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C’est le printemps ... Dans la recherche biomédicale, la fraude refleurit...

Deux enquêtes de Michel de Pracontal - Mediapart -02 et 20 avril 2014

lundi 21 avril 2014, par Hélène

Une des enquêtes concerne la publication dans le New England Journal of Medecine (NEJM) par des chercheurs de l’Hôpital de la Pitié Salpétrière et rattachés à l’université Pierre et Marie Curie, d’un essai clinique. Lire l’enquête sur le site de Mediapart.

L’article du NEJM démontrait l’intérêt de l’interleukine-2 (IL-2), molécule utilisée pour soigner certains cancers, dans le traitement de patients infectés par le virus de l’hépatite C et souffrant d’une vascularite, maladie auto-immune induite par le virus. Selon les auteurs, le traitement se révélait d’une efficacité remarquable, puisqu’il entraînait « l’amélioration de l’état clinique de 8 des 10 patients ».

Ces résultats spectaculaires considérés comme « avancée prometteuse » et un « nouvel espoir » pour le traitement d’autres maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques ou le diabète, ont permis au Pr. Patrice Cacoub et David Klatzmann de participer au lancement d’une start-up dont ils sont actionnaires, Iltoo Pharma, destinée à développer les applications thérapeutiques de l’interleukine-2.

Pourtant, quelques temps après, plusieurs médecins-chercheurs ont contesté – en coulisse - la validité des données publiées et ont écris au New England Journal of Medecine : "Nous avons été alertés par des collègues s’occupant de la surveillance biologique des patients inclus dans l’étude et par des étudiants et des praticiens impliqués dans la surveillance clinique des patients. Ils nous ont indiqué que les données publiées ne correspondaient pas aux vraies données biologiques et cliniques. Nous avons passé en revue les dossiers cliniques des patients… et sommes parvenus à la conclusion que des discordances apparaissent pour tous les patients entre (ces dossiers) et les résultats biologiques et/ou cliniques.". Dans un autre courriel, ces correspondent anonymes expliquent :" La prise en compte des résultats cliniques réels mettrait en péril la conclusion entière de l’article car certains patients ont vu leur pathologie flamber tandis que pour la plupart d’entre eux, aucune amélioration n’a été réellement observée. Nous insistons sur le fait que la présence de purpura au début de l’essai, qui est le principal symptôme clinique censé disparaître sous IL-2, a été fabriquée chez la plupart des patients."

S’agit-il, comme David Klatzmann le laisse entendre, d’attaques dues à des rivalités au sein de l’hôpital et l’anonymat des contradicteurs en est-il une preuve ? Ceux-ci s’en expliquent « Bien que les médecins locaux soient conscients des problèmes soulevés par l’article, aucun d’entre eux, à cause de pressions locales et de la crainte de représailles, n’a pu vous envoyer ce mail, écrivent-ils. La raison pour laquelle nous conservons l’anonymat est aussi liée à une pression politique et à un risque élevé de poursuites judiciaires. »

La deuxième affaire concerne une équipe japonaise qui aurait découvert une nouvelle méthode pour obtenir des cellules pluripotentes (équivalentes à des cellules embryonnaires) -Lire l’enquête sur le site de Mediapart .
La découverte sensationnelle, qui rendait abordable la médecine dite génératrice, est en train de tourner au scandale national, compte tenu de l’enjeu scientifique et du prestige de l’institut Riken, l’organisme de recherche japonais où travaille Obokata.
Un rapport divulgué le 1er avril par une commission d’enquête de l’institut vient de conclure que la biologiste s’était rendue coupable de falsification et de fabrication de données.