. En l’absence d’éléments nouveaux, l’Insa s’en tient à son communiqué. Impossible aussi d’en savoir plus aussi quant au type de cancers, couverts par le secret médical.

Interrogé sur le courrier interne de la directrice de l’ILM, l’Insa l’explique par « le principe de précaution » -les résultats d’Algade n’étaient pas encore connus-, estimant qu’il a été guidé par « beaucoup d’émotion ».