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"Il faut faire de la politique avec les sciences", Entretien avec D. Pestre, S. Huet, Sciences2, Libération, 21 janvier 2013

mardi 22 janvier 2013

Il faut faire de la politique avec les sciences, affirme Dominique Pestre dans son dernier livre A contre-science. Il y développe une analyse de l’activité scientifique et des technologies qui débouche sur la question cruciale des choix démocratiques à opérer dans les possibles ouverts par les techniques.

Des possibles ambivalents, offrant des biens, des services et des emplois. Mais également des risques nouveaux liés au fonctionnement ou aux dysfonctionnements de ces objets techniques.

Ces risques, explique Pestre, sont appréciés, paradoxalement, au regard de la sécurité inédite permise par les technologies issues de la révolution industrielle et des percées scientifiques du XXème siècle. Voici une interview de Dominique Pestre, publiée vendredi dans les pages sciences de Libération.


Le savoir crée de l’ignorance parce qu’il identifie de nouvelles questions, notez-vous. Comment transmettre ce mouvement contradictoire – savoir et ignorance augmentant de pair - par l’éducation ou l’information ?

Dominique Pestre : Le point de départ de ma réflexion est que tout savoir suppose des simplifications, que tout savoir a donc des points aveugles. Partons de notre état anthropologique  : nous ne sommes pas des dieux, nous sommes au contraire des êtres limités, donc ce que nous savons est forcément partiel. Les sciences produisent des savoirs utiles et efficaces, mais toujours incomplets et en instance de rectification. Ces limites sont encore plus importantes lorsque l’on se confronte aux technologies puisque les questions croissent alors en complexité. Dans l’espace public ou les media, comme dans l’éducation, il n’est donc pas sage de sacraliser certains types de savoir (de rendre les sciences trop certaines si l’on veut) au détriment d’autres (les savoirs des associations de malades par exemple). Il est préférable d’éduquer à ce qui est, c’est-à-dire à la diversité des savoirs et des cadrages, de comprendre ce qui fonde et justifie cette diversité, et de confronter les résultats à partir d’une position modeste reconnaissant nos a priori et la part d’ignorance de nos jugements.

L’ignorance de ce qui est déjà connu par les scientifiques ne semble pas diminuer. Elle s’étend au milieu scientifique, en raison de sa spécialisation, et aux responsables politiques. Est-elle compatible avec l’idéal démocratique ?

Pour lire la suite du billet sur le blog de S. Huet