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"La fronde des universités contre la politique d’austérité". Pascal Maillard, Blogs de Mediapart, 23 octobre 2013.

mercredi 23 octobre 2013, par Jara Cimrman

Ce texte peut être lu en intégralité ici.

L’ampleur de la crise financière dans les universités est en train d’éclater au grand jour. Des présidents se révoltent, des conseils d’administration adoptent des motions de protestation vigoureuses et les syndicats passent à l’offensive. Les parlementaires vont-ils enfin entendre la colère qui monte et pousser à l’adoption d’un budget de sortie de crise pour l’Enseignement supérieur et la Recherche ? Beaucoup dépendra des mobilisations dans les semaines à venir.

Prologue : la politique d’austérité fait le nid de l’extrême droite

Avant d’en arriver aux faits, tout d’abord ceci, en manière de critique politique. Nécessairement ferme, pour ne pas s’accoutumer à l’inadmissible.

Alors que les médias sont accaparés par l’interminable et lamentable séquence « roms/Vals/étripage-du-PS » qui met à nu les divisions du gouvernement et la honteuse « normalité » d’un président schizophrène dans le traitement de l’affaire « Leonarda », le tout concourant bien évidemment au renforcement inexorable du FN, alors donc que l’opinion publique est savamment divertie et manipulée par BFN-TV et autres chaines d’abrutissement national, des sujets d’une actualité brûlante sont relégués au second plan.

Ainsi, dans un contexte de diffamation, de manipulation, de menace de viol et d’appel à la violence de l’extrême droite contre des syndicalistes, une étudiante membre de l’UNEF se fait taillader le visage à l’arme blanche par un militant d’extrême droite, agression aussi grave dans les faits que celle de Clément Méric : c’est à peine si on en parle et les autorités de l’Etat font silence, Geneviève Fioraso et Manuel Valls compris (voir ici, et ). Il aura fallu attendre 6 jours et une nouvelle agression pour que les médias relaient enfin l’information (voir ici), au moment même où l’on découvre qu’une publication de l’extrême droite radicale, diffusée dans les universités, appelle directement au meurtre des gauchistes (voir ici) . Il est temps que la République se donne les moyens d’interdire cette propagation de l’idéologie du meurtre !

Ainsi encore, dans un contexte de crise financière historique des universités, savamment entretenue par le gouvernement et aggravée par la loi Fioraso sur l’Enseignement supérieur et la recherche, les médias passent sous silence aussi bien la terrible dégradation des conditions de travail et d’étude dans l’enseignement supérieur, que la sourde révolte qui gronde depuis plus d’un mois dans de nombreuses universités contre la politique d’austérité du pouvoir socialiste.

On objectera que la montée de l’extrême droite radicale et une crise financière structurelle sont sans rapport aucun. Il y a pourtant un point commun, et il est confondant : la même incurie et le même autisme du gouvernement face à l’extrême droite et devant la crise financière. Qui ne voit que l’austérité est devenue le poison politique qui nourrit la désespérance et les extrêmes ? Que l’université et la recherche françaises soient aujourd’hui les victimes de cette violence d’Etat, c’est ce qui est rigoureusement inadmissible, parmi toutes les choses inadmissibles que provoquent les choix politiques d’un gouvernement dit de gauche, en définitive plus réactionnaire et plus conservateur que la plus libérale des droites.

Mais allons plus loin et posons clairement les choses. Cette politique ne relève en rien d’une grande maladresse ou de multiples incompétences – même si elles existent -, nous n’avons pas affaire à un gouvernement perdu, à un président qui navigue à vue, entre néo-socio-libéralisme à la française et plate soumission aux dogmes européens. Il s’agit là d’une politique volontaire, sciemment pensée et méthodiquement mise en œuvre : imposer l’austérité comme arme de restructuration massive de l’université et de la recherche, favoriser la montée de l’extrême droite par une caution permanente apportée au Ministre de l’intérieur, pour affaiblir la droite parlementaire à des fins électoralistes, en espérant se retrouver le plus souvent possible dans une situation de duel avec le FN. Cynisme politique qui annonce les plus grands désastres !

Mais que le gouvernement prenne garde à ceci : quand il y aura eu des morts dans nos universités qui se « france-télécomisent » à la vitesse « grand V », quand on aura à déplorer des suicides de personnels désespérés parce que Fioraso-Ayrault-Hollande auront parachevé le grand œuvre d’assèchement et de déstructuration de l’Enseignement supérieur et de la recherche, quand un jeune militant se sera fait assassiner par un fou d’extrême droite parce que Valls n’aura pas pris les mesures nécessaires pour mettre hors d’état de nuire les fascistes qui y prospèrent impunément, l’Etat devra répondre de ses responsabilités. Les socialistes devront répondre de leurs terribles responsabilités. Et tous ceux qui auront cautionné, d’une façon ou d’une autre, cette politique du pire.

Face à cela, devant cet inadmissible, il n’y a que la lutte, pied à pied, des citoyens contre l’aveuglement du gouvernement, contre la veulerie et le cynisme de nos responsables politiques. Et dans les universités, la lutte de quelques présidents courageux, l’obstination des élus à dire la vérité sur des budgets de misère, le combat des syndicats pour défendre les personnels d’un Service publique d’Etat, méprisé et affaibli par l’Etat lui-même.

Avec Anne Fraïsse, la très courageuse présidente de Montpellier 3 qui a été la première à dénoncer le cynisme de l’Etat, il nous faut dire, répéter et tenir ceci : « Je me battrai jusqu’au bout ».

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