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Ce que la loi sur l’enseignement supérieur change pour les étudiants - Nathalie Brafman et Isabelle Rey-Lefebvre, le Monde, 20 mars 2013

dimanche 24 mars 2013, par Mademoiselle de Scudéry

… Le S.A.V. de la loi est déjà fonctionnel…

"La France n’est pas à la hauteur de la démocratisation de l’enseignement supérieur. Les deux enjeux auxquels nous répondons avec cette loi sont la réussite des étudiants et le rayonnement de notre recherche", estime Geneviève Fioraso, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Présenté en conseil des ministres, mercredi 20 mars, son projet de loi d’orientation développe ces objectifs. Les débats débuteront le 27 mai à l’Assemblée nationale pour une adoption en principe en juillet. De l’orientation à la pluridiciplinarité en passant par la simplification des diplômes, voici les principaux points du texte.

• Des quotas en STS et IUT pour les bacheliers professionnels et technologiques

Seuls 13,5 % des bacheliers technologiques obtiennent une licence alors qu’ils sont 55 % à décrocher un DUT en deux ans. Trop souvent, ces bacheliers atterrissent sur les bancs de l’université faute d’avoir obtenu une place en section de techniciens supérieurs (STS) qui délivrent des BTS ou en institut universitaire de technologie (IUT). Le Conseil d’Etat a recommandé que des quotas de places soient fixés par discipline et par académie dans les STS et les IUT. Ce sont les recteurs qui piloteront ces affectations.

• Une continuité du lycée à la licence

Cours en amphi, moindre encadrement, anonymat... Le décalage entre la terminale et la première année de licence est parfois brutal. La loi veut resserrer les liens entre lycées et universités en passant un cycle d’enseignement allant de bac moins trois à bac plus trois.

De bonnes intentions qui, aux yeux de certains, ne suffiront pas. "Il n’y a rien de concret, c’est un peu du vent !", critique ainsi Julien Blanchet, président de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE). De nombreuses universités ouvrent déjà leurs portes aux lycéens.

D’autres vont plus loin : "A Toulouse-III, par exemple, nous avons dégagé un poste pour embaucher un professeur agrégé de mathématiques qui accomplira son service en même temps à l’université et au lycée," indique Jean-Marc Broto, directeur de l’UFR de physique, chimie et automatique.

La mise en place d’un service public régional d’orientation devrait aussi faciliter les choses.

• Une simplification de l’offre

La loi va faire le ménage dans le maquis des 1 420 licences générales, 1 841 mentions de masters et 5 806 spécialités. Les intitulés, très pointus et trop souvent incompréhensibles, devront laisser place à une offre simplifiée.

Et surtout, les universités ne pourront plus créer à tout-va des diplômes puisqu’une nouvelle nomenclature nationale sera constituée. Seuls les diplômes y figurant pourront être délivrés par les universités accréditées.

• Une spécialisation progressive

Pour remédier à l’échec en première année (50 %) et en licence (seuls 38 % des étudiants obtiennent leur diplôme en trois ans), le projet de loi instaure une première année pluridisciplinaire et une spécialisation progressive. En clair, un étudiant qui s’inscrira en histoire pourra aussi faire de l’économie ou de la sociologie. De quoi faciliter son orientation future. Le contenu des licences sera rénové. De nouveaux programmes sont en cours d’élaboration pour une mise en place à la rentrée 2014.

• L’évaluation des enseignements et la formation pédagogique des professeurs

C’est une des vraies innovations de la réforme avec la création des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) par la loi de la refondation sur l’école. "La pédagogie, ça s’apprend", répète régulièrement Mme Fioraso. Pour être enseignant, il faudra donc avoir été formé. "C’est une nécessité, reconnaît Jean-Marc Broto. Mais tout dépend des formateurs : nous gardons un souvenir mitigé des anciens instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) et de leurs doctorants pas toujours très compétents", indique-t-il.

Quant à la notation des enseignements, pour l’instant apanage des grandes écoles, elle devra servir d’exemple aux universités. Celles-ci devront à leur tour mettre en place des systèmes d’évaluation de leurs enseignements. Si ces derniers sont favorables à l’évaluation selon une méthode concertée qui ne conduise pas à une publication, ils craignent que la prochaine étape soit la notation pure et simple des enseignants, à laquelle ils sont farouchement opposés.

• Des expérimentations en première année d’études de santé

La première année commune des études de santé (Paces) produit un échec massif. Seuls 25 % des étudiants sont admis à un concours (médecine, sage-femme, odontologie ou pharmacie). La loi autorisera des expérimentations permettant une admission différée en deuxième ou troisième année pour des étudiants qui auront suivi un premier cycle adapté...

Ces expérimentations seront inscrites dans le numerus clausus, donc limitées, ce qui relativise la portée de la mesure. "C’est un emplâtre sur jambe de bois, s’insurge Bernard Sèle, doyen honoraire de la faculté de médecine de Grenoble. Il faut rénover l’ensemble des trois premières années, en créant une licence santé, sans sélection ni numerus clausus."

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